Artiste sénégalais résident à Ngaparou, il s'est imposé par son travail. Ayant taquiné l'art depuis son jeune âge, Mame Baye Fall enrichit ses œuvres musicales au gré de ses découvertes.
Designer, calligraphe, accessoiriste, décorateur, peintre, dessinateur, Mame Baye Fall est un artiste touche à tout. Au début, il produisait des accessoires, des tableaux d'art, entre autres. Durant plus de 10 ans, il s'est formé et s'est perfectionné dans des écoles d'art. Passionné, Mame Baye Fall, de son nom d'artiste est attiré par tout ce qui touche à l'art.
C'est en classe de 3ème secondaire qu'il abandonne l'école. Bien qu'étant un bon élève, il décide de quitter parce qu'il avait échoué au Bfem alors que tous ses amis avaient réussi et avaient même changé d'école.
"J'ai étudié jusqu'en classe de 3ème secondaire et j'ai laissé tomber. Parce qu'à la rentrée, je n'ai trouvé aucun de mes anciens camarades de classe. Ils étaient tous partis. J'ai été découragé en venant m'inscrire. Comme je touchais petit à petit à la création d'art, je me suis lancé", raconte-t-il. Il se consacre au dessin, au design...
En 1995, il se retire du monde du design et se lance dans la musique. Il anime une émission de radio à Jappoo Fm durant cinq ans. Son contact avec l'animation radio lui révèle ce qu'il porte en lui : l'élégance d'une voix faite pour être écoutée. Il se découvre alors des talents de chanteur. Sa fibre artistique était plutôt penchée pour la musique rap. Il évolue dans un Crew.
"La musique est de nature jalouse. Elle prend tout mon temps. J'ai tout laissé pour me consacrer à ma passion", assure-t-il.
Après quelques années à faire du rap, il s'impose un break. Il se retire alors du monde musical pour se consacrer à une vie spirituelle. Durant 17 ans, Baye Fall apprend les enseignements et fondements de la vie de Mame Cheikh Ibrahima Fall. "J'allais aux champs, j'ai demandé l'aumône. J'ai fait du 'tarbiya' et j'étais à la disposition de mon marabout. Un Baye Fall a de la valeur. Soit on le lui donne ou on lui en prive, mais il a de la valeur. Mais Baye Fall ne rime pas avec facilité", confie-t-il. Au daara, Mame Baye vit au rythme des 'thiants'.
La révélation...
Après 17 ans d'apprentissage, il décide de se consacrer à sa passion. Ce fût le début d'une grande aventure, celle d'un passionné de reggae, c'était en 2000.
Plus tard, il se retrouve en Gambie où il se rend pour mieux apprendre et connaître le reggae. Il découvre ce style et décide de s'y consacrer entièrement. Les répétitions et concerts lui permettent de gagner en confiance et, à son retour au Sénégal, il se lance.
"C'est mon destin de faire du reggae. J'entendais ma mère fredonner des chansons et j'ai grandi dans cette atmosphère artistique", se rappelle-t-il.
Mais il est plus influencé par son idole Sizzla Kalonji, un reggaeman jamaïcain. Pour lui, le reggae ne se limite pas à Bob Marley, ou à Alpha Blondy, ou Tiken Jah Facoly. "Nous avons de la reconnaissance pour Bob Marley, mais moi, Sizzla Kalonji est ma référence dans le milieu reggae. Mon grand souhait c'est de le rencontrer un jour", prie Mame Baye Fall.
Grâce à son expérience artistique et à son éducation spirituelle, il se forge au fil des années dans l'univers du reggae. Au gré de ses voyages en France pour participer à des festivals, il se fait connaître à l'étranger. Ses armes : son amour pour le style reggae, sa fibre artistique et son solide aplomb.
Adepte du rastafarisme, dont la devise est ''Peace, Love and Harmony", Baye Fall qui a vécu une jeunesse modelée dans la spiritualité, estime que la paix, l'unité, l'amour, l'entraide sont partie intégrante du reggae. Des thèmes qu'il clame haut et fort dans ses chansons.
Silhouette frêle, regard rêveur, dreadlocks qui dépassent les hanches, Mame Baye déborde de joie de vivre. Il a du talent et sa fascination pour Sizzla Kalonji le pousse à arborer le même style du turban de 'Bobo dread' du reggaeman jamaïcain.
Quelques notes par-ci, une voix par-là et un morceau de reggae prend vie, chez Mame Baye Fall. De son vrai nom Abdou Kader Thiam, l'artiste dit vouloir transmettre de l'émotion. D'ailleurs, il étonne par la franchise dans ses textes et fascine par leur richesse.
Baye Fall grandit aux Parcelles assainies avant de s'installer à Thiès 6 ans durant
"En 2003, je vendais du café dans mon quartier aux Parcelles assainies. Après cinq ans de vente de café à Dakar, j'explore le marché thiessois. Je suis resté six ans à Thiès pour vendre du café. Puis je suis revenu à Dakar", raconte Baye Fall. Son addiction au café lui causera quelques soucis de santé.
"Je ne buvais que du café et je ne mangeais pas. J'oubliais de boire de l'eau à cause du café. Finalement j'ai eu des problèmes de reins. Ma créatinine était à 98%. J'ai été hospitalisé. J'utilisais du citron et c'est ce qui m'a d'ailleurs aidé à guérir", se remémore Baye Fall.
Le reggae, un style pas bien vulgarisé au Sénégal
Ses chansons passent déjà sur certaines chaînes de télévision. Pour Mame Baye, le Sénégal a des artistes de reggae très talentueux. Malheureusement, la production artistique fait généralement défaut. Il dénonce ces acteurs ‘vers de terre’ qui sont en train de se nourrir du reggae et qui ne nourrissent pas le reggae.
"Certains vivent du reggae mais ne font pas vivre le reggae. Aussi, il n'y a pas d'unité entre les artistes et y a trop de divergences basées sur des futilités. La plupart qui sont dans le reggae ont aussi un concept rap. Alors que le concept des deux genres musicaux est différent. Le reggae, on parle de Peace, Love and Harmony alors que le rap c'est le Gangsta. C'est des chemins différents", commente l'artiste.
Selon lui, les reggaemen doivent aborder des thèmes qui intéressent la population et qui sont censés apporter un sursaut de changement et de prise de conscience.
En 2014 il sort un single "Fi bo fi deh rasta" : il y dénonce la marginalisation que subissent les rastamen. "On ne te voit pas comme une bonne personne. J'ai vécu cela. Un ami me disait de l'attendre au coin de la rue de peur que son oncle me voie avec lui. Dans les moyens de transport, on t'évite comme si tu transportais la poisse", confie le rasta.
Une anecdote sur ses rastas : " un jour j'ai entendu quelqu'un narguer en disant que mes rastas ne ressemblaient pas à ceux de Ferdinand Coly qui étaient plus propres. On taxe les rastas de fumeurs de yamba, de buveurs d'alcool. Alors que le style rasta invite à la paix, à l'amour, à la sociabilité, à l'entraide, au partage. Rasta c'est un concept "I and I, je suis toi, tu es moi".
Baye Fall ne fait pas dans la langue de bois. L'autre constat fait par le chanteur est que même si les talents sont là, rares sont les temps d'antenne accordés aux produits reggae dans les radios et télévisions.
"Ils préfèrent diffuser des Jamaïcains (plutôt) que les artistes sénégalais. Certaines personnes reçoivent des faveurs au nom du reggae alors qu'ils ne font pas vivre le reggae", se désole-t-il.
'Adouna' : Une production riche de 12 titres bientôt sur le marché
Ce 04 février 2021, le premier album de Mame Baye vient rallonger le nombre de productions dans les bacs. Riche de 12 titres, l'album 'Adouna' est une véritable source de prise de conscience, de remise en question.
" Tout se passe dans 'Adouna'. On se fait en bien ou en mal dans la vie. On perd, on gagne. Nous vivons dans un monde bouleversé par la trahison, la corruption, par des contre valeurs : tout cela à cause de la vie".
En mettant sur le marché local son premier album, Mame Baye Fall veut s'ériger en apôtre de la Paix. Il veut la paix dans le monde, en Afrique et au Sénégal en particulier. Il se sent préoccupé et très concerné par ce qui se passe dans la société sénégalaise. Raison pour laquelle il s'inscrit dans une logique de dénonciateur, dans son morceau "politi-chien". Il partage avec la société les réalités du monde de la politique.
"La politique c'est l'art de mentir. De 1960 à aujourd'hui rien n’a changé. Nous vivons une mauvaise politique. Un politicien doit épouser les valeurs qui vont dans l'intérêt des populations. Mais ils vont à contre-courant des intérêts de leurs populations", explique Mame Baye Fall. Qui dénonce et met à nu les nombreuses promesses manquées des politiques. Il évoque la zizanie semée dans le secteur de l'éducation, de la santé. En somme, pour le reggaeman, les politiques ne répondent pas à la demande sociale.
'Adouna' bouleversé par la corruption, par des promesses non tenues des politiques, par la méchanceté, par l'hypocrisie.
Adouna ou 'Diam guene' (paix), tout ce qu'on fait sans la paix, est perdu d'avance.
Adouna où l'amour triomphe dans le son 'Mariama', c'est pour les lovers.
Adouna où il n'y a pas de sot métier dans 'Diaye café'.
"J'incite et j'invite les gens à travailler car il n'y a pas de sot métier".
Mame Baye Fall, reggaeman charismatique et talentueux délivre un message positif et plein d’espoir dans ses textes. Et la concrétisation de son travail arrive cette année 2021, avec la sortie de son premier album. Qui est une réussite et vient couronner une production époustouflante. Où les messages de paix et de tolérance valsent. Les mélodies sont étouffées par la fureur de sa voix. Un album produit par Saint-Malo Saly et Touba agrobusiness. Bob la production a réalisé le mix et le mastering. Un album qui promet de charmer les mélomanes.
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