Acteurs incontournables dans la production musicale, les paroliers ou ghostwriters donnent de la matière aux ténors de la musique comme Youssou Ndour, Baba Maal… Aujourd’hui, ils sont courus par la jeune génération. L’Observateur fait une Immersion dans un métier inconnu du public.
Parmi eux, le journal du Groupe futurs médias (GFM) a donné la parole à Kruh Mandy Mory. Cheikh Tidiane Kourouma, de son vrai nom, a rédigé les paroles du morceau « Idda » interprété par l’étoile montante de la musique sénégalaise, Mia Guissé. Bien accueillie par les mélomanes, la chanson évoque la souffrance accrue d’une femme détruite par le mariage mais qui, fraîchement divorcée, attend avec impatience l’échéance de la date de viduité, pour enfin s’affranchir de cette spirale sans fin.
«Cest moi qui ai écrit le morceau. Je me rap-pelle, Mia Guissé venait fraichement de di-vorcer. Elle venait aussi d'entamer sa carrière solo, confirme-t-il. Elle est venue me voir et m'a dit qu'elle veut sortir un morceau intitulé ‘’Idda’’. »
Il poursuit : « Dans un premier temps, le mot ne me disait rien. Je ne connaissais même pas la signification. Mais, je l’ai rassurée. »
Il a fallu, concède le parolier, qu’il fasse appel à sa grande sœur, qui a vécu les mêmes tourments, afin de s’imprégner du sujet. C’est ainsi que dès le lendemain, au réveil, enchaîne Kourouma, il a rallié la plage de la BCEAO, laissant son imagination parler.
«J'ai plusieurs fois été témoin de cas de maltraitances subies par des fermes. J'ai été témoin de la souffrance de ma grande sœur, fraîchement divorcée. J'ai imaginé chaque phrase en pensant à l'état de détesse de Mia», se rappelle-t-il, ajoutant qu’il a concocté le texte en 02 heures.
Fort d’une expérience professionnelle de 10 ans, Kourouma est derrière les succès des titres « Superman Love » de Pape Diouf, « Madame Bonheur » de l’artiste compositrice Adiouza, « Dara xewoul » de Dieyna Baldé, entre autres.
«J'ai commencé à écrire à l'âge de 11 ans. J'ai commencé par les poèmes que j'écrivais pour mes amis. En grandissant, j'ai eu l’idée de monnayer mon talent», explique-t-il. Confiant qu’il s’inspire aussi de son vécu : « J’ai été orphelin à bas âge. J’ai vécu l’abandon. J’étais livré à mon propre sort J’ai même mendié pour manger. J’ai eu une enfance difficile. J’ai commencé à connaître l’homme. De plus, j’ai grandi à la Médina, un quartier populaire au cœur des faits divers. »
L’Observateur a aussi donné la parole à Bakhaw. Le rappeur de Dabrains arbore ici sa casquette de parolier. Après avoir composé pour la reine du « Djoloff Band », Viviane Chidid, il est derrière le dernier morceau « Gauche ou droite » de Mia Guissé, qui fait l’objet d’une vive polémique.
«Je m'inspire de tout et de rien. Je ne me donne pas de limites. Je me fonds juste dans la société sénégalaise, et j'écris des textes qui reflètent la société », répond Bakhaw. Qui dit « s’inspirer de son vécu » mais aussi de « ses connaissances musicales » acquises dans ce milieu à travers « une solide expérience » et « ses voyages dans plusieurs pays ».
Birame Ndeck Ndiaye est réputé dans ce milieu. Il a écrit des paroles de chansons pour de grands artistes comme Youssou Ndour, feu Thione Seck, Omar Pène, Baba Maal, entre autres. Tout comme les deux premiers, l’écriture est un don chez lui : «Quand l'inspiration vient, elle ne vous avertit pas. Je ne dirais pas que c'est à une heure précise ou une autre, la nuit ou le jour. Ce n'est pas quelque chose que l'on déclenche. Il faut être là au bon moment. Puis, savoir tout de suite ramasser tout cela et mettre en ordre quand ça arrive, Il faut savoir aussi observer autour de soi. L'écriture est une question de sensibilité. Il faut ressentir quelque chose : plaisir, joie. Elle peut aussi venir d'une situation d'injustice. Maintenant, il y a le vécu de l'individu. Son passé, l'expérience de la personne. »
Au-delà de « savoir écrire des textes avec des rimes libres ou suivies comme dans les poèmes », le parolier doit avoir une bonne culture générale, insiste ce dernier. « Je me suis toujours intéressé à la lecture depuis le bas âge, et c’est une aubaine pour moi. J’ai été parmi les lauréats du concours général de philosophie. C’est aussi un avantage », explique-t-il avant de poursuivre :
« Quand vous écoutez aussi les rappeurs, vous savez qu’ils ont une analyse forte. La chance qu’ils ont, c’est qu’ils ont été un peu loin à l’école. Certains mêmes jusqu’à l’université. Quand on a une large culture générale, on produit des textes riches qui apportent des enseignements aux récepteurs. »
Autre élément important, il insiste sur l’aspect technique, indiquant qu’« il faut pouvoir distinguer le style et le niveau de l’artiste pour qui ont écrit » parce que « l’artiste, c’est d’abord sa voix. Il faut identifier si elle est un ténor, un alto, soprano ou mezzo-soprano », justifie-t-il.
Birame Ndeck Ndiaye conseille à la jeune génération d’éviter de verser dans la vulgarité. «ce que vous écrivez n'est pas pour vous-même. Ça ne sert à rien de heurter. On peut faire du bon et du beau en même temps. Il faudrait que cela soit intemporel et qu'il transcende les époques. Ce que nous écrivens, ne nous appartient plus une fois sorti. Alors le plus important, ce n'est pas seulement l'émetteur, mais celui qui reçoit. Il faut arriver à atteindre la sensibilité du public ou de l'auditeur», sensibilise-t-il.
Quid des tarifs ? Kourouma confie qu’il se fait payer sur la base du nombre de vues sur la plateforme YouTube. « Si le son fait un million de vues, l’artiste doit me payer 800 mille francs CFA. Si l’artiste me remet son top-line, il me paiera moins, ainsi de suite. La rémunération varie de 500 à 900 mille », estime-t-il.
« Je peux écrire un texte et l’offrir à un artiste. Je ne le fais pas pour de l’argent. Je peux aussi réclamer 5 millions », renchérit Bakhaw. Qui regrette toutefois « qu’un métier aussi noble ne soit pas accompagné de la reconnaissance du grand public voire de certains artistes. »
Birame Ndeck Ndiaye, qui a mis sa carrière en veilleuse, après plus de 40 ans, pour se consacrer à ses projets personnels, dont sa thèse de doctorat d’état en Droit, plaide pour « une meilleure situation » des paroliers et autres membres du corps musical. « En fin de carrière, ils se retrouvent à solliciter des cagnottes pour se soigner. Ils doivent bénéficier de coopérative d’habitats et autres assurances pour être à l’abri », martèle-t-il.
Parmi eux, le journal du Groupe futurs médias (GFM) a donné la parole à Kruh Mandy Mory. Cheikh Tidiane Kourouma, de son vrai nom, a rédigé les paroles du morceau « Idda » interprété par l’étoile montante de la musique sénégalaise, Mia Guissé. Bien accueillie par les mélomanes, la chanson évoque la souffrance accrue d’une femme détruite par le mariage mais qui, fraîchement divorcée, attend avec impatience l’échéance de la date de viduité, pour enfin s’affranchir de cette spirale sans fin.
«Cest moi qui ai écrit le morceau. Je me rap-pelle, Mia Guissé venait fraichement de di-vorcer. Elle venait aussi d'entamer sa carrière solo, confirme-t-il. Elle est venue me voir et m'a dit qu'elle veut sortir un morceau intitulé ‘’Idda’’. »
Il poursuit : « Dans un premier temps, le mot ne me disait rien. Je ne connaissais même pas la signification. Mais, je l’ai rassurée. »
Il a fallu, concède le parolier, qu’il fasse appel à sa grande sœur, qui a vécu les mêmes tourments, afin de s’imprégner du sujet. C’est ainsi que dès le lendemain, au réveil, enchaîne Kourouma, il a rallié la plage de la BCEAO, laissant son imagination parler.
«J'ai plusieurs fois été témoin de cas de maltraitances subies par des fermes. J'ai été témoin de la souffrance de ma grande sœur, fraîchement divorcée. J'ai imaginé chaque phrase en pensant à l'état de détesse de Mia», se rappelle-t-il, ajoutant qu’il a concocté le texte en 02 heures.
Fort d’une expérience professionnelle de 10 ans, Kourouma est derrière les succès des titres « Superman Love » de Pape Diouf, « Madame Bonheur » de l’artiste compositrice Adiouza, « Dara xewoul » de Dieyna Baldé, entre autres.
«J'ai commencé à écrire à l'âge de 11 ans. J'ai commencé par les poèmes que j'écrivais pour mes amis. En grandissant, j'ai eu l’idée de monnayer mon talent», explique-t-il. Confiant qu’il s’inspire aussi de son vécu : « J’ai été orphelin à bas âge. J’ai vécu l’abandon. J’étais livré à mon propre sort J’ai même mendié pour manger. J’ai eu une enfance difficile. J’ai commencé à connaître l’homme. De plus, j’ai grandi à la Médina, un quartier populaire au cœur des faits divers. »
L’Observateur a aussi donné la parole à Bakhaw. Le rappeur de Dabrains arbore ici sa casquette de parolier. Après avoir composé pour la reine du « Djoloff Band », Viviane Chidid, il est derrière le dernier morceau « Gauche ou droite » de Mia Guissé, qui fait l’objet d’une vive polémique.
«Je m'inspire de tout et de rien. Je ne me donne pas de limites. Je me fonds juste dans la société sénégalaise, et j'écris des textes qui reflètent la société », répond Bakhaw. Qui dit « s’inspirer de son vécu » mais aussi de « ses connaissances musicales » acquises dans ce milieu à travers « une solide expérience » et « ses voyages dans plusieurs pays ».
Birame Ndeck Ndiaye est réputé dans ce milieu. Il a écrit des paroles de chansons pour de grands artistes comme Youssou Ndour, feu Thione Seck, Omar Pène, Baba Maal, entre autres. Tout comme les deux premiers, l’écriture est un don chez lui : «Quand l'inspiration vient, elle ne vous avertit pas. Je ne dirais pas que c'est à une heure précise ou une autre, la nuit ou le jour. Ce n'est pas quelque chose que l'on déclenche. Il faut être là au bon moment. Puis, savoir tout de suite ramasser tout cela et mettre en ordre quand ça arrive, Il faut savoir aussi observer autour de soi. L'écriture est une question de sensibilité. Il faut ressentir quelque chose : plaisir, joie. Elle peut aussi venir d'une situation d'injustice. Maintenant, il y a le vécu de l'individu. Son passé, l'expérience de la personne. »
Au-delà de « savoir écrire des textes avec des rimes libres ou suivies comme dans les poèmes », le parolier doit avoir une bonne culture générale, insiste ce dernier. « Je me suis toujours intéressé à la lecture depuis le bas âge, et c’est une aubaine pour moi. J’ai été parmi les lauréats du concours général de philosophie. C’est aussi un avantage », explique-t-il avant de poursuivre :
« Quand vous écoutez aussi les rappeurs, vous savez qu’ils ont une analyse forte. La chance qu’ils ont, c’est qu’ils ont été un peu loin à l’école. Certains mêmes jusqu’à l’université. Quand on a une large culture générale, on produit des textes riches qui apportent des enseignements aux récepteurs. »
Autre élément important, il insiste sur l’aspect technique, indiquant qu’« il faut pouvoir distinguer le style et le niveau de l’artiste pour qui ont écrit » parce que « l’artiste, c’est d’abord sa voix. Il faut identifier si elle est un ténor, un alto, soprano ou mezzo-soprano », justifie-t-il.
Birame Ndeck Ndiaye conseille à la jeune génération d’éviter de verser dans la vulgarité. «ce que vous écrivez n'est pas pour vous-même. Ça ne sert à rien de heurter. On peut faire du bon et du beau en même temps. Il faudrait que cela soit intemporel et qu'il transcende les époques. Ce que nous écrivens, ne nous appartient plus une fois sorti. Alors le plus important, ce n'est pas seulement l'émetteur, mais celui qui reçoit. Il faut arriver à atteindre la sensibilité du public ou de l'auditeur», sensibilise-t-il.
Quid des tarifs ? Kourouma confie qu’il se fait payer sur la base du nombre de vues sur la plateforme YouTube. « Si le son fait un million de vues, l’artiste doit me payer 800 mille francs CFA. Si l’artiste me remet son top-line, il me paiera moins, ainsi de suite. La rémunération varie de 500 à 900 mille », estime-t-il.
« Je peux écrire un texte et l’offrir à un artiste. Je ne le fais pas pour de l’argent. Je peux aussi réclamer 5 millions », renchérit Bakhaw. Qui regrette toutefois « qu’un métier aussi noble ne soit pas accompagné de la reconnaissance du grand public voire de certains artistes. »
Birame Ndeck Ndiaye, qui a mis sa carrière en veilleuse, après plus de 40 ans, pour se consacrer à ses projets personnels, dont sa thèse de doctorat d’état en Droit, plaide pour « une meilleure situation » des paroliers et autres membres du corps musical. « En fin de carrière, ils se retrouvent à solliciter des cagnottes pour se soigner. Ils doivent bénéficier de coopérative d’habitats et autres assurances pour être à l’abri », martèle-t-il.
14 Commentaires
Parolier
En Juin, 2024 (03:00 AM)Reply_author
En Juin, 2024 (05:18 AM)Reply_author
En Juin, 2024 (07:58 AM)Reply_author
En Juin, 2024 (09:59 AM)?
En Juin, 2024 (08:01 AM)Otis Mbaye
En Juin, 2024 (09:08 AM)Diego
En Juin, 2024 (10:16 AM)Kourouma Amadou
En Juin, 2024 (12:20 PM)Kourouma Amadou
En Juin, 2024 (12:20 PM)Kourouma Amadou
En Juin, 2024 (12:20 PM)Kourouma Amadou
En Juin, 2024 (12:20 PM)Participer à la Discussion