La place de la femme dans l’Islam soulève souvent des positions divergentes. La jeune réalisatrice sénégalaise Angèle Diabang Brener a osé poser le débat à travers son film documentaire « Sénégalaises et Islam ». Avec l’appui de l’institut Goethe Institut Dakar, cette artiste d’obédience chrétienne a interrogé six jeunes musulmanes présentant des perceptions différentes sur la religion.
« Sénégalaises et Islam ». C’est le titre du film-documentaire réalisé par Angèle Diabang Brener. Le théâtre national Daniel Sorano a eu le privilège d’être la première place au Sénégal à réceptionner la projection de ce court-métrage qui a été à l’affiche, ce dimanche 15 avril. Le public venu nombreux a découvert six facettes dont la Sénégalaise perçoit l’islam. L’œuvre est d’une chrétienne qui s’est intéressée d’un coin du voile de la religion musulmane.
Laïcité, influence du pouvoir religieux sur le comportement que la femme doit avoir vis-à-vis des recommandations de l’islam, l’extrémisme, le voile, la géopolitique, le djihad, le terrorisme, la tolérance, la charia…Ce sont entre autres questions que Khady, Thiané, Mame Marème Kara, Khady Sylla, Marie Ka et Maïmouna ont développé dans leurs témoignages. Des interviews ponctuées par des chansons religieuses ou images de lieux de cultes comme Yoff, fief de la confrérie Layène ou la Grande mosquée de Dakar.
Six modèles de femmes qui ont fait un large tour d’horizon sur la question. Des avis partagés reflétant des différents modèles de perception de l’Islam. Ces jeunes femmes musulmanes qui, rien qu’à travers leur tenue vestimentaire, ont exprimé leur façon de vivre leur religion. Des discours parfois relaxes, parfois radicales et par moments indécis prononcés qui par la voilée, l’intellectuelle, la ménagère, la « talibé » ou disciple de marabout, la « branchée » ou celle qui semble s’être familiarisée à la culture européenne, la sénégalaise lambda...
Malgré la différence de leur position sur la question, le dénominateur commun qui a le plus captivé l’attention de la majorité du public très diversifié a été la détermination et la conviction affichée par six jeunes musulmanes. Ce qui expose en partie le but recherché qui, à en croire, la productrice, « consistait à donner la parole aux jeunes musulmanes qui jusque-là monopolisée par l’islamologue, l’universitaires, le sociologue… » La qualité de l’élément et la pertinence des sujets évoqués ont suscité autant d’intérêts dans le public qui, en plus des félicitations et encouragements, a ouvert quelques brèches qui renvoient à des perspectives de recherche.
Les discussions se sont même poursuivies dans la rue pour montrer à quel niveau les débats étaient passionnées. Baba Diop, journaliste et présentateur du jour, a qualifié cette œuvre réalisée par une chrétienne comme d’exemple qui matérialise le niveau très élevé atteint par le dialogue islamo-chretien au Sénégal. Cela a permis à Mme Jacob Sow, directrice de l’Institut Goethe Dakar, par ailleurs co-productrice de l’œuvre, de préciser que « ce film documentaire a été réalisé dans le cadre d’un programme pour le dialogue interreligieux initié par le ministère fédéral allemand des affaires étrangères ».
Pour le directeur de la cinématographie, M. Mangane, « l’œuvre montre la détermination de l’initiatrice qui est à son deuxième film ». L’Abbé Alin Maurice, Curé à la Paroisse des Anges, pour sa part, a postulé que : « ce film est un outil qui ne doit pas être rangé dans les tiroirs ». A son avis, « il doit aider à amener les jeunes à s’asseoir autour d’une table pour développer davantage le sujet soulevé ». Le représentant des imams du Sénégal, Mouhamdou Diop, imam à Mbour pense que « c’est un film important qui aidera dans l’enseignement de l’Islam ».
Rappelons que cette co-production de Goethe-Institut Dakar et Karoninka Production a été présentée pour la première fois au Basel_Karlsruhe Forum 2007 en Suisse et a été projetée sur le continent africain dans le cadre du off du FESPACO au Burkina Faso. Le film-documentaire qui a récemment été diffusé sur les ondes de Réseau France Outre-Mer (RFO), a été sélectionné pour un festival de courts-métrages en Mozambique en septembre prochain. Comme note de consolation, la productrice a conclu le film par une musique de Julien Jouga interprétant des enseignements de la religion musulmane.
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