Le Sénégal est en pleine campagne électorale. A quelques jours du scrutin, les candidats au fauteuil présidentiel rivalisent de promesses et d’engagements. Même si une promesse électorale n’engage que celui qui y croit, comme on a coutume de dire, il n’en demeure pas moins que le futur président de la République ne peut être jugé et évalué que sur la base de ce qu’il a écrit dans son programme et de ses engagements lors des prises de parole publiques.
Le candidat de la majorité, Amadou Ba par exemple, promet un million d’emplois. Idem pour Serigne Mboup qui annonce le même nombre d’emplois avec la création de six pôles régionaux. Quant à l’opposant Bassirou Diomaye Faye, il veut doter le Sénégal de sa propre monnaie. De son côté, Khalifa Sall promet 2000 km de voies ferroviaires, mais aussi 1 milliard à chaque commune.
Pourtant, la réalisation de toutes ces promesses ainsi que des dizaines d’autres de différents candidats dépendent en grande partie d’un facteur : le capital humain. D’où l’importance d’un secteur stratégique qu’est l’éducation et la formation. Comment créer un million d’emplois si les jeunes sont sans qualification ou que la compétence ne répond pas aux besoins du marché ?
Comment industrialiser un pays qui compte plus de 80% de littéraires ? D’où viendront les ingénieurs et techniciens nécessaires à cette industrialisation ? Comment améliorer sensiblement la santé des Sénégalais si un problème de personnel se pose ? Comment augmenter la production et la productivité, si on ne s’appuie pas en amont sur la recherche scientifique et en aval sur des techniciens qualifiés pour booster les rendements ?
La réponse à toutes ces questions est tributaire de la qualité de l’éducation et de la formation. Le Sénégal est un pays où 75% de la population a moins de 35 ans et la moitié âgée de moins de 19 ans, autrement dit, l’âge scolaire. Ces 75% seront donc à la fois les acteurs et les bénéficiaires des politiques d’emplois.
Or, on constate malheureusement que le débat est très peu orienté sur l’école en ces temps de campagne. Certains candidats promettent la citoyenneté sans dire comment le faire. D’autres tablent sur la réforme des institutions, oubliant visiblement que les institutions ne seront que ce que les hommes en feront.
Dans une boutade, certains disent que si on amenait les Sénégalais au Japon et les Japonais au Sénégal, au bout de 10 ans, le Sénégal serait le Japon et vice-versa. Ici, c’est la question de l’homme, du citoyen qui se pose.
Pour réformer les institutions et développer le Sénégal, il faut d’abord dire avec qui cela se fera. En d’autres termes, quel type d’école pour quel citoyen ? Mais aussi quel type d’école pour quelle formation ? L’école (au sens global) est donc à la fois le lieu de la construction de la citoyenneté, mais aussi la fabrique des compétences.
En lieu et place des quelques lignes ou pages sur les programmes, les candidats devraient dire aux Sénégalais quelle est leur vision de l’école, quelle politique ils entendent mener. Va-t-on continuer avec le bourrage de crâne, cet encyclopédisme bien sénégalais ? Que fera-t-on de l’héritage colonial ? De la réussite de ce point sur l’école dépendra en grande partie les autres volets agricole, sanitaire, industriel…
C’est pourquoi d’ailleurs il est heureux de constater qu’à défaut de voir l’initiative de ce débat partir des candidats, les acteurs de l’école eux s’organisent pour amener les candidats à être plus concrets dans ce que sera l’école de demain. C’est tout le sens de cette table-ronde prévue ce jeudi 22 mars à Dakar. Les coalitions sont invitées à interagir avec la communauté éducative dans toutes ses composantes : jeunes, parents d’élèves, Ong, syndicats, partenaires techniques et financiers…
A la suite de cette activité, la Cosydep mettra en place un quartier général, pour mieux évaluer la part que les candidats accordent à l’éducation. Ce sera également un lieu pour recueillir les propositions des uns et des autres sur le devenir de l’école sénégalaise.
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