Le « bleu » de l’Académie française, qui y a fait une bien remarquable entrée sous la Coupole, le 12 novembre dernier, regarde le Sénégal avec les yeux perçants d’un voyageur nourri par de nombreuses expériences. Dans cet entretien qu’il a accordé à la fois à L’Observateur et au journal Kotch, Jean-Christophe Rufin évoque son expérience sénégalaise, en tant qu’ambassadeur de France à Dakar. Esquivant la politique, pour des raisons liées à son statut de diplomate, il ne se gêne cependant pas de parler de Culture. Rufin estime que le Sénégal – comme la France – n’est pas un pays en décadence. Relevant une tendance bien de chez nous à l’autoflagellation, il pense que «le peuple sénégalais est beau». Rufin cite des noms, évoque des situations et analyse l’évolution de notre société qu’il qualifie de «complexe». Il mène, par ailleurs, une réflexion sur les nouvelles utopies du monde, comme l’Ecologie qui, de son point de vue, est en train de bousculer l’Humanitaire. Entretien…
On imagine que votre réception à l’Académie française a été, à ce jour, le plus grand moment de votre vie…
Ça a été très émouvant, mais ce sont des moments qu'on attend. On sait ce qui va se passer, comment cela va se passer, on se dit que ce n'est pas une surprise. Pourtant, c'est une très grande surprise. Tout est surprenant : l'arrivée avec les tambours, quand on descend cet escalier dans cette coupole, une ancienne église, une acoustique très particulière…C'est très impressionnant. On prend sa place, et tout de suite, on vous donne la parole devant 400 personnes qu’il faut capter, captiver. C’est un moment extrêmement intense. J'ai rarement vécu des choses aussi fortes dans ma vie.
A cette cérémonie, on vous a entendu citer deux sénégalais, Léopold Sédar Senghor et Ousmane Sow, le sculpteur, pour magnifier leur talent. Pourquoi juste, ces deux-là ?
C'est vrai. Mais ce n'est pas au même titre que j'ai parlé des deux. J'ai parlé de Senghor parce qu'il a été dans cette Académie, et il y avait dans la salle un de ses neveux, Hamidou Sall. Le Président Giscard d'Estaing, qui était à côté de moi, a fait l'éloge de Senghor. C'est lui qui lui a succédé. Senghor est le premier Africain à être élu dans cette Académie. Au-delà de son oeuvre, il y a une présence de Senghor qui est manifeste. Ousmane Sow, c'est différent. Il avait fait, il y a dix ans de cela, une exposition sur le Pont des Arts, plus exactement devant l'Académie française. Une exposition qui avait énormément marqué, avec ses sculptures monumentales restées pendant plusieurs semaines, qui a reçu des centaines de milliers de visiteurs. Il était présent le jour de mon discours, il m'avait fait l'honneur et l'amitié de venir. Et donc, je lui ai rendu hommage, parce que c'est lui qui a sculpté mon épée. Je trouvais qu'il y avait là, entre les Sénégalais du passé et du présent, une forme de continuité que j'avais envie d'évoquer. Voilà …
Dans une contribution à Walf, le poète Amadou Lamine Sall vous dépeint comme quelqu'un de très libre, qui a une hantise de l'enfermement. On a le sentiment que vous êtes comme un pigeon en cage…même à Dakar, dans votre résidence, face à l’océan ?
(Rires). Sauf que le pigeon en question sait qu'il y a des fusées tout autour. Non, j'ai appris, un peu à mes dépens, que lorsqu'on occupe une fonction comme la mienne, chaque mot pouvait être mal interprété. Ce qui fait que je me mets des limites et que j'évite de prendre position. Mais en même temps, ce qui est curieux, c'est que cette absence de communication va avec le sentiment d'être compris. J'ai l'impression que les Sénégalais ont compris qui j'étais. Ce qui est formidable puisque je n'ai même pas besoin de communiquer pour ça.
Dites-nous quand même ce que vous avez appris de votre passage à Dakar ?
Vous connaissez cette célèbre formule de Churchill qui disait que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont deux pays séparés par la même langue. Je dirai la même chose du Sénégal et de la France. Ce sont deux pays qui, en apparence, sont proches notamment à cause de l'appartenance à une même langue, mais ce que j'ai appris c'est que derrière ça, il y avait des différences profondes. Le Sénégal est un pays extrêmement complexe...
Complexe et conservateur, non ?
Conservateur, je ne sais pas. Mais, je sais aujourd’hui que c’est un pays dont l'approche n'était pas simple et qu'il fallait se garder des a priori. Je connaissais une Afrique un peu différente. L'Afrique de l'Est ou australe n'ont pas un siècle de cohabitation avec la France. Et j'ai noté ce que ça pouvait entraîner ici à la fois comme obstacle à la compréhension, mais aussi créer un lien. Par exemple, mon élection à l'Académie française, n'aurait pas suscité un engouement aussi important, dans un pays qui n'a pas de liens aussi profonds avec la France. Ici, j'apprends beaucoup de choses. Les confréries sont un sujet qui me passionne. C'est une des spécificités sénégalaises. Il y a une grande subtilité dans leur fonctionnement. Ce qui est intéressant au Sénégal, c'est ce qui est caché, ce qui n'est pas évident. Quand on arrive, c'est la mer, le soleil, les palmiers, mais il faut aussi aller à l'envers du décor. Là, c’est intéressant…
L’envers du décor, c’est aussi les Sénégalaises, non ?
Eh bien, j'ai pas mes yeux dans mes poches. J'ai d'ailleurs suivi avec attention l'élection de Miss Sénégal. Ça va au-delà d'ailleurs de la beauté des femmes Sénégalaises, c'est le peuple Sénégalais dans son ensemble qui est beau. Il y a des pays où l'on dit que les femmes sont belles, mais il y a une élégance très particulière aux Sénégalais. Que ce soit en boubou ou en mode occidentale, y a vraiment un sens de la couleur chez les Sénégalais. Plus globalement, je trouve que le Sénégal a une richesse humaine qui est bien plus évidente que des pays beaucoup plus beaux au niveau des paysages. Le Sénégal est beau, mais ce n'est pas cela qui compte, c'est la richesse humaine de ses habitants.
Le Sénégal, un beau pays, mais il semble que vous soyez encore sur un siège éjectable ?
Je pense d'abord que tous les ambassadeurs sont sur des sièges éjectables, parce que, par définition, nos fonctions peuvent être interrompues par le président de la République tous les mercredis. Donc tous les mercredis, il suffit que le président de la République dise, je nomme au Sénégal Dupont, pour que moi, je m'en aille. D'autre part, c'est vrai que le Sénégal est un pays où il y a déjà eu, des passages très rapides d'ambassadeurs. Donc voilà, c'est un siège éjectable. Cependant, j'ajoute, je suis sur un siège éjectable, mais je ne suis pas éjecté. C’est-à-dire que depuis deux ans et demi que je suis là, on me demande quand partez-vous, mais je suis toujours là.
Vous n'avez pas l'impression que l'on vous pousse à partir ?
Je suis très serein. En ce qui concerne l'avenir, notre ministre des Affaires étrangères a un certain nombre de projets, pour lesquels je suis pressenti. On va peut-être me faire changer d'affectation bientôt. J'ai pensé que cette année, ce serait plus rapide. Mais tout cela est lié à des réformes à l'intérieur du Quai d'Orsay qui n'ont pas encore été menées. Donc les choses ne sont pas allées aussi vite que je le pensais initialement…Je ne connais qu'une décision, c'est celle du président de la République et du ministre des Affaires étrangères dont je dépends. Les autres, ce ne sont pas eux qui me nomment.
Quelle est votre appréciation de la vie culturelle sénégalaise ? Aujourd'hui, beaucoup d'intellectuels fustigent la vacuité dans la vie culturelle sénégalaise.
On entend ce débat partout. En France aussi, c'est pareil. Chaque génération considère que celle d'avant était meilleure : c'est le vieux thème du paradis perdu. Je pense que c'est très sévère, même s'il y a des domaines comme le cinéma, par exemple, où la disparition d'un Ousmane Sembène a laissé un énorme trou d'air. C'est une figure tellement emblématique que son décès crée un vide. Par contre, dans le domaine des Arts plastiques, la production sénégalaise est extrêmement riche. On peut citer Ousmane Sow pour la sculpture, Thierno Cissé pour la peinture, sans compter les grands aînés comme Iba Ndiaye. Quand on regarde de près ce qui se passe ici, on s'aperçoit que c'est très vivant en matière d'art graphique. La musique est très riche aussi. En littérature, le Sénégal a des créateurs de grand talent. Mais comme les Sénégalais s'expatrient beaucoup, il faut aussi prendre en compte la diaspora. Si vous comptez des cas comme Fatou Diome ou des jeunes comme Nafissatou Dia Diouf, vous avez une création très vivante. Moi, je ne crois pas au déclin.
Ce n'est pas le même rayonnement que dans les années d’avant et post indépendance. Aujourd'hui, on a le sentiment qu'il y a un ralentissement, j'en parle en comparant cela à ce que Jean d’Ormesson, qui a écrit ‘’Saveur du temps’’, décrit comme une situation bien française : la décadence de la culture. On a l'impression qu'on peut trouver des similitudes entre le Sénégal et la France, dans ce domaine-là...
Seul l'avenir nous dira ce que l'époque a produit. Pour le moment, c'est trop tôt, car on est dedans. Vous faites référence à la grande époque de Senghor, d’Alioune Diop. On a célébré Présence Africaine ces jours-ci. Je ne suis pas certain que sur le moment, les gens se sont rendu compte de l'importance de ce qu'ils faisaient. Senghor, c'est particulier, parce qu'il y a l'aspect politique et son oeuvre. Donc, il a marché sur ses deux pieds, l'un nourrit l'autre. Il était président de la République. Pour Présence Africaine, je suis persuadé que ça n'a pas été tout de suite vu comme quelque chose de remarquable. Il faut donner du temps et une époque, il faut la juger avec du recul. Cette époque-ci n'a rien de décadent. C'est une époque de mutation, de transformation. Il y a des gens qui sont en train de travailler et dont on n’a pas forcément vu tous les fruits. Les Sénégalais comme les Français aiment se flageller en disant : «Ce n'est plus comme avant.»
En tant qu’homme de culture, lorsque vous passez devant le monument de la Renaissance, qu’est ce que vous ressentez ?
Écoutez, c'est grand.
Il y a Ousmane Sow qui en a réclamé la paternité.
Ce projet était né d'une discussion entre Ousmane Sow et le Président Wade. C'est mon seul regret et sans porter de jugement, je pense que mon regret est que ce ne soit pas un sculpteur africain, notamment sénégalais, qui ait fait la sculpture. Pour le résultat, tous les goûts sont dans la nature.
Il me semble que votre expérience en Afrique ait commencé avec l'importation de voitures ?
Quand j'étais en Tunisie pendant mon service militaire, j'avais une 404. C'était en 1976. Je suis reparti et au lieu de remonter avec, avec des amis médecins, on a remonté le Sahara et on a vendu la voiture. C'était au Togo, donc je n'étais pas importateur de voitures. C'est peut-être un regret, mais je n'ai jamais été importateur de voitures. Je m'y mettrais un jour.
Vos relations avec Wade ?
Ecoutez, elles sont...
Droit au but, il semble qu'elles ne soient pas bonnes.
Ah non, ça c'est faux.
Et pourtant, c’est ce qu’avancent des sources bien informées.
Ecoutez, je ne pourrais pas continuer ici, si mes relations étaient mauvaises. C'est-à-dire que je vois le président très souvent. Ce qui compte, c'est de pouvoir échanger, de pouvoir dire ce qui compte, d'être écouté, d'écouter. J'ai du respect pour le président, c'est un homme d'expérience, je l'écoute, je le respecte. Il le sait. S'il y a des désaccords, ce n'est pas entre deux personnes, mais entre deux pays. Mon rôle, c'est de donner la position de la France, mais non ma position personnelle. Si je n'avais pas de bonnes relations avec le président, je ne pourrais pas travailler. Beaucoup de choses, ici, sont décidées au sommet et donc, il faut savoir travailler en confiance, mais cela ne veut pas dire qu'il y ait forcément accord sur tout. S’il y a entre deux des points de désaccord, j'en suis forcément l'expression. C'est mon rôle. Je suis fréquemment reçu en audience privée, c'est ça qui est important. Il faut maintenir le lien.
Et la situation politique globale, comment la trouvez-vous ?
Je suis pris, non pas par un devoir de réserve, mais par plus que ça. Compte tenu des liens que la France entretient avec ce pays, je me garde plus que tout autre, d'intervenir dans la situation politique intérieure, parce que quoi que je dise, ce sera interprété comme une ingérence. Je ne veux pas faire d'ingérence. Tout ce que je peux dire, c'est que la vie politique sénégalaise est riche. C’est-à-dire, que le Sénégal est dans une très longue tradition démocratique. Les Sénégalais savent faire usage de leur vote, usage des libertés qui leur sont données. Cela est important et il faut le préserver à tout prix.
Vous parlez de liberté, mais vous ne pensez pas qu’un groupe de presse comme le nôtre mérite quand même d’avoir une télévision ?
Que vous le méritiez, cela ne fait aucun doute. Les fréquences ici, c'est du domaine de la souveraineté nationale, je ne peux rien dire. Mais, j'ai beaucoup d'amitié pour Youssou Ndour, j'aime bien tout ce qu'il fait aussi bien dans le domaine artistique que dans le domaine des médias.
Quittons un tout petit peu le Sénégal. Cette année, Marie Ndiaye et Danny Lafferrière ont reçu respectivement les prix Goncourt et Renaudot. C’est une sorte de reconnaissance à la minorité invisible ?
Je ne crois pas. C'est surtout l'attitude des médias qui a changé au moment de l'attribution du prix à Marie Ndiaye. On en a beaucoup parlé parce que c'était une femme issue de l'immigration. Mais Marie Ndiaye, c'est un peu particulier parce que si elle est d'origine sénégalaise, elle revendique aussi beaucoup le fait de ne pas être enfermée dans cette identité. C'est d'ailleurs le vrai enjeu du débat. Je suis sensible à cette discussion parce que d'autres l'ont portée avant elle. Certains, comme Amin Maalouf, ont contesté la notion d'écrivain francophone en disant : «Pourquoi enfermer les gens dans un ghetto.» Un écrivain qui écrit en français est français tout court. Quand Kourouma a obtenu des prix, on ne l'a pas appelé écrivain francophone. Donc Marie Ndiaye est entre deux mondes. Les Sénégalais le reconnaissent comme quelqu'un qui vient de leur pays, alors qu'elle revendique la banalité, le droit à l'indifférence comme dirait Rama Yade. Pour elle, c'est vraiment la qualité de son ouvrage qui justifie le choix du jury du Goncourt.
Le sommet de la FAO a été boycotté par la quasi-totalité des pays. Jacques Diouf a dénoncé cela. Pionnier de l’organisation humanitaire «Médecins sans frontières» et surtout ancien directeur médical d’Action contre la faim (Acf) en Ethiopie, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je ne sais pas s'il a été boycotté totalement, mais…
Je précise la question, est-ce que vous n’avez pas l’impression que la famine dans le monde n'intéresse pas trop les grandes puissances…
J'avais essayé de réfléchir à cela dans un livre qui s'appelait Parfum d'Adam. Je crains qu'il y ait un écart, voire des contradictions entre l'attention portée à l'écologie et celle portée à l'humanité. Je compare, si vous voulez, la conférence de la FAO et celle de Copenhague. Vous avez une attention mondiale sur les problèmes d'environnement et un certain retrait par rapport aux questions humanitaires. Je pense que la planète est en train de prendre le pas sur l’humanité. Pourquoi ? Peut-être que le pas suivant sera de considérer que l'Humanité est l'ennemi de la planète. Lutter contre la faim dans le monde, c'est permettre à plus d'êtres humains de vivre. Et si vous considérez que les êtres humains sont à l'origine des problèmes qu'il y a dans le monde, eh bien, la conséquence, c'est de ne pas les multiplier à l'extrême. Et ça, c’est un problème.
Autrement dit, on est en plein dans le malthusianisme, avec une tentation pour la sélection qui peut mener loin ?
Absolument, je ne dis pas qu'on en est là, mais c'est frappant. On est en train de se pencher avec une attention plus soutenue sur les questions écologiques. Or, je suis persuadé que l'écologie sans l'humanisme, sans le respect de l'homme, peut conduire à des désastres, à des réactions malthusiennes dans lesquelles on s'en prendrait à l'homme. Certains écologistes radicaux s'en prennent à l'homme en disant que c'est lui l'ennemi de la planète. Ça fait partie des petits indices qui montrent qu'on va dans cette direction, si on n'y prend garde.
Pour rester sur le même tempo, le débat en France, c’est l'identité nationale. Que pense le citoyen du monde que vous êtes de toute cette agitation ?
Aujourd'hui, la question de la nation se pose parce que la mondialisation est en train de relativiser les frontières. Moi, je me pose la question, chaque fois que l'on délivre un visa, entre un Sénégalais qui vit en France, qui a la nationalité française et celui qui est ici. Pourquoi lui et pas l’autre ? Je veux dire qu'on applique des règles. Les règles sont les règles, mais quelques fois, il faut réfléchir sur les règles. Je veux dire qui est nous et qui ne l'est pas. Je vois la réaction des Sénégalais, quand on refuse un visa. Ils te disent : «Mais on est Français bien avant vous, les quatre communes, les cahiers de doléances, etc.» Alors nous, on applique des règles et en même temps, on se dit, il y a quelque chose qu'il faut préciser : qui fait partie de la communauté nationale ? Qui n'en fait pas partie ? Qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'on est toujours sur la notion du contrat hérité de la Révolution française ? Parce que la nation française, c'est celui qui adhère au contrat citoyen et qui, au fond adhère à ses règles. Quand on demande à des conjoints, pour le regroupement familial, de passer le test de langue et de valeurs de la République, qu'est-ce qu'on fait ? Quelles sont les valeurs de la République ? Vous voyez, il n'est pas inutile de se pencher sur ces questions qui ne sont pas évidentes. Et dès qu'on y réfléchit, on se rend compte qu’elles nous conduisent très loin. Et aujourd'hui, un pays comme la France s'interroge sur ces valeurs-là. Je pense que d'autres pays auraient tout intérêt à le faire.
Est-ce que la France officiel ressemble à la France officieuse. Pour caricaturer, lors du match, France/Irlande, à un certain moment, il y avait 10 joueurs noirs sur le terrain. Est-ce qu'elle n'a pas un retard par rapport à ça ?
Cela rejoint le débat d'avant. Cette diversité est fonction des secteurs d'activité. Dans le sport, si vous prenez le rugby, même s'il y a des gens qui viennent d'horizons divers, c'est moins divers. Si vous prenez le foot, il y a énormément de joueurs qui viennent d'Afrique, c'est comme ça. Si vous prenez l'Assemblée nationale et l'équipe nationale, ce n'est pas la même couleur, c'est vrai qu'il y a un retard. Mais c'est un retard qui est aussi lié au fait de la rapidité du changement. Je me souviens quand j'étais gamin quand on voyait un noir, c'était presque une attraction. C'était extrêmement rare. Et il y a eu cet énorme bouleversement sociologique très rapide. Donc inévitablement, la répercussion politique prend du retard. Mais, je pense qu'on va dans la bonne direction. La présence de minorités visibles à l'intérieur du gouvernement n'est pas anecdotique. Je pense aussi que si vous soumettez au vote des gens issus des minorités, vous n'aurez pas forcément une Assemblée nationale avec des gens de couleur. C'est une manière aussi de leur donner tout de suite des responsabilités sans passer par l'étape de l'élection. On ne peut pas concevoir que ce pays reste constitué de gens aussi divers, mais pas dans la représentation nationale.
Est-il possible de voir en France l'élection d'un Président de la République noir, comme aux Etats-Unis avec Obama ? On a l’impression que non.
Mais non, je ne vois pas d'obstacles à cela. Le président Sarkozy est d'origine très diverse. Son père est arrivé en France, pratiquement dans la situation d'un réfugié, et il a raconté, dans un livre, que lors de sa première nuit à Paris, il a passé la soirée sous un pont. Donc qui aurait pu imaginer un fils d'immigré de la première génération devenir président de la République. Simplement, en France, l'élection d'un président se fait en 25 ans, du fait que le système politique français mûrit lentement. Aux Etats-Unis, Obama a pu être élu alors que son émergence ne dépassait même pas les cinq ans. N'empêche, il n'y a pas de raison que cela ne se produise pas en France un jour.
Rufin, un jour Président de la République française ?
(Rires). Je ne suis pas issu de la diversité, je suis originaire du Berry. En plus, je ne fais pas de politique, je n'en ferai jamais. Ne me souhaitez pas de malheur !
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