La
cohabitation avec les eaux pluviales, qui ont envahi les demeures et
les rues de Médina Fass Mbao, a rendu la vie difficile pour les
habitants de ce quartier de la commune de Diamagueune, où la
construction de l'autoroute à péage est indexée comme un facteur
aggravant pour les inondations notées cette année.
‘’Chaque matin, nous enlevons l’eau des chambres. Nous sommes très
fatigués. La nuit, nous ne parvenons pas à dormir parce qu’il y a
beaucoup de moustiques, de grenouilles dans la maison qui nous font
peur’’, déclare Diénaba Wade, une habitante du quartier, dont la cour
est recouverte par des eaux verdâtres.
Pour sortir de la maison ou y entrer, la famille ne compte que sur une
seule paire de bottes. Dans ces conditions, les plus jeunes ont été
confiés à un parent à Nord-Foire pour le reste de l’hivernage.
‘’Nous sollicitons de l’aide parce que nous sommes très fatigués. L’eau a
envahi tous nos biens. Nous commençons à faire la cuisine au-delà de
midi, après avoir écopé l’eau de pluie qui sort en même temps par le
plancher. Et avant que l’eau n’atteigne à nouveau un certain niveau, le
déjeuner est déjà servi’’, indique Mme Wade dont les lits et les
armoires sont posés sur des briques.
‘’C’est en 2008 que nous avons commencé à vivre cette situation, et
chaque année, nous remblayons avec du sable, mais rien n’y fait’’,
raconte-t-elle.
Trouvé vers 16 h sur la terrasse de sa maison en train de déjeuner avec
deux enfants, Cheikh Sène également fait constater l'état de sa maison,
inondée à midi, "à l’heure du repas.’’
‘’C’est très dur de vivre avec les eaux pluviales. Tous nos bagages sont
sur la terrasse parce que les chambres sont inondées. Nous passons la
nuit ici s’il ne pleut pas. Mais, ce que Dieu a fait, personne n’y peut
rien’’, poursuit-il, l’air résigné, tout en demandant à l’Etat de venir
en aide aux sinistrés des inondations.
Mais, selon lui, la construction de l’autoroute à péage a contribué à
empirer la situation. Il indique que si l’occasion se présente, sa
famille n’hésitera pas un seul instant à déguerpir. ‘’Si nous avons où
aller", dit-il, "nous n’allons pas tarder à le faire. C’est la première
fois que cela nous arrive et c’est dû à l’autoroute à péage dont l’eau
rougeâtre descend directement dans nos maisons.’’
Son voisin, Khassim Bodian, estime que la construction de l’autoroute à
péage n’est en fait qu’un facteur aggravant. ‘’Nous sommes dans une
dépression et les eaux des alentours se rencontrent ici. Mais, c’est
l’autoroute à péage qui a fait empirer la situation. C’est sur des
briques que nous avons posé les lits, les armoires et tout ce qui ne
peut résister à l’eau.’’
Pour lui, la solution passe par la réalisation d’un canal pour éviter
que l’autoroute ne soit un obstacle à l’écoulement des eaux pluviales. A
défaut, dit-il, les populations devront toutes s’en aller.
Assise avec sa fille et ses petits-fils sur les escaliers d’une maison
en construction, Fatou Sow pointe elle aussi un doigt accusateur sur
l’infrastructure routière.
‘’Nous sommes très inquiets. De 2009 à nos jours, c’est le même
scénario, mais c’est cette année que l’eau a atteint ce niveau avec
l’arrivée de l’autoroute à péage. Nous n’osons pas mettre les pieds dans
cette eau parce qu’il y a des grenouilles, des insectes’’,
explique-t-elle.
Ne pouvant plus vivre dans leur maison, Mme Sow et sa famille ont loué
un bâtiment en face de la leur. ‘’Finalement, nous avons loué cette
maison à 20 mille francs en attendant que l’eau quitte notre maison.
Elle n’a pas d’électricité, ni robinet, ni fenêtre, et la construction
n’est pas finie’’, déplore-t-elle.
‘’Quand il commence à pleuvoir, toute la famille se réveille pour
enlever l’eau juste après la pluie. C’est très difficile. Les membres de
ma famille ont leur corps couvert de boutons à cause de l’eau sale et
des grenouilles, ainsi que les moustiques qui nous empêchent de
dormir’’, se lamente Alimatou Diallo, trouvée en train d’évacuer l’eau
verdâtre avec un seau.
‘’Je suis âgée et j’ai des problèmes de vision. Je suis tombée
dernièrement dans les eaux, en allant à la boutique. Je n’ai pas de lit
et quand il pleut, je n’ai plus où mettre mon matelas pour me coucher’’,
confie Rokhaya Sène.
A part les maisons inondées, les eaux pluviales ont aussi envahi le
centre de santé de la localité, mais les responsables trouvés sur place
n’ont pas voulu se prononcer sur cette question.
Un atelier de menuiserie situé dans la même rue, se trouve également
sous les eaux. ‘’Les eaux ont envahi mon atelier et j’ai beaucoup de
matériels d’une valeur d’environ un million cinq cent mille francs CFA
(1.500.000 F CFA). Grâce à Dieu, j’ai des clients compréhensifs, parce
que la date de livraison de leur commande est dépassée", explique
Serigne Fall, menuisier ébéniste.
Lui aussi indexe la construction de l’autoroute à péage. ‘’[…]
D’habitude, après la pluie, l’eau coulait et même les voitures
circulaient sans problème. Mais cette année c’est l’enfer que nous
vivons’’.
JMC/ASG/BK/DND
3 Commentaires
Sant
En Septembre, 2012 (11:44 AM)Grenouille
En Septembre, 2012 (13:36 PM)Waxoon
En Septembre, 2012 (16:07 PM)Participer à la Discussion