On sort de ce concert de samedi à Sorano les oreilles bourdonnant, encore enveloppées par un halo sonore. De ce savoureux boucan causé par les 50 ans de scène de Doudou Ndiaye Rose, on retiendra peut-être les passages furtifs du ‘Général ambianceur’, Fallou Dieng, d’Oumar Pène et Coumba Gawlo Seck. Mais surtout la magnifique chorale de feu Julien Jouga, dont les cordes sont visiblement bien entretenues. Il n’y a presque plus rien à dire sur le Tambour-major sénégalais. A part qu’il est resté égal à lui-même, envoûtant et virevoltant entre une armée de percussionnistes composée de ‘fils et de gendres’. Avec 77 berges bien encaissées, la ‘Rose’ n’est pas près de pâlir ; les lampions de Sorano donnant d’ailleurs à sa tenue satinée un éclat de jouvence. Il manie son bâton avec la même dextérité qu’un jeunot de 20 ans, faisant, à tous les coups, gémir le cuir tondu et tendu de son tam-tam. Son apparition tardive sur scène, sur les coups de 2 heures du mat, l’a poussé à écourter sa prestation. Au profit d’un ‘bœuf’ avec les invités de cette soirée d’hommage : les Tambours du Rwanda et du Japon. C’étaient eux la véritable attraction d’ailleurs. Dans un jeu pudique et concentré, traversé par de purs moments d’extase, les trois batteurs nippons, emmenés par Shuichi Hidano, ont montré d’autres facettes du rythme, venues tout droit du Pays du Soleil Levant. C’est avec deux solides baguettes, qu’ils massacrent de gros instruments cylindriques munis de peau de vache. Délurés et festifs, les Tambours du Rwanda, c’est neuf bonnes dames survitaminées, à l’allure gracieuse. Elles tapent avec une joyeuse énergie sur des tam-tams taillés dans du sapin. Armées, comme les Asiatiques, de deux gourdins.
Pour donner un point final à la soirée de gala, c’est tout le contingent de batteurs professionnels (Doudou Ndiaye Rose et ses invités) qui s’est retrouvé sur les planches de Sorano pour une sacrée session de tapage nocturne…Sans risque de plainte.
La célébration des 50 ans de présence sur scène du Tambour-major sénégalais se poursuit le 30 avril à l’Institut français de Dakar et le 1er mai à Sorano encore.
A. R.M
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