Le procureur général de l'Etat en Espagne Eduardo Torres-Dulce, soumis à de fortes pressions lors de l'organisation en Catalogne d'une consultation jugée anticonstitutionnelle par le gouvernement, a démissionné jeudi, un an avant la fin de son mandat.
Le plus haut représentant du ministère public en Espagne, indépendant de celui-ci mais nommé par le gouvernement jusqu'à la fin de la législature, a annoncé cette décision en invoquant des "raisons personnelles".
"Il a annoncé sa décision au ministre de la Justice. Il reprendra sa place au parquet du tribunal constutionnel", précise le parquet national. A la mi-journée, le ministre de la Justice Rafael Catala a loué ses qualités et confirmé qu'il acceptait ce départ.
Doté d'une personnalité originale - il est aussi critique de cinéma - ce pénaliste âgé de 64 ans, en poste depuis trois ans, avait une réputation d'indépendance, sans être un homme de gauche.
Après l'organisation le 9 novembre en Catalogne d'une consultation sur l'indépendance interdite par le Tribunal constitutionnel, il avait été pressé par certains responsables du Parti populaire au pouvoir (droite) de déclencher des poursuites pénales contre le président catalan Artur Mas, qui avait organisé ce vote.
M. Dulce avait alors déclaré publiquement qu'il prendrait le temps nécessaire à l'analyse du dossier et avait décidé de laisser, dans un premier temps, la main au parquet de Catalogne, compétent territorialement.
Fin novembre il a rappelé en des termes sévères, lors d'une audition devant le Congrès (chambre basse) qu'il jouissait d'un statut indépendant. "Je n'ai jamais toléré que le gouvernement me dise ce que je dois faire et je ne le tolère pas car c'est tout simplement un délit", a-t-il dit avant de rappeler qu'il avait lui même dirigé le parquet ayant enquêté sur l'affaire Barcenas, touchant le Parti populaire au pouvoir notamment.
L'affaire en Catalogne, particulièrement sensible en pleine crise entre Madrid et Barcelone, avait provoqué des divisions entre magistrats nationaux et régionaux. Mi-novembre, le parquet de Catalogne avait fait savoir qu'il n'y avait pas lieu, à ce stade, de déclencher des poursuites.
M. Torres-Dulce avait alors demandé l'avis du conseil de procureurs, qui s'est prononcé en faveur de poursuites. Celles-ci ont été ordonnées le 19 novembre.
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