Pape Mahawa Diouf, porte-parole de BBY s’est entretenu avec le journal l’Enquête de ce jeudi 16 novembre. Le Directeur général de l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) invite les jeunes à rester au Sénégal et défend l’action de Macky Sall en termes de politique d’emploi.
Pour beaucoup, la principale raison de la non-reprise des cours est politique. Pourquoi les campus ne sont-ils pas ouverts au moment ou les principaux acteurs (étudiants et enseignants) le réclament ?
Je ne suis pas dans le secret des dieux. Mais l’État doit garantir toutes les conditions de sécurité et les conditions pédagogiques sereines pour les étudiants. On a vu ce qui s’est passé à l’université le 1er juin 2023 : le Cesti brulé, de même que le chapiteau des sciences juridiques, détruits le Coud et les moyens de travail du personnel. L’État doit prendre toutes les mesures pour que cela ne se répète pas. Si cela nécessité qu’on perde un peu de temps, on peut le comprendre. La gravité des faits mérite qu’on prenne le temps de garantir que cette première dans l’histoire du Sénégal ne se reproduise jamais. Les étudiants vont nous permettre, par ricochet, de parler de la jeunesse.
Pourquoi a-t-on l’impression qu’il y a un problème entre Macky Sall et la jeunesse sénégalaise ?
Il n'y en a pas. C’est juste votre impression.
Quelle est la place de cette jeunesse dans le programme de votre candidat ?
Les politiques de jeunesse sous le régime de Macky Sall sont massives, impressionnantes et systémiques. Sur la formation professionnelle, les domaines agricoles communautaires (Dac), les maisons de la jeunesse, l’accès au financement (la Der/FJ, le Fongip, l’ANPEJ, etc.), la jeunesse est toujours une priorité. L'âge médian du Sénégal est de 19 ans. Avec Amadou Ba, la perspective est le maintien de cette politique. Mais le moment venu, le candidat adressera son message à la jeunesse.
Malgré tout, ces jeunes sont très présents dans les pirogues qui quittent en nombre le pays en direction des cotes espagnoles. L’émigration irrégulière bat tous les records de départ cette année. Cela ne traduit-il pas cette souffrance que vit la jeunesse sénégalaise ou l’échec de la politique de jeunesse de Macky Sall ?
La jeunesse, c’est d’abord le peuple sénégalais tout court. A l’image de beaucoup de pays du monde, le Sénégal a traversé deux grandes crises : la Covid-19 et la guerre en Ukraine. L’État a fait énormément d’efforts pour accompagner les acteurs économiques. La vie est chère et les conditions sont très difficiles pour tous les Sénégalais. Mais c’est partout dans le monde, particulièrement dans la sous-région. Il faut le constater. L’émigration est une réalité. Beaucoup de Sénégalais choisissent d’aller tenter leurs chances dans d’autres pays. Certains choisissent de prendre des pirogues de façon clandestine. Ce qui est dommage, car beaucoup de pertes humaines sont enregistrées. C’est catastrophique et l’État a pris des mesures pour empêcher les départs par cette voie.
Mais aussi, il faut beaucoup de travail de sensibilisation, de mobilisation des acteurs sociaux pour faire comprendre aux candidats qu’un voyage est possible, mais qu’il ne faut pas le faire au Péril de sa vie. A coté de cela, il y a des jeunes qui prennent l’avion et passent par le Nicaragua. Ils paient beaucoup d’argent, entre 5 et 7 millions F CFA. Ce qui nuance l’approche économique d’une explication de l’émigration. Notre continent se mondialise. Les gens ont envie d’expérimenter un autre mode de vie. Les pays ne se battissent pas en 10 ans. Ce n’est pas une particularité sénégalaise de voir des personnes se déplacer en masse, en quête de nouvelles opportunités dans d’autres pays. L’Amérique du Nord est peuplée de migrants (des Écossais, des Irlandais, des Italiens, des protestants qui ont quitté l’Europe pour une autre vie en Amérique). L’Italie, par l’immigration, s’est quasiment dépeuplée en un moment pour se repeupler dans les années 70-80. C’était un pays en construction. Lorsque la Chine s’est enfermée sur elle-même pour construire son développement, des Chinois ont choisi d’entrer dans des conteneurs pour rejoindre les Etats-Unis et beaucoup sont morts dans l’océan. Le phénomène migratoire dans un pays en construction est quelque chose d’à peu près normal. Mais dire que les jeunes sortent du pays parce que les politiques publiques n’ont pas marché est un raccourci.
Et je mets en garde une opposition qui l'utiliserait comme arme politique, parce que ce serait de la démagogie. Le nombre de centres ENO (espace numérique ouvert) qui ont ouvert, la requalification des filières à l’université, les centres de formation professionnelle 3FPT, les réformes qui ont été faites pour attirer les investissements directs étrangers et aujourd’hui le cap sur l’industrialisation : le candidat en parlera. L’accès à l’énergie à bas coût avec le gaz et le pétrole devrait permettre de franchir un cap vers l’émergence. Ayons le courage d’encourager nos jeunes à rester dans le pays. Il est possible de naître, de grandir et de réussir au Sénégal.
2 Commentaires
La Vérité
En Novembre, 2023 (16:36 PM)Malhonnêteté A D N
En Novembre, 2023 (20:19 PM)Irving
En Novembre, 2023 (16:48 PM)Fen Rek
En Novembre, 2023 (17:07 PM)Ça c'est ceux dont leur corps sont repêchés, on parle pas de ceux qui sont perdus avalés par la mer.
Les îles canaris, il y a un cimetière où les corps sont scellés sur les murs.
On parle toujours par des corps qui atterrissent en Tunisie, en Algérie et en Italie.
Participer à la Discussion