Révélée au public sénégalais il y a de cela quelques années, Ndèye Fatou Tine plus connue sous le surnom de Titi a refait surface dans le paysage musical avec un nouvel opus. Une absence de près de trois ans qu’elle explique par le fait des recherches qui doivent toujours être le credo d’un artiste qui se respecte et veut produire un album riche de plusieurs sonorités et des textes « qui éveillent et éduquent ». Aussi, elle a accordé à votre magazine préféré une grande interview où elle revient sur plusieurs aspects relatifs à ses débuts dans la chanson, ses études, ses parents, et ses enfants. Une carrière teintée de problèmes et de succès, et Titi revient de long en large sur les facettes d’une carrière teintée de problèmes et de succès. Elle parle également de ses rapports avec sa maison de production « Jololi », ses relations avec les artistes et évoque la possibilité d’un prochain duo avec un artiste de renom…
La chanteuse qui a tant rendu hommage aux hommes à travers un célèbre tube a aussi abordé son jardin privé. En un mot les rumeurs qui font état de son divorce. A côté de la prostitution et du fameux « portes un jean taille basse et montre ton string », elle n’a pas oublié d’aborder un côté assez glamour, sa vie de femme.
Combien d’albums Titi a-t-elle mis sur le marché ?
J’en ai fait deux pour le moment.
Alors, en faisant un bilan à mi-parcours, Titi peut-elle affirmer sans se tromper qu’elle fait désormais partie des grandes voix de la musique sénégalaise ? En tenant bien sûr compte des taux de vente, des tournées, entre autres…
Ha ! Cela, je ne peux pas le dire comme ça, du tic au tac… Seules les personnes qui m’écoutent, achètent mes albums pourront dire si oui ou non Titi est une grande voix et une diva de la musique sénégalaise. Moi je ne fais que mettre sur le marché des albums pour mes fans, j’essaie de faire plaisir à tout le monde, quel que soit l’âge de la personne qui écoute. De toute façon, cela ne m’importe pas trop. L’essentiel, je pense, c’est de donner à ceux qui nous écoutent de bons produits après des mois de sacrifice dans le travail. Tout ce que je peux dire, en plus de ces remarques, c’est que je me bats en essayant à chaque fois d’apporter des touches nouvelles dans ma musique.
Dans un de vos morceaux (Ndrl : dernier album), vous dites dans un passage pour qu’une musique soit riche, il faut faire bien des recherches. Aujourd’hui on remarque pourtant que dans la musique sénégalaise, on chante du tout, allant du rideau à la bouteille, d’aucuns ont même chanté hamburger…
(Rigolades) . Aussi, l’on remarque que le « tassou » occupe de mieux en mieux l’espace musical local. Alors qu’est ce qui a poussé Titi a déclarer qu’il faut beaucoup de recherches dans la musique ?
La musique fait appel à nombre de facteurs. D’abord, elle demande beaucoup de patience, de la rigueur et surtout de recherches. Pourquoi ? Parce que si tu es pressé, tu n’auras jamais ce que tu souhaites avoir dans la musique. Il est impossible d’entrer aujourd’hui dans la musique et avoir tout ce que tu veux. Encore une fois, c’est tout simplement impossible. Quand j’évoque la patience, c’est parce que c’est un milieu où l’on rencontre d’énormes difficultés, car c’est très dur. Ce n’est pas toi qui va élever la musique, mais c’est bien elle qui t’élève ou te rabaisse. C’est pourquoi, il faut faire beaucoup de recherches et au prix d’un lourd sacrifice. Donc, avant de mettre quelque chose sur le marché, faut-il que cela soit riche avec des textes qui participent à éveiller et éduquer les populations. Le tout accompagné de belles sonorités. L’écouter sera alors un réel plaisir. Aussi, il n’est pas bon de se dire que chaque trois ou quatre mois l’on doit mettre un nouveau produit sur le marché. Pour moi, il faut savoir marquer une certaine distance tout en alliant patience, rigueur et recherches.
Combien de temps Titi est-elle restée sans sortir un produit sur le marché ?
Trois ans et demi voire quatre ans. Ma dernière production remonte à 2005. Mais, si j’ai attendu tout ce temps c’était dans le but de toujours bien faire. Si c’est le cas, c’est le produit qui s’imposera de lui-même sur le marché.
Titi, on le sait est sous contrat avec Jololi. Mais, d’aucuns disent qu’elle est restée tout ce temps sans sortir d’albums à cause d’un différend avec sa maison de production. Est-ce vrai ?
(Elle parait étonnée) . C’est la première fois que j’entends cela. (Avec insistance). Je n’ai aucun problème avec Jololi, je n’en jamais eu.
Quelles relations lient Titi aux chanteurs sénégalais en général et en particulier aux jeunes femmes comme elle ?
De très bonnes relations me lient à l’ensemble des chanteurs. C’est toujours la convivialité quand nous nous rencontrons. J’ai les coordonnées de certains et il nous arrive d’échanger par téléphone.
Pour sortir un peu du cadre de la musique, comment Titi se comporte-t-elle dans sa maison ? Quelle éducation prodigue-t-elle à ses enfants ?
Je suis mère de famille. J’ai des enfants que je dois éduquer en leur inculquant les valeurs que j’ai reçues de mes parents. Une bonne éducation sociale et religieuse, c’est ce que je connais et c’est la même chose que j’inculque à mes enfants. Je partage tout avec eux, mais en veillant surtout à leurs études car pour moi c’est très important.
Il se dit également que vous n’avez pas échappé à la vague de divorces constatés dans les milieux artistiques…
(Rires). Qui connaît Titi sait qu’elle ne mélange pas sa vie privée à sa vie d’artiste. Ceux qui parlent de cela n’en savent absolument rien. A l’image de nos parents, on ne mélange pas la vie privée à ses autres activités. Et, je dois dire que je n’apprécie pas le fait que certains artistes le fassent en étalant leur vie privée sur le marché. Si ça ne dépendait que de moi, chaque artiste ne parlerait que de ses activités professionnelles. Sa vie privée reste privée.
Titi dégage présente une beauté somme toute naturelle et ne pas passe inaperçue. Titi a-t-elle quelqu’un avec qui elle marche pour aller dans le sens d’une union qui aboutira au mariage ?
Ça ! Je ne le sais pas. Tout ce que je sais, c’est mon travail, ma musique et mes albums.
Est-ce que vous pensez faire un jour un duo avec Viviane ou Coumba Gawlo, Aby Ndour entre autres ?
Cela ne dépend que d’elles. Tout artiste qui me sent et fait appel à moi, je répondrais présent.
Pourquoi n’en prendriez-vous pas l’initiative ?
Je dois dire que tout dépend des projets à court terme. Ce n’était pas le cas avec mon dernier album car mon projet était de rendre hommage aux artistes. Une manière de montrer la fraternité qui existe entre nous, mais aussi démontrer que je peux reprendre à la perfection le tube de chaque artiste. Car, je les écoute tous autant qu’ils sont.
Parlons un peu de votre enfance. A quoi rêviez-vous lors de votre enfance ? Devenir chanteur, professeur ou médecin ?
Je peux dire que je suis née avec la chanson.
(A cet instant précis des fans arrivent devant la porte d’entrée de sa maison. Aussitôt, elle donne des instructions pour qu’on les laisse entrer. Elles ne sont pas encore entrées, nous poursuivons l’interview)
Si j’ai bonne mémoire, déjà en classe de sixième primaire, je chantonnais. Une raison pour que ma mère me mette toujours dans les colonies de vacances qu’organisait le Port Autonome de Dakar. Seulement, j’étais beaucoup plus visible dans tout ce qui touchait à la culture.
(Nous sommes interrompus à nouveau. Ce sont les fans qui font leur entrée dans le salon assez grand et bien décoré. Rien que des jeunes filles toutes âgées d’une vingtaine d’années. Le sourire en bandoulière, elles sont heureuses de donner des accolades à leur artiste préféré. Les salamalecs d’usage, ce sont des, « mon Dieu Titi ! ». Elle les reçoit avec gentillesse tout en leur demandant de prendre place. Ce qu’elles firent sans hésitation).
(Titi continue). J’ai toujours adoré chanter. C’est quand j’avais cinq ans ou six ans, nous étions aux Hlm 2 No 562 chez ma grand-mère. Après le déjeuner, mes oncles se regroupaient au salon pour écouter de la salsa. C’est dans ce décor que j’ai grandi et j’étais très nulle en classe. Mais quand le maître d’école disait : chanson, j’étais toujours la première personne à lever le doigt. Je participais à tout ce qui était d’ordre culturel.
Et les leçons ?
Je les transformais en chanson pour ce qui concernait les cours d’observation. Idem pour les tables de multiplication. Seuls l’histoire et la géographie me donnaient des maux de tête.
Vous passiez donc souvent sur la table des punitions ?
M. Léon m’a en mis. Ho que oui !
Comment vos parents appréciaient-ils votre penchant pour la chanson ?
Mes parents ne voulaient pas que je fasse de la musique. Tout sauf cela. Car, il fut des moments on assimilait le milieu de la musique à celui de la dépravation. Etant donné que mon père, en véritable talibé Cheikh était également imam, il ne le voulait absolument pas. Pour me permettre de sortir un peu, ma mère me confiait à un des frères qui était Dj. Et, dès qu’il faisait 18 heures, je courais pour retourner à la maison. C’était un moyen pour que l’on me redonne la permission pour pouvoir sortir le lendemain.
Des années après, j’ai commencé à travailler avec des artistes comme Demba Dia. C’était avant le décès de mon père. Souleymane Faye m’a aussi beaucoup aidé en ce sens que mon père lui disait toujours : « Je te confie ma fille ». J’en ai aussi profité pour faire la connaissance de nombre d’artistes, une chose qui m’a aussi beaucoup apporté pour ma carrière.Dans un aspect purement social, quel regard jetez-vous sur les enfants de la rue, principalement les talibés de bas âge ?
C’est très difficile. C’est vrai qu’à bas âge l’enfant doit aller étudier le coran. Mais, il serait bien meilleur s’il existait dans chaque quartier un grand « daraa » où les enfants du quartier pourraient étudier au même titre que mes propres enfants. Une telle initiative peut émaner du gouvernement pour une meilleure prise en charge des enfants de la rue communément appelés talibés. Ce qu’il faut aussi éviter, c’est confier à très bas âge son enfant à un étranger. On ne sait pas ce qu’il fait et comment il va. L’enfant, contre toute attente manquera surtout d’amour maternel. Ils ne sont forgés que pour tendre la main. Certains, c’est tard la nuit qu’on les voit sur les trottoirs avec leurs pots. Point de sécurité et c’est écœurant. Parfois, il m’arrive de préparer des repas pour eux et l’envoyer dans un daraa dans le plus grand anonymat.
Quels conseils donnez-vous à ces jeunes filles qui s’adonnent à la prostitution ?
Pour moi, tout repose sur l’éducation de base. D’ailleurs, c’est ce que je dis dans un des tubes de mon dernier album. Vous le savez, en ce moment au Sénégal on traverse une réelle crise, mais qui touche le monde entier. Il fut un temps au Sénégal, peut-être que j’étais pas née, mas il y avait une grande sécheresse qui n’a pas empêché nos parents de savoir garder la dignité. Alors, je dirais que tout le monde doit faire et agir de la sorte. Ayons un bon comportement social et surtout vestimentaire. Il faut savoir pardonner et créer l’harmonie autour de soi. Et qu’on en arrive au point où il n y aura plus de tricherie, tout se passera bien. C’est Dieu qui choisit ceux qui réussissent, mais il faut éviter de trop s’adonner à certaines pratiques comme le maraboutage. Tout dépend du bon Dieu. Il faut seulement s’entraider. Une autre chose, je trouve anormal que l’on porte des jeans taille basse au point de montrer la couleur de nos strings. Car, la fille n’a plus de valeur quand on sait ce qui est en elle. Je suis artiste et je sais que ce n’est pas le meilleur des milieux. Tu dois agir dans le sens de vendre ton album. Tu mets une robe et un haut genre dos nu. Des mini jupes ou encore de petits hauts hyper sexy. Seulement, étant d’un un pays avec des valeurs, on peut bel et bien s’habiller sexy, mais ne pas dévoiler tout notre corps. Moi Titi, je suis jeune et je m’habille sexy. Mais je mets une mini jupe, je l’accompagne toujours avec des bas. Aussi, mes hauts ne sont jamais si courts au point de mettre en évidence mon nombril. On ne peut pas éviter la mode, mais il faut savoir comment s’habiller. J’ai beaucoup mûri, mais il faut surtout écouter les conseils des parents. On ne répond pas à sa mère ans leu genre « laisses-moi faire mon temps, tu as déjà fait le tien ».
(A cet instant, les fans qui écoutaient, commencèrent à applaudir en soutenant « hé oui ! Tu as raison »).
Nous sommes des éducatrices, donc nous devons éviter certaines choses.
Par ces temps qui courent, quel est le secret de Titi ?
(Elle nous retourne la question). Par rapport à quoi ?
(Nous reformulons). Titi est tout simplement resplendissante…
(Rires à sanglots. Fans compris, pendant plusieurs secondes).
En tout cas, les gens disent que de gros messieurs courent derrière Titi.
(Là encore tout le monde rigole.Elle répond). Je suis talibé.
(Une fois encore, on nous interrompt. C’est Pape Ndiaye Thiou qui vient de faire son entrée au salon).
(Nous reprenons. Elle répond). Tout sauf cela, car j’ai un mari et des enfants à éduquer.
Toujours mariée ?
Oui.
Où est votre mari ?
Il n’est pas là. Il est en voyage.
Mais, pourquoi, avait-on annoncé le divorce de Titi ?
(Avec une forte exclamation). Je suis dans les liens du mariage !
Pourquoi Titi n’a-t-elle jamais apporté un démenti à ce propos ?
Tout à l’heure, je vous disais que je ne mélangeais jamais ma vie privée à celle d’artiste. Alors je préfère laisser les gens parler. Seulement, c’est pour éviter certaines choses que je vous le dis quand vous affirmez que certains messieurs me courent derrière. C’est tout ! Ce n’était que des rumeurs, mais je suis toujours mariée.
Il est dit des artistes femmes qu’elles ne font rien chez elles. Elles ne préparent pas, ne font jamais le ménage encore moins le linge ? Vrai ou faux ?
Tout dépend du travail. Parfois, c’est très difficile. Comment peux-tu après une soirée qui s’est terminée à six heures du matin, revenir chez toi pour préparer ? Ce n’est pas possible. Mais, par rapport aux jours de repos, on n’attend même qu’on nous le demande car sachant mieux le faire que quiconque.
A quel niveau se situe Titi ? Jeune femme ou petite disquette ? Fait-elle ce que font les diégues ou diongomas ?
Je suis une femme. Un point c’est tout. Etre une femme veut tout dire et englobe tout.
Au-delà, que conseillez-vous à celles qui frappent à la porte de la musique ?
Que celle qui veut entrer dans la musique n’hésite pas. Mais, il faut éviter d’être trop pressé compte tenu des nombreux sacrifices que cela demande.
L’on constate qu’il y a beaucoup de variétés dans votre dernier album où l’on perçoit plusieurs sonorités allant du jazz au reggae…
C’est tout simplement parce que je fais de la recherche, je ne cesse de tenter d’améliorer ma musique. Pourquoi, par moment, ne pas essayer de prendre des morceaux de Michaël Jackson ou Phil Collins et les chanter ? De là, tu pourras mesurer et apprécier ta voix.
Et pour la promotion du dernier album ?
On le démarre d’abord avec la presse de manière générale avant de sortir pour les boîtes et la tournée nationale.
Titi fait-elle de la politique ?
Non !
Elle n’est dans aucun parti ?
Non !
Face à face avec le Président de la République Me Abdoulaye Wade, que lui diriez-vous ?
Qu’il diminue le prix du riz et de l’huile. En gros toutes les denrées que nous consommons chaque jour dans nos maisons. Sans oublier le coût de la location qui est exorbitant.
On dit de Titi qu’elle a beaucoup d’argent…
Amine !
Elle en a beaucoup, peu, assez ?
(Rires). Amine ! Je me débrouille tout simplement.
Mais, Titi a quitté un quartier que l’on dit de nantis pour atterrir dans un autre qui semble plus cossu…
Mon Dieu ! (Rires à nouveau). Je n’ai fait que chercher un loyer jusqu’à trouver cette maison où j’habite.
Elle a au moins un petit terrain en construction ?
Offrez-m’en un et je m’y attelle tout de suite.
Au Sénégal, l’on voit assez souvent des artistes très fatigués qui peinent à joindre les deux bouts. Pensez-vous à créer un fond pour justement faire face à des cas sociaux. Si les hommes n y pensent pas, pourquoi pas vous les artistes femmes ?
Véritablement, ce serait une trop belle initiative. Nous en avons tous besoin. Alors je n’hésiterais pas à y participer.
Quel appel lancez-vous aux Sénégalais de manière générale ?
Rendons grâce à Dieu tout en lui demandant de ne jamais laisser tomber le Sénégal afin qu’il reste un pays où il fait bon vivre. Aussi, évitons les tricheries et partageons le peu que nous avons. Que les millions de francs d’autrui ne te dérange pas. Si tu as juste la chance de n’avoir que quelques billets, saches que c’est du domaine de Dieu. Car, ainsi va la vie.
0 Commentaires
Participer à la Discussion