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Ndèye Mbaye Djinma Djinma : « J’ai terminé deux hymnes sur la Renaissance africaine»

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Ndèye Mbaye Djinma Djinma : « J’ai terminé deux hymnes sur la Renaissance africaine»

La diva Ndèye Mbaye « Djinma Djinma » qui projette de sortir deux albums portant sur la thématique de la Renaissance africaine, est pourtant en mal de promoteur pour l’aider à mettre sur le marché le contenu de sa production. N’empêche, elle a tenu à remercier le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, qui, à travers son ministre de la Culture, le Dr Modou Bousso Lèye, est en passe de promouvoir l’art sous toutes ses formes. Avec l’érection d’infrastructures de qualité, dont le Grand Théâtre national.

Le Messager : pouvez-vous vous présenter ?


Ndèye Mbaye « Djinma Djinma » : Il est difficile de parler de soi. Mais je peux sommairement dire que j’ai contemplé pour la première fois l’aube des temps à la Médina, chez ma grand-mère Ndella Mbaye qui habitait précisément à la Rue 1 Angle Blaise Diagne. Seulement, c’est à Niarry Tally que j’ai grandi dans une atmosphère d’effervescence culturelle intense. J’ai aussi séjourné à HLM Fass. Après le Certificat d’études primaires, j’ai fait une formation en dactylographie de 1963 à 1965. Mon diplôme obtenu, j’ai travaillé pendant un an dans un établissement appartenant à un Blanc, sur recommandation de mon père. Pendant tout ce temps, je ne me suis cependant pas détachée de mes penchants artistiques. C’est ainsi que je participais aux concours de danse qui étaient fréquemment organisés à Niarry Tally. Une audition fut organisée. A la suite de laquelle un oncle, du nom de Cheikh Mbaye, m’a repéré et inscrit au Ballet du Théâtre national Daniel Sorano, comme danseuse. On était en 1967. Dans le Ballet, Abdou Mama Diouf et Doudou Mbaye m’ont accueilli les bras ouverts, ils n’ont ménagé aucun effort pour m’initier aux plus fines techniques du métier. Ayant fait mes preuves dans cet art, j’ai été reconvertie chanteuse, en rejoignant l’Ensemble lyrique traditionnel de Sorano, où j’ai trouvé feu Ndiaga Mbaye et Abdoulaye Mboup. A l’époque, il n’y avait que Khar Mbaye Madiaga parmi les actuelles divas de la musique traditionnelle sénégalaise. Pour l’histoire, ma mère qui voulait que je fasse une carrière bien remplie dans l’Administration comme secrétaire de direction, a fini par souscrire à ma vocation artistique, en me confiant à Khar Mbaye Madiaga. Elle m’a aidé à surmonter beaucoup de difficultés, en compagnie de Ndiaga Mbaye et d’Abdoulaye Mboup. Samba Diabaré Samb, également, a beaucoup travaillé à ma réussite. Mais retenez que je suis l’actuelle doyenne des femmes qui chantent dans l’Ensemble lyrique traditionnel. Dont j’ai été la directrice, de 1997 à 2000. J’ai renoncé à ces charges administratives à cause de mes multiples tournées à l’étranger. A mon départ, Ouza Diallo m’a remplacé à ce poste.

Je ne vous ai pas encore dit que je fais partie des premières personnes à habiter ce quartier (Sacré-Cœur III). Quand j’habitais ici, il n’y avait pas encore de nombreuses concessions comme c’est le cas maintenant. J’entretiens les meilleures relations avec mes voisins, qui m’invitent à toutes leurs cérémonies familiales.

Pourquoi le surnom « Djinma Djinma » ?

Djinma Djinma ! C’est en référence à une chanson qui appartient à notre patrimoine culturel, en hommage à Tchendella Fall, que j’ai modernisée en 1969. Elle était déclamée pour réveiller le roi quand il dormait. Mon grand père Demba Mbaye était le griot attitré de Tchendella Fall. « Djin » : c’est chanter les louanges de quelqu’un en remontant sa généalogie. Il y a eu aussi « Liti litti » : ode à l’amour sortie en 1992. Dans la foulée, en 1993, j’ai composé « Nangoulén seuy » : pour encourager les jeunes à se marier au lieu de verser dans des choses qui peuvent nuire à leur honorabilité et à leur réputation. Sont aussi déclinées dans ce tube les valeurs cardinales de notre tradition, qui constituent le socle d’un foyer solide. D’autres casettes de mon répertoire : « Damel Fall » (pour relater aux plus jeunes les hauts faits d’armes des héros qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire glorieuse de ce pays) et « Fonkal ligguey ».

Justement «Fonkal ligguey» est sorti juste après l’Alternance. C’est le Président Wade qui vous l’a inspiré ?

Il faut préciser d’abord que je travaillais déjà sur le thème, vingt ans avant l’Alternance qui est survenue en 2 000. Toutefois, je n’ai pas été insensible quand j’ai entendu le président de la République prononcer ces mots : « travailler, encore travailler, toujours travailler ». Vous vous rappelez que dans la chanson, je cite à la fois les cultivateurs, les commerçants, les tailleurs, pour les exhorter au travail. Me Wade a donné corps à ma vision du Sénégal, qui ne peut se construire qu’avec l’engagement de ses propres fils. Il est évident que beaucoup de réalisations ont changé le visage du Sénégal depuis l’an 2 000. Si vous faites une comparaison, vous admettrez que la capitale s’est transformée profondément, avec toutes ces nouvelles infrastructures routières. Ce qu’il y a, c’est qu’une crise économique mondiale induit une cherté des prix des denrées de première nécessité. J’ai beaucoup voyagé et constaté que la vie est partout dure. Je prie Dieu de prêter longue vie au président de la République, pour qu’il puisse terminer les nombreux chantiers en cours de réalisation. Les gens de son entourage doivent aussi tout mettre en œuvre pour traduire fidèlement sa volonté en actes. En se rapprochant le plus possible des Sénégalais, puisque le Président ne peut pas être partout. A ce propos, permettez-moi de remercier Ndèye Khady Guèye, directrice du Fonds de promotion de l’emploi ( Fpe). Elle aide beaucoup les femmes à obtenir des prêts. Je suis bien placée pour connaître la générosité du chef de l’Etat. Quand j’ai été malade, il a pris en charge tous les frais liés au traitement. Il n’est pas dans mes habitudes de quémander, mais lorsque quelqu’un vous aide à recouvrer votre santé, ne pas le remercier relève de la haute trahison. C’est pourquoi je sollicite encore Me Wade pour m’aider à exploiter mon expérience professionnelle, en me confiant des responsabilités dans le secteur de la culture. Un artiste n’est jamais à la retraite. Je ne suis pas prétentieuse, ma carrière le justifie. J’ai fait quarante ans à Sorano, j’ai un diplôme de dactylographe, j’ai beaucoup voyagé et je suis encore jeune pour servir mon pays. Personne n’est mieux placé que moi pour connaître les maux de la culture.

Exercez-vous d’autres activités en dehors de la musique ?

A mes heures perdues, Je fais du commerce et suis propriétaire d’une cantine. Il y a une gamme de produits que j’importe de l’étranger, pour la revendre au Sénégal. J’évolue surtout dans l’humanitaire. Précisément, dans le cadre de la lute contre la mendicité, à travers l’Association des femmes artistes pour la protection des enfants (AFAP) dont ma maison abrite le siège depuis 2008. Vous savez, la solidité d’un homme dépend de l’éducation de base qu’il a reçue. Avec la Case des tout-petits, les autorités de ce pays ont lancé un signal fort, allant dans le sens de pourvoir à l’encadrement institutionnalisé des jeunes dès le bas-âge. C’est pour répondre à cette nécessité qu’un groupe d’artistes a monté cette association, dont la lutte contre la mendicité est une préoccupation majeure. Seulement, je supporte moi-même toutes les charges liées au paiement des factures d’eau et d’électricité. J’ai écrit à beaucoup de ministres, en vain, pour qu’ils m’aident à m’acquitter des frais de gestion de cette association dont la marche engage toute la communauté. Certes, je suis griotte, mais je ne peux pas quémander de gauche à droite. Il y a dans cette structure, qui est implantée dans toutes les régions du Sénégal, des handicapés, des talibés, des déshérités, bref des enfants laissés à eux-mêmes. Nous nous occupons aussi de la réfection des toilettes des lieux de culte, des daaras et des établissements scolaires. Il faut que les autorités me soutiennent pour redynamiser cette maison de charité, qui risque de tomber en déliquescence, faute de moyens. Depuis quelques années, je reverse dans le compte de l’AFAP tous les fonds générés par les différentes soirées que j’organise. Je tiens à cette structure comme à la prunelle de mes yeux. Je demande au ministre de la Femme de me recevoir, pour que je puisse lui exposer de vive voix toutes les difficultés auxquelles je suis confrontée. Au passage, je remercie Plan Sénégal qui avait mis à notre disposition des ordinateurs et des équipements adéquats.

Qu’est-ce vous préparez pour vos fans ? Cela fait un peu longtemps que vous n’avez pas sorti un nouveau produit sur le marché.

J’ai terminé les maquettes d’un hymne dédié au Monument de la Renaissance africaine et d’un autre sur le Fesman. Faute de moyens, les cassettes ne sont pas encore disponibles. La thématique de la Renaissance africaine est au cœur de mes projets artistiques. Tout cela me rappelle la première édition de ce festival, qui a eu lieu chez nous pour la première fois, en 1966.Il faut qu’on réussisse l’organisation du Fesman. J’ai participé aux précédents festivals mondiaux des arts nègres, notamment en 1977 au Nigéria. Par delà l’aspect festif, cet évènement planétaire est important, pour l’éveil de la conscience des jeunes générations africaines qui ignorent encore les pages sombres de la colonisation et de l’esclavage, qui méconnaissent beaucoup de valeurs civilisation elles du monde noir. Ceux qui critiquent le Fesman ne savent pas que la problématique de l’unité africaine a toujours été au cœur du dispositif théorique d’Abdoulaye Wade, qui a écrit ‘’Un Destin Pour l’Afrique’’ il y a longtemps de cela. C’est pourquoi j’interpelle le ministre de la Culture, le Dr Modou Bousso Lèye, pour que ses services m’apportent un soutien considérable. Le Dr Lèye est un homme sincère qui a beaucoup fait pour les artistes, alors qu’il n’est pas là depuis longtemps. Il me rappelle l’ancien ministre de la Culture, Alioune Sène. Certes, il n’a encore rien fait pour moi, malgré les multiples demandes que je lui ai adressées, mais j’avoue qu’il n’y a aucun musicien qui ne soit content de Bousso Lèye.

Si vous aviez à juger Senghor, Wade et Abdou Diouf. Lequel des trois présidents à le plus fait pour la culture ?

Tous les trois présidents que nous avons connus ont travaillé à la promotion de la culture sénégalaise. Feu Léopold Sédar Senghor voyageait avec les artistes, Abdou Diouf aussi a beaucoup fait pour nous. Je ne serais pas ingrate jusqu’à sous-estimer l’œuvre accomplie par les deux présidents socialistes précités. Ils ont toujours inscrit la culture au cœur de leur agenda. N’oubliez pas que nous devons l’organisation du premier Festival mondial des arts nègres en 1966 au Président Senghor. En bon poète, ce dernier a beaucoup contribué à la promotion de notre musique traditionnelle. Il faisait même réciter certains de ces poèmes sur fond de xalam. Mais l’apport du régime de l’Alternance est beaucoup plus important. Sous Wade des lois visant le renforcement du dispositif de protection des œuvres d’art ont été votées à l’Assemblée nationale pour lutter contre le piratage des œuvres d’art, en général. La plupart des services du Ministère de la Culture ( Fesnac, Douta Seck, Centre culturel Blaise Senghor…) ont été modernisés. Il y a aussi le projet de construction du nouveau Grand théâtre national sur le site de l’ancienne gare. Avec le ministre Bousso Lèye d’importants changements ont été opérés à Sorano. Il y a aussi les centres culturels régionaux qui boostent la création dans le Sénégal des profondeurs. Pour le fonctionnement de tous ces services de nombreux jeunes animateurs culturels ont été recrutés. Le directeur de la culture Racine Senghor a aussi beaucoup de mérite, il parcoure les coins les plus reculés du Sénégal à répondre aux invitations des artistes qui le sollicitent. Il y’a aussi l’Arcos, dirigée par Ndiaye Doss, pour redonner au théâtre son lustre d’antan. Je ne peux pas ne pas parler de l’ex-maire de la Ville de Dakar, Pape Diop. Cependant, il y a des personnes de son entourage qui font ombrage aux artistes voulant le rencontrer pour lui exposer leurs projets.



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