« L’axe de coopération entre Dakar et Paris doit être dépouillé de ses tares et questionné à l’aune de l’ensemble des configurations géopolitiques possibles ». Le point de vue est soutenu par Al Hassane Niang, consultant et spécialiste de la gouvernance publique et des réformes Institutionnelles qui travaille depuis une quinzaine d’années dans l’accompagnement des Etats ACP (Afrique, Caraïbes, Pacific), dans la mise en œuvre de réformes et politiques publiques.
Dans un entretien publié par Influences Magazine qui le classe parmi les 50 personnalités les plus influentes de l’Afrique de l’ouest, Al Hassan Niang tire quelques enseignements de la gestion de la pandémie de Covid-19 en Afrique.
« Il est vrai que la pandémie liée à la Covid-19 n’a épargné aucun continent. Si elle a été moins létale en Afrique que dans le reste du monde, pour des raisons que la science pourra trouver un jour, la pandémie aura en revanche mis en évidence les faiblesses conjoncturelles et structurelles des économies africaines qui, dans certains cas, ont été durement voire sévèrement éprouvées », analyse, d’emblée, le spécialiste en réforme institutionnelle et gouvernance publique, Directeur général de B&S Europe et Directeur des programmes et projets de réforme institutionnel des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Al Hassan Niang note toutefois que « Certains pays auront cependant réussi à tirer un profit salvateur de la crise mettant en exergue les forces de résilience et les potentialités insoupçonnées des économies africaines. Sous ce rapport, la crise sanitaire constitue pour le continent une nouvelle source de lecture et d’enseignement de l’économie politique. L’application de cette dernière doit être envisagée en termes de nouveaux outils au plan financier, organisationnel, juridique et institutionnel tels que pensée par les africains et pour l’Afrique (…) », énumère-t-il.
« Les forces de résilience ont permis à l’Afrique de résister aux chocs »
Faisant l’historique des deux types de coopération que le Sénégal entretient avec l’Union européenne (UE) d’une part, la France d’autre part, Al Hassane Niang estime que « cette coopération doit être repensée en profondeur pour éviter le piège de l’institutionnalisation du sous-développement. La question doit être abordée et réglée dans les deux sens en mettant l’accent sur l’efficacité et l’effectivité du bénéfice de cette coopération. Pour cause, avec six décennies de pratique souveraine, le constat est que le Sénégal se trouve encore en situation de dépendance à l’aide au développement. Aussi j’ignore si l’Hexagone est un allié de taille pour le Sénégal sur le plan économique ; mais il est clair que l’axe de coopération entre Dakar et Paris doit être dépouillé de ses tares et questionné à l’aune de l’ensemble des configurations géopolitiques possibles ».
A la jeunesse africaine, le spécialiste de la gouvernance publique et des réformes institutionnelles lance un message d'espoir. Il pense que « Malgré les obstacles, les forces de résilience ont permis à l’Afrique de résister aux chocs. Elles lui permettent de plus en plus d’aborder les enjeux qui se dressent face à son développement. La jeunesse africaine doit être consciente de son rôle. Elle doit relever les défis de maîtrise des technologies nouvelles, de l’innovation et de la créativité. En effet, si les sous-sols du continent africain regorgent de richesses multiples, elles ne réussiront à produire leurs effets que si elles participent à l’acquisition du savoir pour la jeunesse ».
Toujours dans les colonnes du magazine, le Directeur des programmes et projets de réforme institutionnelle des pays ACP invite les africains à un retour à la terre: « Les populations doivent investir de façon résolue le secteur agricole avec de nouvelles approches ainsi que des nouvelles techniques qui garantiront son développement. Le contexte actuel constitue une chance pour l’Afrique. Plus que jamais, le continent doit trouver sa voie, fonder son propre modèle et appréhender les enjeux de son développement avec courage et détermination. Ceci passera par des réformes en profondeur sur toutes les questions essentielles mais aussi par des politiques publiques qui mettent les populations au centre de leurs préoccupations. Enfin, la transformation des matières premières doit être érigée au rang de principe de gouvernance et de priorité en termes de politique publique au regard de ses multiples bénéfices pour le continent ».
Directeur Général de B&S Europe depuis 2018, Al Hassane Niang, fort de quatorze années d'expérience avec la Commission européenne, dirige et coordonne depuis Bruxelles les activités et intervient dans l’action des partenaires techniques et financiers (PTF) en soutien aux Etats ACP dans leurs efforts de développement.
6 Commentaires
Soundiata
En Avril, 2021 (17:21 PM)Prési Aw
En Avril, 2021 (17:28 PM)Tres Bon
En Avril, 2021 (17:46 PM)Bonne continuation jeune homme.
Soundiata
En Avril, 2021 (22:12 PM)Coulouthiès
En Avril, 2021 (09:06 AM)Participer à la Discussion