Le grand cadre, en opposant « Ouby tey grève tey », qui veut dire littéralement « Grève le jour de la rentrée des classes », à « Ouby tey diangue tey », qui veut dire démarrage des cours à l’ouverture des classes, risque de se mettre à dos une partie des parents d’élèves. Dans les quartiers de Hann Montagne et Dalifort, les personnes interrogées désapprouvent cette manière ironique de célébrer la rentrée des classes. Elles y voient un mauvais signe. Toutefois, quelques rares parmi elles tentent de donner des explications.
La vie continue à Hann Montagne après le passage de la houle géante. Des femmes vendent des cacahuètes, des beignets et des maïs de part et d’autre d’une ruelle sinueuse et sableuse. Sa largeur varie moins de 3 mètres par endroit. L’architecture des habitats n’est pas uniforme. L’alignement des habitations n’est pas régulier. Le quartier a été fondé en 1971. Son nom vient de la présence des dunes. Les pêcheurs portaient leurs filets sur l’épaule et escaladaient des élévations dunaires pour rejoindre le rivage. Tout cela a disparu. Mais ce n’est pas uniquement les dunes que ce quartier a perdues.
Dans le système éducatif, l’école Hann Montagne, qui était l’une des meilleures dans la région du Cap-Vert, a perdu son rang dans le classement des meilleurs établissements. Ici, la perte de cette place suscite toutes les controverses. L’ouverture des classes par une grève soulève des vagues d’incompréhensions. « Les enseignants se trompent de pays. Le Sénégal, à ma connaissance, n’est pas encore un pays développé. Dans les négociations, lors que vous obtenez 80 % de vos revendications, vous devez accepter de faire des concessions. « Ouby tey grève tey » ne se justifie pas », rejette Mbor Mbaye, considéré comme une mémoire de Hann Montagne.
Derrière l’école de Hann Montagne située en bordure de mer, dans sa partie relevée, à l’arrière-plage, sous un arbre, quelques hommes du 3e âge et des jeunes hument la brise marine dans la cour d’une mosquée qui offre une vue panoramique sur l’océan. Cet écosystème hante ces riverains ces derniers jours. Ils ne sont pas aussi désintéressés par les problèmes que traverse l’école.
Allongé sur une natte, la tête légèrement relevée, Saliou Diouf ne trouve pas de justification à une grève le jour de la rentrée des classes. « Je ne suis pas informé des résultats des examens de cette école cette année, mais il y a 3 ans, les résultats n’étaient pas fameux. De façon globale, l’école sénégalaise est en crise. Personne ne peut accepter que l’on débute une année scolaire par une grève. Les enseignants doivent accepter de mettre en avant l’intérêt des enfants et du pays », dénonce le vieux Diouf. Près de ce dernier, Masse Gaye tient le même langage. Chapelet à la main, le visage sur le rivage, Masse se projette dans le futur. « On dit souvent que ce sont les jeunes qui vont assurer la relève, si ces enfants ne sont pas formés, il va sans dire que nous n’aurons pas une bonne relève. C’est pour cette raison que l’ouverture des écoles par une grève n’est pas acceptable », défend-il.
L’inquiétude des parents d’élèves
Gorgui Diouf égrène tranquillement son chapelet. Il prête l’oreille aux interventions. Ce sérère qui se débrouille en français se démarque des prises de positions de son groupe. Il nous invite à transcender les faits circonstanciels pour analyser les causes structurelles. « Nous devons nous poser la question à savoir pourquoi les enseignants ont décidé de lancer « Ouby tey grève tey ». C’est parce que le gouvernement n’a pas respecté les accords qu’il a signés. Le métier d’enseignant est l’un des plus difficiles. Les enseignants sont très mal payés. Ils n’ont plus rien juste après la fin du mois. Beaucoup d’entre eux n’ont pas accès aux prêts Dmc. Beaucoup d’entre eux risquent de tomber dans la misère après la retraite », justifie Gorgui. Il ne s’arrête pas là. Son discours prend les allures d’une plaidoirie pour la défense d’une corporation qu’il estime la plus défavorisée de la Fonction publique. « Nous devons nous interroger sur le pourquoi il y a beaucoup plus de grèves dans le système éducatif que dans tous les autres corps de la Fonction publique », avance-t-il.
Loin de cette plage, à Dalifort, après les deux bassins de l’Agence de développement municipal (Adm), au bout la route dallée, deux vendeuses de friandises sont derrière leur table. L’avis de ces dernières sur « Ouby tey grève tey » est sans appel. Clémence Diouf et Awa Ndiaye ne voient pas d’un bon signe le démarrage des cours par des perturbations. « Ce n’est pas normal d’observer une grève le jour la rentrée des classes. C’est du jamais vu, du moins à ma connaissance. Je n’ai jamais entendu qu’il y a eu une grève le jour de la rentrée des classes. Si l’on débute l’année par une grève, cela veut dire qu’il y aura plus de perturbations en pleine année scolaire », clame Mme Diouf. Ces vendeuses, préoccupées par l’avenir de leurs enfants, craignent que ces cycles de grève ne se répercutent sur le niveau des élèves. « Je ne suis pas pour une ouverture des classes par une grève, parce que ce sont les élèves qui seront les grands perdants », a laissé entendre Awa Ndiaye. Le slogan « Ouby tey grève tey » n’est pas partagé par des Sénégalais. Par conséquent, les enseignants doivent accepter « Ouby tey diangue tey » lancé, en 2014, par le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam.
15 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2015 (17:31 PM)Lii Lanela,?
En Septembre, 2015 (17:48 PM)Ngor
En Septembre, 2015 (18:46 PM)Anonyme
En Septembre, 2015 (19:14 PM)Anonyme
En Septembre, 2015 (19:19 PM)Ils ont volé leurs salaires, car sans contre-partie.
Liti
En Septembre, 2015 (21:08 PM)Anonyme
En Septembre, 2015 (22:56 PM)Oubi Tey Greve Tey
En Septembre, 2015 (23:12 PM)"oubi Tey Teudj Tey"wala "oubi
En Septembre, 2015 (23:24 PM)Anonyme
En Septembre, 2015 (23:32 PM)Anonyme
En Septembre, 2015 (23:52 PM)Haïr Macky
En Septembre, 2015 (00:11 AM)Mome
En Septembre, 2015 (07:10 AM)Patriote Authentique
En Septembre, 2015 (09:15 AM)JE FAIS APPEL AU PATRIOTISME DES UNS DES AUTRES... SVP VOUS PRENEZ NOS ENFANTS EN OTAGE
Anonyme
En Septembre, 2015 (11:17 AM)Objectivement la question est de savoir qui à tort entre celui qui a suspendu sa lutte pour sauver une année et celui qui a tenu des promesses qu'il n'a pas respecté
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