Les acteurs de l’éducation et de la formation se préparent à prendre part à la traditionnelle revue sectorielle 2023, prévue les 1er et 2 juin. Une occasion de passer au peigne fin les défis et opportunités du secteur. Pour parler d’une seule voix, les acteurs de la société civile orientée vers l’éducation se sont retrouvés lundi au siège de la Cosydep pour s’accorder sur les priorités. Et s’il y avait un seul point à retenir, ce serait la paix, la stabilité et le dialogue entre parties prenantes, notamment l’Etat et les syndicats.
Que ce soit les enseignants, les parents d’élèves ou les Ong, tous se sont accordés à dire que les sénégalais s’attendaient à avoir une année calme après les efforts consentis l’année dernière par le gouvernement. C’est pourquoi, ils demandent à l’unanimité, le fonctionnement du comité de suivi des accords, après l’arrêté du 9 juin 2022, le mettant en place.
« C’est pas uniquement une question d’argent, mais de carrière. Pour certains enseignants, les questions de carrière sont plus importantes que l’augmentation des salaires », précise Birane Guèye du Saemss qui donne l’exemple des décisionnaires, un corps où on voit des enseignants dans l’anxiété, à un ou deux ans de la retraite.
La société civile regrette surtout que l’éducation soit presque une affaire exclusive d’un seul ministère. « Il faut une ouverture des autres ministères. Lors de la pré-revue avec les OSC, on a senti que le ministère de l’éducation. Il faut que les autres ministères, en charge ou à impact sur l’éducation, viennent s’engager », exige Nathaly de Action Aid qui rappelle qu’il y a des questions qui relèvent de la prérogative des autres départements tels que l’enseignement supérieur, les finances, la famille, etc.
Cette attitude des ministères fait que parfois les enseignants manquent d’interlocuteurs. Ainsi, une question qui aurait pu être prise en charge facilement aboutit à un mouvement de grève pour trouver une réponse. « Il faut entretenir le climat de confiance, dialoguer en temps de paix, ça permet de résoudre les problèmes dans la quiétude », préconise Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Cosydep.
Une fois la paix assurée, les vrais défis de l’école seront alors adressés. Il s’agit des facteurs de perturbations externes comme les tensions sociopolitiques, de la révision des contenus des programmes, de la modernisation des infrastructures et des équipements, de la résorption des déficits en enseignants, en tables-bancs, en manuels scolaires, en salles de classe.
Ce sera aussi l’occasion de s’intéresser à l’effectivité du droit à l’éducation en ciblant les plus vulnérables, d’adresser les différentes formes de violence en milieu scolaire, mais aussi de renforcer la résilience de l’école face aux urgences sanitaires et climatiques.
En effet, le réchauffement du climat pose un réel défi dans certaines zones du pays. A Bakel par exemple, le thermomètre affiche 40° le matin à 10h. Il n’est donc pas admissible de demander à un élève de quitter l’école à midi pour parcourir une longue distance et revenir à 15h.
Dans les îles du Saloum, les marées montent rapidement dans l’après-midi. Dans l’impossibilité de traverser le fleuve, les élèves de certains villages ont le choix entre rester à la maison ou partir à l’école avec le risque de ne pas rentrer le soir et donc la nécessité de trouver un abri en cas de besoin. La région de Saint Louis est confrontée à l’érosion côtière qui justifie la dégradation ou la fermeture de beaucoup d’écoles.
A ces questions s’ajoutent la privatisation de l’école qui tend vers une forme de marchandisation de l’éducation mais aussi les opportunités offertes par le numérique et les risques qu’il y a de creuser davantage les inégalités avec les nouvelles technologies. Ces points d’un enjeu majeur montrent l’urgence qu’il y a de dépasser les tensions sociales afin de faire jouer à l’école son rôle de formation du capital humain pour le développement du pays et de construction de réponses pertinentes face aux crises sociétales.
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