Dans le film ‘’Un prince à New York’’, Akeem n’est qu’un pauvre employé de Cleo McDowell dont la tâche consiste à faire le ménage dans les locaux de l’entreprise. Il sera donc méprisé par son patron qui refuse que sa fille, Lisa, tombe amoureuse de lui, jusqu’à ce que McDowell découvre que Akeem est en réalité, le prince de Zamunda, une riche nation africaine. Le patron change alors totalement de position et se met au service de Akeem pour que le mariage avec sa fille ait lieu.
Lorsque John Landis réalisait ce film en 1988, il était sans doute loin de se douter qu’un jour l’Occident aurait en face de lui un autre prince du nom de Mohammed Ben Salmane qui lui n’est pas le fruit de la fiction. Comme Akeem a ses débuts, MBS a été considéré comme un paria par l’Occident, il y a juste 4 ans. Il n’était pas de la race de fréquentables, après la mort en 2018 du journaliste et opposant saoudien, Jamal Khashoggi. Le futur héritier de Salmane Ben Abdel Aziz est le principal suspect et l’Occident avait juré de lui faire payer cet assassinat.
Mais ça, c’était avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Avec cette guerre et les sanctions prises par les puissances occidentales, l’Europe ainsi que les Etats-Unis se retrouvent rapidement dans le piège du pétrole. Sur le marché international, les prix du pétrole flambent mettant à rude épreuve les consommateurs du monde entier.
Aux Etats-Unis, le choc est dur et Joe Biden doit trouver une solution pour baisser les prix afin de ne pas perdre les élections à mi-mandat. Il faut donc convaincre l’Arabie Saoudite de passer de 10 millions de barils de pétrole par jour à 13 millions pour limiter la flambée des prix.
En Europe, en plus du pétrole, une pénurie de gaz se pointe à l’horizon, car le vieux continent dépend du gaz russe pour assurer 40% de son énergie. Poutine sait qu’il tient le bon bout. Il fait tourner le robinet tantôt dans un sens (40% des capacités de North Stream), tantôt dans l’autre sens (20% des capacités). Il va même jusqu’à cesser d’approvisionner certains pays qui refusent ses conditions, afin que le message soit plus clair auprès des autres ‘’clients’’ européens.
Dans ce contexte, l’Occident se souvient qu’il y a un prince dont l’image n’est peut-être pas imprimée sur les billets de banque de son pays (akeem), mais qui dispose d’un produit stratégique : le pétrole. Ce prince-là s’appelle Mohammed Ben Salmane. L’indésirable devient alors un invité d’honneur. Dans les médias occidentaux, on dit de lui qu’il a du sang sur les mains.
Un voyage pour rien
Peu importe ! Le président de la plus grande puissance au monde se déplace de Washington à Riyad pour lui faire la cour. Face à MBS, c’est un check (poing contre poing) et une invite à ouvrir davantage les robinets du pétrole. Malgré le long voyage, Riyad va opposer un refus catégorique à Joe Biden, l’argument principal étant les accords passés avec les pays de l’Opep +.
Deux semaines après Biden en Arabie Saoudite, le monde regarde en direct non pas ‘’Un prince à New York’’, mais un prince à Paris. Emmanuel Macron dont on disait qu’il n’allait pas accueillir Ben Salmane au perron de l’Elysée va descendre toutes les marches des escaliers pour venir lui serrer la main, les deux mains même avant de l'entraîner au palais.
Des images qui font polémique dans une Occident qui affirmait jadis que la mort de Khashoggi ne resterait pas impunie. « Il ne s’agit pas de remettre en cause notre engagement en faveur des droits humains », soutient le premier ministre français Elisabeth Borne. Une déclaration qui vise plus à se donner bonne conscience, car Européens et Américains ont accepté de noyer leurs principes et valeurs dans les puits de pétrole de Ben Salmane. C’est ce qu’on appelle de la realpolitik.
En réalité, la défense des droits humains est un principe à géométrie variable à Paris, Londres ou Washington. Lorsque les valeurs concordent avec les intérêts de l’Occident, il y a beaucoup de bruit autour des soi-disant principes démocratiques. C’est le cas notamment en Afrique où les chefs d’Etat viennent en donneurs de leçon. Mais lorsque les intérêts sont en contradiction avec ce qui est prôné, le silence est d’or et l’Occident détourne le regard. La réhabilitation de Ben Salmane en est la plus parfaite illustration.
D’ailleurs, à y voir de plus près, les droits de l’homme et autres valeurs démocratiques servent plus à éliminer un adversaire. Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi ont été tués sous ce prétexte. Bachar Al Assad, Nicolas Maduro et tant d’autres ont failli en être victimes. Même face à la Chine et la Russie, à défaut d'arguments économiques face à la concurrence, l’Occident met en avant les droits humains. Pendant ce temps, des régimes autoritaires sont parrainés ou tolérés.
La famille de Khashoggi pensait certainement pouvoir compter sur l’Occident pour avoir justice. Elle vient de comprendre que, chez les champions du capitalisme, la seule valeur qui compte, c'est l'intérêt.
Lorsque John Landis réalisait ce film en 1988, il était sans doute loin de se douter qu’un jour l’Occident aurait en face de lui un autre prince du nom de Mohammed Ben Salmane qui lui n’est pas le fruit de la fiction. Comme Akeem a ses débuts, MBS a été considéré comme un paria par l’Occident, il y a juste 4 ans. Il n’était pas de la race de fréquentables, après la mort en 2018 du journaliste et opposant saoudien, Jamal Khashoggi. Le futur héritier de Salmane Ben Abdel Aziz est le principal suspect et l’Occident avait juré de lui faire payer cet assassinat.
Mais ça, c’était avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Avec cette guerre et les sanctions prises par les puissances occidentales, l’Europe ainsi que les Etats-Unis se retrouvent rapidement dans le piège du pétrole. Sur le marché international, les prix du pétrole flambent mettant à rude épreuve les consommateurs du monde entier.
Aux Etats-Unis, le choc est dur et Joe Biden doit trouver une solution pour baisser les prix afin de ne pas perdre les élections à mi-mandat. Il faut donc convaincre l’Arabie Saoudite de passer de 10 millions de barils de pétrole par jour à 13 millions pour limiter la flambée des prix.
En Europe, en plus du pétrole, une pénurie de gaz se pointe à l’horizon, car le vieux continent dépend du gaz russe pour assurer 40% de son énergie. Poutine sait qu’il tient le bon bout. Il fait tourner le robinet tantôt dans un sens (40% des capacités de North Stream), tantôt dans l’autre sens (20% des capacités). Il va même jusqu’à cesser d’approvisionner certains pays qui refusent ses conditions, afin que le message soit plus clair auprès des autres ‘’clients’’ européens.
Dans ce contexte, l’Occident se souvient qu’il y a un prince dont l’image n’est peut-être pas imprimée sur les billets de banque de son pays (akeem), mais qui dispose d’un produit stratégique : le pétrole. Ce prince-là s’appelle Mohammed Ben Salmane. L’indésirable devient alors un invité d’honneur. Dans les médias occidentaux, on dit de lui qu’il a du sang sur les mains.
Un voyage pour rien
Peu importe ! Le président de la plus grande puissance au monde se déplace de Washington à Riyad pour lui faire la cour. Face à MBS, c’est un check (poing contre poing) et une invite à ouvrir davantage les robinets du pétrole. Malgré le long voyage, Riyad va opposer un refus catégorique à Joe Biden, l’argument principal étant les accords passés avec les pays de l’Opep +.
Deux semaines après Biden en Arabie Saoudite, le monde regarde en direct non pas ‘’Un prince à New York’’, mais un prince à Paris. Emmanuel Macron dont on disait qu’il n’allait pas accueillir Ben Salmane au perron de l’Elysée va descendre toutes les marches des escaliers pour venir lui serrer la main, les deux mains même avant de l'entraîner au palais.
Des images qui font polémique dans une Occident qui affirmait jadis que la mort de Khashoggi ne resterait pas impunie. « Il ne s’agit pas de remettre en cause notre engagement en faveur des droits humains », soutient le premier ministre français Elisabeth Borne. Une déclaration qui vise plus à se donner bonne conscience, car Européens et Américains ont accepté de noyer leurs principes et valeurs dans les puits de pétrole de Ben Salmane. C’est ce qu’on appelle de la realpolitik.
En réalité, la défense des droits humains est un principe à géométrie variable à Paris, Londres ou Washington. Lorsque les valeurs concordent avec les intérêts de l’Occident, il y a beaucoup de bruit autour des soi-disant principes démocratiques. C’est le cas notamment en Afrique où les chefs d’Etat viennent en donneurs de leçon. Mais lorsque les intérêts sont en contradiction avec ce qui est prôné, le silence est d’or et l’Occident détourne le regard. La réhabilitation de Ben Salmane en est la plus parfaite illustration.
D’ailleurs, à y voir de plus près, les droits de l’homme et autres valeurs démocratiques servent plus à éliminer un adversaire. Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi ont été tués sous ce prétexte. Bachar Al Assad, Nicolas Maduro et tant d’autres ont failli en être victimes. Même face à la Chine et la Russie, à défaut d'arguments économiques face à la concurrence, l’Occident met en avant les droits humains. Pendant ce temps, des régimes autoritaires sont parrainés ou tolérés.
La famille de Khashoggi pensait certainement pouvoir compter sur l’Occident pour avoir justice. Elle vient de comprendre que, chez les champions du capitalisme, la seule valeur qui compte, c'est l'intérêt.
15 Commentaires
Senegal
En Juillet, 2022 (10:41 AM)Reply_author
En Juillet, 2022 (11:25 AM)Mimi
En Juillet, 2022 (11:17 AM)Yewwi
En Juillet, 2022 (11:36 AM)Maa
En Juillet, 2022 (11:45 AM)Lueur D’espoir
En Juillet, 2022 (11:52 AM)Toure Assane
En Juillet, 2022 (12:19 PM)😀
Mbs
En Juillet, 2022 (13:51 PM)