THIES : ECOLE : Les cahiers de souvenirs, hier et aujourd’hui...

Pour les générations estudiantines nées aux périodes pré ou légèrement post-coloniales se souviennent avec une pointe de nostalgie, les sentiments que ressentent le élèves en rédigeant ou en relisant les confessions contenues dans les cahiers de souvenirs.

Avant la fermeture des classes, les élèves se passaient entre eux ce bouquets de souvenirs où sont confiés des aveux bouleversants des prémisses d’ une sincère amitié ou d’innocentes déclarations d’amour. Dans ces cahiers ornés, dessinés aux couleurs bariolées, étaient aussi une façon entre élèves de se dire au revoir avant les grandes vacances.

Il arrive que , sous le poids de l’émotion , de l’incertitude des lendemains, alors, de chaudes larmes de désespoir et de nostalgie s’écrasent sur les vers enflammés sans jamais les éteindre…

Juin 1965, à l’école Randoulène sud, c’est l’avant-dernier jour de classe avant les grandes vacances. A l’horizon de gros nuages noirs s’amoncellent et l’orage gronde. Dans la classe de Monsieur Mbaye, les élèves se passent les cahiers de souvenirs. Le Petit Yaya a reçu le cahier AÏcha, avec qui il partage le même banc ; leurs relations étaient bonnes et cordiales durant toute l’année scolaire ; ils leur fallait matérialiser ces moments de bonheur et de compréhension mutuelle.

Devant le cahier de souvenir ouvert , le coeur du petit Demba ému jusque’ aux larmes bat à se rompre, il sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur, de ne pas passer à coté comme on dit . Il hésite donc à extétioriser ses sentiments à l’intérieur du petit coeur rose dessiné en milieu de page. Sa main tremble, il hésite de nouveau ; il sait que chaque mot, chaque phrase, chaque insinuation a son poids, sa valeur , son importance pour traduire ses sentiments. Finalement avec une douceur qui émeut, ses doigts étreignent son porte-plume trempée à l’encre et écrit . Demba laisse libre cours à son imagination, il soigne son écriture en faisant des pleins et des déliés en ces termes :

" Ma chère Aïcha, quand tu seras au milieu de ta famille , bercée par l’amour maternelle et paternelle, tu te souviendra de moi et de tout ce qui nous a toujours unis…Souviens toi, je t’aime comme le poisson aime la mer ... "

Cependant, les élèves qui ne recevaient pas de leur camardes le cahier de souvenir ressentaient un gros chagrin d’enfant qu’ils avaient beaucoup de mal à oublier...

Il arrive qu’en se promenant dans les allées de la classe , monsieur Mbaye, s’éloigne discrètement en hochant la tête avec un sourire après avoir surpris un élève s’activer sur un cahier de souvenirs

Aujourd’hui , les temps ont changé, les élèves échangent très rarement des cahiers des souvenirs comme jadis et l’esprit de camaraderie de classe s’estompe avec l’amour de la lecture qui fut la chose la mieux partagée en milieu scolaire...SMS, facebook, emails ont ravi la vedette à ce vieux cahier dont se souviennent les gens d’une autre époque.