Depuis quelques années, tout le monde se lance dans la chanson, sans se soucier de la beauté et de la justesse de sa voix, de la richesse de ses textes ni de sa connaissance des règles de la musique. Chante-t-on faux ? Heurte-t-on l’esprit des mélomanes ou l’éducation des enfants ? Certains n’en ont cure. L’essentiel pour eux, c’est de se faire rapidement de l’argent et de la notoriété.
« Une chanson qui n’oriente pas son auditeur, ne l’éduque pas, ne lui prodigue pas de conseils, n’est plus ne chanson, mais une grande duperie ». Ainsi s’exprimait Thione Seck dans un de ses célèbres morceaux. Car, celui qu’on peut considérer comme un visionnaire de la chanson sénégalaise pense qu’un chanteur doit toujours avertir, prévenir, servir de guide et d’éducateur à son peuple. Mais aussi son porte-parole. C’est ainsi que certains sont désignés sous le qualificatif de « chanteurs engagés », quitte à être mis au banc des pouvoirs politiques et autres, à l’image du musicien Ousmane Diallo alias Ouza qui, au bout de plus de quarante ans de carrière, n’arrive toujours pas à vivre de son art.
Des musiciens de cette trempe, le Sénégal en a connus, et en connaît encore, même si on les compte sur les doigts de la main : de feu Laye Mboup à feu Ndiaga Mbaye, en passant par Thione Seck, Ouza, Ismaël Lô, Baaba Maal, Youssou Ndour, Oumar Pène, Abdou Guité Seck, Mada Bâ, etc. En plus des rappeurs qui rivalisent de verve et de pertinence dans leur langage.
Mais actuellement, par souci de se faire facilement un nom et une assise financière, nombre d’artistes sénégalais (ceux du mbalax surtout, aidés en cela par leurs producteurs et les médias audiovisuels), versent dans la futilité et la perversité, dévoyant du coup, par leurs paroles, leurs danses obscènes, leurs mimiques et leurs tics, l’éducation des enfants. Si les thèmes sur l’amour et les guides religieux ne reviennent pas comme une ritournelle, à longueur de tubes.
D’autres, par crainte de représailles, certainement, passent tout leur temps à caresser le Prince dans le sens du poil. Espérant, en même temps, des récompenses qui les mettraient à l’abri du besoin. Certains, en mimant l’acte sexuel, exhortent les danseuses : « Accroche-toi bien à mon épaule ; pose bien ta main » (Jafandul, tegal fi sa loxo). D’autres ordonnent : « Laisse-moi voir ce que tu as en-dessous » (Ma yër li nga yor). D’autres encore lancent : « Soulève pour que je vois ta pointure » (Yëkkatil ma xool sa pointure ». Pour certains, « il faut tout mesurer » (Dee ko nàtt). Et pour d’autres, « une femme doit avoir l’entre-jambe bien plein ».
Par ailleurs, on entend des chanteurs reprendre des paroles dont ils ne comprennent pas la gravité du sens. Par exemple, Coumba Gawlo a remis au goût du jour la phrase de Pape Mboup : « Li mayo fàdd na kañax gune yi » (Mon sexe est très apte à ouvrir celui des jeunes filles). Quant à Viviane Chidid, il y a son fameux « Sa nunux nanax neex… ». Un couplet qu’elle n’a pas terminé, et qui, en réalité, est chanté par les nouvelles mariées qui, après avoir passé leur première nuit de noce avec leur époux, exultent en ces termes : « Sanunux nanax neexna ci sama xappaandëri ! » (Ton sexe a été très agréable dans le mien). A côté des futilités comme « Mo ko yor » (cela fait l’affaire), « Yaay bañ » (Tout dépend de toi), « Defar ba mu baax », etc., il y a les chansons laudatives qui n’ont aucun sens éducatif ou autre. Toutes ces sorties ont l’heur de heurter les chastes oreilles des religieux, des paroliers et autres observateurs soucieux de la bonne marche du peuple.
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