Le Directeur des infrastructures aéroportuaires, Souleymane Ndiaye, par ailleurs secrétaire général de Synergie pour un Développement Durable / Yonou Naatangué, lève un coin du voile sur son parcours, ses ambitions et tire un bilan à mi-parcours sur les réalisations de l’Etat dans le domaine aéroportuaire. L’ingénieur en génie civil et maître d’œuvre de la réglementation sur le fer à béton au Sénégal, a apporté des éclairages, chiffres à l’appui, sur le coût réel de l’aéroport de Saint-Louis suite à son inauguration dans le cadre du Programme de réhabilitation des aéroports du Sénégal (PRAS). L'un des rares leaders à avoir gagné leur commune lors des élections législatives du 31 juillet 2022. D'ailleurs le parti au pouvoir n'a jamais gagné la commune de Goudomp même lorsque qu'il gagnait le département. Il s’est également prononcé sur l’actualité politique au lendemain des élections législatives du 31 juillet dernier. Entretien.
Souleymane Ndiaye, pourriez-vous revenir un peu sur votre parcours ?
En résumé, je peux dire que je suis de profession ingénieur génie civil de conception, normalisateur et expert en audit énergétique. A cet égard, j’ai eu à occuper différentes fonctions notamment celle de Chef de Division Bâtiment, Génie Civil et Électrotechnique au sein de l’organisme national de normalisation. En tant que normalisateur, j’ai ainsi été le maître d’œuvre de la réglementation sur le fer à béton au Sénégal. D’autre part, j’ai été anciennement Secrétaire Général du Comité Electrotechnique National et Président du comité bâtiment de la CEDEAO-THC 04 dans le cadre de l'harmonisation des normes au niveau communautaire. Je faisais partie des experts qui élaboraient les normes au niveau de l'organisation Africaine de Normalisation (ORAN) et membre des comités ; et au niveau international avec l'organisation internationale de Normalisation (ISO). D'ailleurs je faisais partie des experts des comités ISO/ TC 285 et ISO/TC 59/ SC 17.
Après la création de notre parti Synergie pour un Développement Durable / Yonou Naatangué, j’ai démissionné de l’ASN et me suis reconverti comme consultant et c’est à ce titre que j’ai eu l’honneur d’accompagner ENDA Energie dans certains de leurs projets. J'ai accompagné PROQUELEC à la mise en place du Comité Sénégalais pour la Sécurité des Usagers de l'électricité (COSSUEL) conformément au décret 2017-1333 du 08 juin 2017 rendant obligatoire le contrôle de conformité des installations électriques intérieures suivant la norme NS-01-001: Règles d'installation électrique basse tension. Par la suite, j’ai été nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires.
Au plan politique, j’ai d’abord milité au sein de l’APR en tant que membre de la Cellule des cadres entre 2017 et fin 2018, avant de créer avec d’autres cadres le parti S2D. C’est au bout de près de 2 années d’activités que nous avons décidé de revenir auprès de son Excellence Monsieur Macky Sall, Président de la République, pour contribuer à matérialiser sa vision et le PSE au profit du Sénégal et des Sénégalais.
Qu’en est-il de votre base politique ?
Aujourd’hui, nous avons une forte base en Casamance, avec un ancrage plus important dans le Département de Goudomp et également la région de Ziguinchor. Par ailleurs, le parti reste présent un peu partout au Sénégal et dans la diaspora. On peut toutefois noter une forte présence dans le département de Nioro avec le ralliement de Moustapha Thiam qui avait obtenu plus de 2.000 voix dans sa commune lors des précédentes élections locales du 23 janvier 2022. C’est également le cas dans le Département de Koungheul où notre parti s’est enrichi avec le ralliement de M. Malick Gueye qui avait obtenu 2.256 voix et 10 conseillers municipaux dans la commune de Maka Yop.
Un mot sur l’aéroport international Ousmane Masseck Ndiaye de Saint-Louis récemment inauguré par le Chef de l’Etat
La construction de l’aéroport international Ousmane Masseck Ndiaye constitue un jalon important dans la concrétisation de la vision du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Macky Sall, exprimée dans le Plan Sénégal Emergent (PSE).
A son accession au pouvoir, le Président de la république a tenu à faire du Sénégal le premier hub aérien de la sous-région ouest-africaine à travers la mise en service et du développement de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), la création d’une compagnie aérienne nationale forte et durable et la reconstruction des aéroports régionaux.
Quel est le coût réel de cette infrastructure aéroportuaire ?
Le coût de l’aéroport s’élève à 23 262 739 788, 67 FCFA et je tiens à préciser qu’un aéroport, ce n’est pas seulement une aérogare comme veulent le faire croire certains. C’est tout un complexe d’infrastructures et d’équipements dimensionnés selon l’avion de référence qui est le Boeing 737-300, à Saint-Louis.
En fonction de cet appareil qui peut contenir jusqu'à 130 sièges dans sa configuration passagers, l’aéroport dispose d’une piste de 2450 m de long sur 45 m de large, une aérogare d’une superficie de 2170 m2 incluant un salon VIP, un hangar de lutte contre les incendies et d’assistance au sol de 2000 m2, d’une tour de contrôle de 21 m de hauteur avec des équipements de communication et d’aides à la navigation aérienne de dernière génération.
A cela s’ajoutent, deux (02) camions de pompiers (1 VIMP et 1 VlPP), un véhicule de service pour le Chef-pompier, un bateau Zodiac pour les interventions fluvio-maritimes, deux véhicules d’avitaillement en carburant, deux voitures de patrouille, une ambulance, véhicule de ravitaillement en eau potable, véhicule servicing (sanitaire).
Pour assurer la sécurité de l’aéroport, un mur de 7 825 m de long sur 2,44 m de hauteur avec un retour défensif, est érigé. Tout au long du mur, une route de patrouille est aménagée pour la surveillance.
Il faut également mentionner la construction d’une nouvelle station météo avec tous les équipements requis.
Où en êtes-vous avec la réhabilitation des autres aéroports régionaux ?
Il faut noter que la reconstruction des aéroports du Sénégal porte sur deux volets.
L’aéroport de Saint-Louis qui vient d’être inauguré constitue, avec ceux de Ourossogui-Matam, Ziguinchor, Tamba et Kédougou, le premier volet dont le financement est déjà bouclé avec le concours des partenaires tchèques dans le cadre de la coopération bilatérale. Les travaux de l’aéroport de Ourossogui-Matam connaissent un niveau d’exécution satisfaisant et pourront bientôt être réceptionnés.
S’agissant des trois aéroports restants, les études préliminaires sont en train d’être diligentées et la remise des sites à l’entrepreneur pourra se faire très prochainement.
Quelle est la pertinence pour le Sénégal à se doter de toutes ces infrastructures aéroportuaires au niveau des régions?
Un pays ne peut se développer sans des infrastructures de qualité et aux normes. Les infrastructures constituent des leviers de développement. C’est pourquoi, elles doivent être aménagées sur toute l’étendue du territoire pour corriger les déséquilibres territoriaux et permettre l’exploitation des potentialités économiques de ces localités.
Le transport aérien permet aux hommes d’affaires, aux opérateurs économiques, aux universitaires, aux spécialistes de la santé, entre autres, de se déplacer d’un point à un autre avec un gain de temps considérable. En effet, plus aucune région ne paraîtra plus éloignée, et conformément à la vision du Président de la République, avec les 13 aéroports pris en compte par le PRAS, le pays se positionnera comme un Hub aérien sous-régional de premier plan.
Aussi est-il important de souligner que les activités qui permettront de faire tourner ces aéroports vont générer beaucoup d’emplois et de recettes pour l’Etat, sans compter que le transport aérien est un stimulant des activités commerciales, industrielles et touristiques qui peuvent de ce fait connaître une croissance exponentielle.
Au plan social, un mot sur le bilan du chef de l’Etat
Le Président de la République son Excellence Monsieur Macky Sall a un bilan reluisant. Toutes les statistiques nationales comme internationales montrent que le pays est sur la bonne rampe, et ceci, malgré la crise sanitaire Covid et les conséquences de la guerre en Ukraine. Nous saluons les nombreuses réalisations du Président de même que les initiatives de solidarité qu’il a mises en place à l’image de la Couverture maladie universelle, les bourses familiales, les subventions sur les denrées de première nécessité et les aides apportées aux populations qui en ont besoin. Un État doit être inclusif dans sa politique et cela transparaît dans l’approche du Président de la République.
D’ailleurs, je rappelle que le Président de la République a été le seul, parmi tous les Président qui se sont succédé à la tête de ce pays, à mettre en place une flotte de 3 navires destinés à fluidifier les échanges avec la Casamance, sans compter la flotte de Bus Sénégal Dem Dikk qui assure tous les jours les déplacements de nos concitoyens de région à région. Et pour faciliter les déplacements, les billets sont subventionnés.
En plus des politiques en faveur de l’emploi des jeunes et de l’autonomisation des femmes, les régions sont aujourd’hui désenclavées et l’eau et l’électricité sont accessibles presque partout au Sénégal. De nombreux chantiers ont été lancés.
Vous avez suivi l’affaire François Mancabou, un commentaire ?
Tout d’abord, je présente mes sincères condoléances à la famille éplorée. Toute vie est sacrée et toute vie compte.
L’affaire est entre les mains des enquêteurs et de la justice. Je suis un républicain et je fais confiance en la justice de mon pays. Le plus important est que toute la lumière sera faite sur cette affaire et que les Sénégalais seront édifiés. A ce propos, je salue la posture du Roi des Mancagnes qui a tenu un discours responsable sur le sujet. Je crois que rien ne sert de passionner les débats. Il faut laisser le soin à nos autorités compétentes de la police et de la justice mener sereinement leurs missions pour édifier la famille et l’opinion.
Je suis contre les positions tendant à régionaliser ou à ethniciser les débats. Le Sénégal a dépassé ces facteurs de division qui ont retardé une partie de l’Afrique. La première richesse que peut avoir un pays c’est la paix. C’est la première condition de toute activité humaine, avant même la santé. Par conséquent, il faut que chacun ait un discours responsable vis-à-vis de la cohésion sociale. Au Sénégal, nous cohabitons en harmonie sans distinction de race, d’ethnie ou de religion.
La question du troisième mandat refait surface à nouveau. Quel est votre point de vue sur cette question qui était naguère taboue à l’Apr ?
Je considère le sujet comme un poisson-chat sur lequel se jette une certaine opposition en manque d’inspiration, alors que nous sommes tous concentrés sur le développement de notre pays.
Il n’y a pas de sujet tabou dans une démocratie. On doit tous pouvoir s’exprimer sur des questions d’intérêt national. Seulement, je ne vois pas l’opportunité de ce débat en ce moment précis, car la vie d’un État n’est pas faite que d’élections ou de débats électoralistes.
L’élection permet de choisir des hommes pour présider aux destinées du pays. Concernant l’exécutif, le peuple sénégalais a fait confiance en 2019 à un homme, le Président Macky Sall qui fait un excellent travail au niveau du Sénégal et qui est en train de positionner l’Union Africaine dans le leadership mondial. En ce moment, le peuple attend de la part des acteurs politiques des propositions concrètes pour une Assemblée nationale qualitativement représentée et élue sur la base d’un agenda clair. C’est mieux que de passer son temps dire du mal des gens avec qui on ne partage pas la même table. Étant de la coalition Benno Bokk Yakaar, si le Président se présentait en 2024, je le soutiendrais sans réserve. Mais le dernier mot lui revient.
Entretien réalisé par Siaka Ndong