Culture islamique - La mosquée : creuset de l’ identité musulmane

« La mosquée est une maison de sécurité sociale », selon Mohamad Ahmad Lô. La 3è conférence marquant la célébration des activités de Dakar, capitale islamique au titre de l’année 2007, a vécu le samedi dernier. Elle a été introduite par l’oustaz Mohamad Ahmad Lô. Le thème portait sur « le rôle de la mosquée dans la construction d’une société islamique ». Au cours de cette conférence, Mohamad A. Lô est revenu sur la définition de la mosquée, son importance, son histoire et son impact dans la vie d’un musulman.

Le conférencier a d’abord expliqué le terme mosquée. Selon lui, ce mot est dérivé de « Soudjoud » qui est l’acte le plus noble que le musulman accompli. Il a estimé que l’attitude du prophète (Psl) qui s’est employé à construire des mosquées montre toute l’importance qu’il leur portait. A en croire le conférencier, beaucoup de paroles du Messager (« Hadiss ») ont été rapportées sur le mérite de la fréquentation des mosquées. La mosquée est une institution multifonctionnelle, d’après Ahmad Lô. D’abord, elle est une école où on apprend le savoir religieux, mais aussi à sa diffusion. Le conférencier a aussi indiqué que les hommes comme les femmes doivent fréquenter la mosquée. Autrement dit, il est recommandé aussi bien aux hommes qu’aux femmes de la fréquenter. « L’homme et la femme sont comme des pairs de chaussures. Chacun a son rôle à jouer », a-t-il dit. La mosquée est un lieu d’éducation, un lieu d’acquisition de connaissances. Selon lui, le Prophète (Psl) surveillait dans la mosquée la façon dont ses enseignements sont pratiqués. Par ailleurs, Mohamad A. Lô a indiqué que la mosquée a un impact culturel dans la vie d’un musulman. Selon lui, l’Imam, s’il est bien choisi, peut être un agent de développement. L’Imam doit être un relais entre les gouvernants et les gouvernés. Il doit aussi reprendre les bons thèmes de la politique de l’Etat pour les vulgariser. L’Imam doit jouer un rôle de médiation pour désamorcer certains conflits. En fait, il a indiqué qu’on peut réduire les litiges judiciaires en passant par la mosquée. Et pour cela, il suffit simplement que l’Etat donne certaines de ses prérogatives à la mosquée, donc aux Imams. Il a donné l’exemple de certaines querelles anodines qui ne méritent pas d’être envoyées dans les tribunaux. « L’Imam est un symbole. C’est l’animateur de la maison de Dieu. Il ne faut pas le ridiculiser », a regretté le conférencier face aux caricatures qu’on fait des Imams. C’est pourquoi, il a estimé que le choix de l’Imam doit être rigoureux. Selon Mohamad A. Lô, il ne doit pas y avoir de « subjectivisme » ni une considération quelconque surtout celle consistant à dire que celui-ci a beaucoup contribué à l’édification de la mosquée. L’oustaz a fait savoir que le choix de l’Imam et du muezzin est régi par des critères que les musulmans doivent respecter. Ces critères sont la bonne moralité, la droiture, la connaissance, une capacité d’assurer l’animation de la mosquée etc. Par ailleurs, il a noté qu’il y a certaines pratiques qu’il faudrait corriger à savoir l’esprit partisan consistant à coller des étiquettes aux mosquées, par exemple mosquée de telle confrérie ou bien de telle autre. « La mosquée est la maison de Dieu. Elle n’appartient à personne », s’est-il indigné. Le discours de l’Imam doit être adapté aux réalités sociales, d’après Ahmad Lô. C’est pourquoi, il doit faire son sermon dans la langue que les fidèles comprennent le mieux. Mohamad Ahmad Lô a aussi précisé que la mosquée ne doit pas être transformée en cimetière. « Aucun homme religieux n’a recommandé d’être enterré dans une mosquée », a soutenu Dr Khadim Mbacké, modérateur de la conférence et chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). L’orientation des mosquées qui a toujours divisé les fidèles, a aussi été évoquée. Selon lui, il faut qu’il y ait une certaine souplesse et complaisance concernant la direction d’une mosquée. A en croire le conférencier, les aumônes qu’on devrait rassembler dans les mosquées pourraient combattre la pauvreté et le chômage. Et cela, en les redistribuant aux ayant droits. « La mosquée est une maison de sécurité sociale pour accueillir les étrangers, aider les pauvres et protéger les sans abris », a-t-il déclaré. Selon lui, dans une société qui se respecte, il est anormal que les gens passent les nuits dans les rues si réellement les Musulmans font vivre les mosquées. « On peut régler beaucoup de problèmes à travers la mosquée. Il y a des mosquées mais celles-ci devraient être beaucoup plus proches de la société », a soutenu Mohamad Ahmad Lô.