Ne jugez pas un livre à son titre. En lisant « Le dîner à la Maison Blanche attendra », certains pourraient croire qu’il s’agit d’un ouvrage sur la gastronomie ou, pour les adeptes d’interprétations fertiles, d’une anecdote inédite, comme il en dévoile souvent, de Madiambal Diagne sur une visite officielle d’un chef d’État sénégalais à la présidence des États-Unis.
Pourtant, ce roman, le quatrième ouvrage de l’Administrateur général du Groupe Avenir Communication, se démarque radicalement de ses précédents écrits, souvent ancrés dans des genres proches de sa carrière journalistique.
Avec ce récit de fiction, Madiambal Diagne s’aventure sur un terrain où il conjugue imaginaire et réflexion sociale.
Un roman ancré dans les réalités sociales
« Le dîner à la Maison Blanche attendra » narre le parcours tumultueux d’Aissata Kéthiel, une jeune femme originaire du Fouta. Issue d’un environnement patriarcal, elle est contrainte d’abandonner ses études pour se marier à un expatrié. Ce mariage imposé, où l’amour est inexistant, se transforme rapidement en calvaire, aggravé par un viol. Malgré une plainte déposée, l’affaire reste sans suite. Une illustration des lenteurs judiciaires au Sénégal.
L’histoire d’Aissata Kéthiel prend un tournant lorsqu’elle croise un jeune instituteur fraîchement affecté dans son village.
Leur rencontre, empreinte d’une attirance mutuelle instantanée, est l’un des rares moments de bonheur pour la protagoniste. Mais unie de force à un autre homme, elle est obligée de vivre une histoire d’amour clandestine avec cet enseignant. Cette relation, marquée par une grossesse tragique, finit par déclencher la colère de son père. Ce dernier, considérant l’adultère et l’infanticide comme des affronts insupportables, chasse sa fille et sa femme, jugée complice de ce « déshonneur ».
Un exil plein d’espoirs et de désillusions
Livrées à elles-mêmes, Aissata et sa mère se réfugient à Saint-Louis, où elles tentent de reconstruire leur vie en ouvrant une petite activité commerciale. Mais ce semblant de stabilité ne suffit pas à combler les aspirations d’Aissata, qui rêve d’un avenir meilleur. Portée par le désir d’explorer de nouveaux horizons, elle décide de quitter le Sénégal en renonçant à la voie légale pour s’aventurer dans la migration irrégulière. Cependant, elle écarte les routes maritimes ou sahariennes traditionnelles au profit d’un itinéraire plus atypique : le Nicaragua.
Cette nouvelle aventure, empreinte de découvertes, d’injustices et de déceptions, devient le symbole des espoirs et des désillusions d’une jeunesse en quête d’un avenir meilleur.
« Ce roman n’est pas une fiction »
Pour présenter ce roman, Madiambal Diagne a choisi l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Me Aissata Tall Sall. Ce choix, hautement symbolique (en plus, sans doute, de partager le même prénom que le personnage principal), réside dans le profil unique de cette dernière, qui cumule les casquettes d’avocate, de militante des droits des femmes et d’ex-cheffe de la diplomatie sénégalaise, dotée d’une expertise approfondie sur les enjeux de la migration irrégulière. Lors de la cérémonie de lancement, Me Aissata Tall Sall a salué un ouvrage qu’elle a qualifié de « vrai », malgré son caractère fictionnel. Elle a insisté sur la pertinence du roman dans sa capacité à décrire avec justesse des réalités sociétales. « Ce roman n’est pas une fiction, il est adossé aux dures réalités que les sénégalais vivent. Maintenant, ça a été sa manière de faire que tous les Sénégalais puissent se pencher sur cette lancinante question : ‘que faut-il faire ?’face à la migration irrégulière » a-t-elle déclaré.
Une réflexion sur les causes profondes
Interrogé sur les messages portés par son livre, Madiambal Diagne a appelé à une dépolitisation de la question de la migration irrégulière. Il invite les lecteurs à explorer les causes sociologiques, économiques et culturelles qui poussent tant de jeunes à risquer leur vie pour un avenir hypothétique. Son roman se veut une contribution à un débat national sur les solutions à apporter à cette tragédie humaine.
4 Commentaires
Bravo a Madiamal et Aissata pour sa présentation Magistrale
Ibou
il y a 2 jours (08:34 AM)Ibson
il y a 2 jours (09:19 AM)L'homme s'est rendu compte qu'être mercenaire de la plume et bénéficier des largesses indues et issues de la corruption et du clientélisme politique ne paient plus.
Quelle que soit la crédibilité de cet ouvrage, je doute qu'il ne donne pas envie à grand monde de le lire, son auteur ayant perdu le peu de crédibilité qui lui restait.
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il y a 2 jours (13:55 PM)Participer à la Discussion