Inspecteur de l’éducation à Mbacké, Bassirou Kassé trouve obligatoire d’aller vers la réforme de la pratique du certificat d’aptitude professionnel chez les enseignants. Pour lui, la méthode de mise actuellement est loin de satisfaire aux exigences de l’heure.
« Un esprit sain dans un corps sain ; la culture est au début et à la fin de tout développement voilà deux impératifs qui expliquent la présence inamovible de deux disciplines extrêmement importantes dans l’examen du CAP. Une débauche débordante d’énergie de la part des enseignants est alors déployée pour maitriser les contenus et les démarches de ces disciplines sans que l’on se demande réellement ce que le système y gagne.
Le système éducatif est dans un tournant décisif de son évolution, le PDEF malgré ses chevauchées significatives dans le domaine de l’accès, a lamentablement échoué dans le pari rêvé de la qualité. Le PAQUET qui vient d’être récemment implanté place la qualité de l’enseignement au centre de ses préoccupations. Les opportunités ne manquent pas ; les évaluations certificatives ont fini d’être arrimées à l’esprit du curriculum de l’éducation de base. N’est-il pas tant de faire de même pour le CAP ?
L’activité physique et sportive et l’éducation musicale ont toujours été inscrites dans tous les programmes qui se sont succédé au Sénégal. L’objectif était de détecter les talents naissants, de développer les potentialités des enfants pour former entre autres de futurs sportifs, de futurs artistes : « L’éducation physique et sportive exerce une influence bénéfique sur l’éducation intellectuelle…Elle se propose aussi de développer les qualités physiques de l’enfant, sa force, son adresse, son agilité tout en initiant aux différents sports » (Guide du CEB 1ère étape).
Choix pertinent ; cependant après plusieurs visites dans les classes et dans les cellules d’animation pédagogiques, le constat est là, persistant :
Les enseignants déjà certifiés ne déroulent presque plus ces deux disciplines ; rares sont ceux qui, (souvent par snobisme) font sortir les enfants mal vêtus et mal équipés pour les faire inlassablement courir, les faire jouer ; sans aucune préparation matérielle ; le temps pour ces enseignants de s’adonner à autre chose pour une bonne heure.
L’éducation musicale subit le même mépris ou pire. Ces enseignants certifiés l’ignorent royalement. Pour les candidats, le texte à faire chanter le jour de la commission est soigneusement dessiné et caché dans un coin de la classe ou gardé dans un endroit sûr à l’abri de la poussière et des rongeurs. Quelle farce !
Et pourtant, à l’école élémentaire, entre autres objectifs de cette activité, on peut noter : Le développement sensori-moteur de l’enfant, l’affinement de la perception auditive :, l’amélioration de la maîtrise de soi par une régulation des rythmes biologiques : la formation du goût, du jugement et du raisonnement, l’éveil de la sensibilité.
Les enseignants candidats au CAP, opportunistes, obligés de faire ces disciplines n’hésitent pas à puiser inexplicablement les ressources horaires consacrées à d’autres disciplines non moins importantes pour « monter des mécanismes » avec souvent comme objectif déclaré tout au long de l’année scolaire pour le PCME: « faire une touche ». Encore plus alarmant, il est fréquent de voir un enseignant candidat faire sortir les élèves tous les jours pour s’adonner à cette farce. Tout ceci au nez et à la barbe des directeurs et des inspecteurs sans que personne ne daigne lever le moindre petit doigt pour interdire ces pratiques bizarres et sans fondements psychopédagogiques.
La programmation des activités à dérouler dans les cellules d’animation pédagogique subit le même diktat des enseignants en attente de commission. Ces deux activités trouvent une place de choix dans ces planifications. Faites-en l’expérience en consultant les planifications des cellules qui vous sont soumises depuis cinq ans. N’eut été la percée du PREMST ce diktat aurait été plus flagrant.
Comment, stratégiquement dans les cellules d’animation pédagogiques programmer des activités qui sont volontairement soustraites de la pratique quotidienne de la majorité des enseignants ?
Il ressort de ce qui précède que les objectifs déclarés pour ces disciplines pourtant importantes sont aujourd’hui piétinés par certains enseignants. Les élèves, au lieu d’apprendre, subissent la tyrannie des montages de mécanisme qui,àmon sens, n’impactent pas réellement sur la qualité des enseignements apprentissages.
Qu’est- ce que le système y gagne réellement?
Nous semblons nous complaire dans ce complot, un avachissement dans le voyeurisme qui consiste à ne pas questionner une pratique que nous savons désuète.
Que faire ?
La tension actuelle de notre système éducatif vers une éducation de qualité nous oblige à ressasser et dépoussiérer tous les obstacles qui pourraient freiner son élan. Pour cela, il faudrait alors : faire revisiter davantage les productions faites dans le cadre de ces disciplines à travers les guides pédagogiques pour une intervention plus adaptée et plus avantageuse pour les apprenants ; réformer les textes qui organisent le CAP en appliquant un système de coefficients ;rendre obligatoire l’activité de lecture au même titre que le PCME et l’éducation musicale avec un coefficient élevé (3) ; maintenir une discipline en ESVS ; prendre en charge quelques aspects de la réforme (intégration, planification).
Les avantages de ces changements
Cette débauche débordante d’énergie accordée au PCME et à l’éducation musicale est logiquement transférée fondamentalement vers la lecture et les mathématiques. L’avantage est que les enseignants, désormais, feront systématiquement de vraies séances de lecture, revisiterons les fondements psychopédagogiques de cette discipline instrumentale, fondamentale pour l’émergence de la qualité, s’amélioreront considérablement à travers les interactions ;
Former des élèves lecteurs et intelligents (à travers les mathématiques) conduirait inéluctablement à une amélioration de la qualité ;
L’enseignement des mathématiques avec un coefficient aussi élevé connaitra les mêmes avancées ; par ricochet une amélioration sensible des enseignements apprentissages dans ce domaine stratégique donnerait plus de goût aux apprenants et contribuerait à atteindre un équilibre nécessaire entre filières scientifiques et littéraires du point de vue des effectifs tant au secondaire qu’à l’université.
Le bonus d’un point alloué aux enseignants faisant régulièrement des efforts dans l’application de la réforme favoriserait pour une bonne part l’application correcte du CEB ;
Les enseignants continueraient à s’investir dans les disciplines comme le PCME et l’éducation musicale
La liste n’est pas exhaustive ».
13 Commentaires
Ayoba
En Mai, 2014 (07:40 AM)Ayoba
En Mai, 2014 (07:54 AM)Lama
En Mai, 2014 (08:15 AM)Bak
En Mai, 2014 (08:18 AM)Babou
En Mai, 2014 (08:47 AM)Mbaye Dieye
En Mai, 2014 (09:10 AM)d'avoir posé le problème qui interpelle tous les acteurs du système.
Yahoudial215
En Mai, 2014 (10:14 AM)Inspecteur Gendarme
En Mai, 2014 (10:38 AM)Goudiaby2
En Mai, 2014 (11:41 AM)Jules Le Philosophe
En Mai, 2014 (14:15 PM)Azo
En Mai, 2014 (16:57 PM)Boubes
En Mai, 2014 (18:46 PM)les reformes dont tu fais allusion il faut les appliquer aux candidats que tu encadres....rien ne vous l’emperche.
Lakhaagna
En Août, 2015 (10:41 AM)Participer à la Discussion