Le lycée d’excellence Mariama Bâ de Gorée a abrité, vendredi dernier, l’exposition itinérante sur la vie et l’œuvre d’Aline Sitoé Diatta. Une exposition visant à faire connaître la dame de Cabrousse mais aussi à promouvoir l’éducation à la paix et le brassage entre les élèves de différents établissements.
En partenariat avec les Archives nationales, l’Alliance des initiatives africaines pour la paix a organisé, vendredi dernier, une exposition itinérante dénommée : ‘Les passeurs de frontières : Et si Aline Sitoé Diatta m’était contée.’ L’exposition retrace l’histoire de la dame de Cabrousse à travers des photos, des correspondances envoyées par l’autorité coloniale. En plus des messages qu’Aline Sitoé Diatta, elle-même, adressait à ses frères et sœurs de la Casamance.
Sur les photos, on peut admirer la jeune Aline Sitoé, mignonne et souriante, des images de son mari, de sa fille unique qui ne l’a pas connue, car la dame de Cabrousse était exilée à Tombouctou alors que sa fille venait, à peine, d’avoir quatre ans. Des photos des autres membres de sa famille ainsi que ses lieux de culte sont également exposées. A côté de ces photos, on retrouve toute une littérature sur la vie et l’œuvre de la dame de Cabrousse.
A travers ces textes et documents administratifs, on peut lire tous les messages forts que celle que l’on surnomme également ‘la Jeanne D’arc de l’Afrique’ adressait à son peuple pour l’inviter à se montrer intransigeant face à l’envahisseur colonial. Mais également à s’unir pour lutter contre l’exclusion sociale par l’intégration des peuples, au-delà des frontières déterminées par le colon. Les documents révèlent aussi combien les accusations portées sur la personne d’Aline Sitoé Diatta étaient légères et infondées par moments.
Quelque part, on lui reprochait d’être ‘très intelligente et intrigante’ à la fois. Elle était aux yeux de l’administration coloniale, une ‘instigatrice d’actes de rebellion’. Parce qu’elle demandait à son peuple de s’opposer au recrutement de guerre et aux réquisitions de vivres.
Pour apporter leur touche personnelle, les élèves de l’école Mariama Bâ de Gorée, du collège Aline Sitoé Diatta de Yarakh et les étudiantes de la Cité des jeunes filles du même nom, ont présenté des fresques, des poèmes, une pièce théâtrale, des chants et danses. Selon les organisateurs de l'évenement, la dame de Cabrousse exhortait les femmes à chanter leur refus de soumission vis-à-vis de l'autorité coloniale à chaque fois qu'elles se regroupaient dans les champs pour travailler. Porteuse du projet Alliance des initiatives pour la paix, Mme Odile Tendeng note que cette exposition permet de présenter le rôle de la femme dans la gestion des conflits.
A travers, l’exemple d’Aline Sitoé Diatta, ‘nous avons répertorié tout le savoir faire local en matière de gestion non violente de conflits’. Selon elle, la dame de Cabrousse mérite d’être citée en exemple pour son engagement pour la paix à travers l’intégration sociale mais aussi pour son culte de la charité et de la dignité. S’expliquant sur le fait que l’école Mariama Bâ ait abrité la première étape de l’exposition itinérante, Mme Tendeng indique qu’’il faut planter le germe de la paix chez les enfants. Le brassage entre les élèves des différentes ethnies et de différents établissements est une action d’éducation à la paix. Et c’est cette intégration sociale que recherchait Aline Sitoé Diatta en organisant des séances de lutte entre des gens venant de la Guinée-Bissau, de la Gambie, de la Casamance…) ’.
Le représentant du maire de la commune de Gorée a, pour sa part, salué l’initiative et plaidé pour que des manifestations de ce genre aient une plus grande envergure, car, estime-t-il, ‘on ne peut pas entrevoir le développement sans parler de paix’.
La deuxième étape de l'expositon itinérante va se dérouler, à partir du 26 juin, au musée de l'Ifan.
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