Le réalisateur malgache Luck Razanajoana, lauréat du Poulain d’argent de la 24-ème édition du Fespaco (deuxième prix du meilleur court-métrage), pour son film ‘’Madama Esther’’, estime que le cinéma doit être ‘’une affaire nationale’’ à laquelle les pouvoirs publics et les opérateurs économiques privés doivent accorder une plus grande attention.
''Je fais partie de ceux qui se battent pour que le cinéma soit une affaire nationale. Cela veut dire qu’en tant que cinéaste on doit être reconnu en tant qu’artiste, mais aussi en tant que porte-parole d’un pays’’, a-t-il dit à l’envoyé spécial de l’Agence de Presse sénégalaise à la 24-ème édition du Fespaco (28 février-7 mars).
Son film, ‘’Madama Esther’’ (15mn), s’intéresse à la situation d’une femme de ménage d’une cinquantaine d’années – Madama Esther - qui vient d’être licenciée.
Sa promesse de ramener son petit-fils à la mer ne tenant plus, elle accepte d’héberger des combats de coq clandestins dans sa cour.
''Quand on gagne le Poulain d’argent ici (à Ouagadougou), ce n’est pas seulement mes œuvres qui ont été primées, mais c’est aussi le cinéma national à Madagascar qui a été primé. C’est un honneur de remporter un prix ici, parce que le Fespaco est un festival très important pour l’Afrique’’, a-t-il ajouté.
Razanajoana s’est félicité du fait que, ‘’malgré les conjonctures, crises et autres problèmes’’, les autorités politiques du Burkina Faso ont fait que le Fespaco continue. Le jeune cinéaste – il a 30 ans – que le prix qu’il vient d’obtenir à Ouagadougou le conforte dans l’idée qu’il doit continuer à faire du cinéma, à écrire et à développer ses projets.
''Pour un premier Fespaco, je gagne un prix, c’est déjà beaucoup, dit-il dans un large sourire. C’est un encouragement pour les jeunes cinéastes africains que de primer leurs œuvres.
Maintenant, je dois continuer à écrire, à développer mes projets, à faire appel à ceux qui peuvent m’appuyer dans mon travail.’’
Luck Razanajoana tient toujours à se présenter sous l’étiquette de ‘’cinéaste indépendant’’ pour qui ‘’ l’image et le son sont très importants’’. ‘’La plupart de mes films partent de situations sociopolitiques à Madagascar, qu’ils permettent de mettre en clair’’, explique-t-il, soulignant le caractère ‘’subjectif’’ de ce qui est vu à l’écran.
''Mais le message qu’on essaie de faire passer est toujours très important si on utilise un médium de masse comme le cinéma. C’est pour ça que j’ai choisi le cinéma’’, poursuit-il, précisant qu’en ce moment, il est ‘’en transit en Europe, quelque part entre la Suisse (où il réside) et la France’’.
S’il en est ainsi, c’est qu’il estime que Madagascar, son pays, ne lui a pas donné les fonds nécessaires pour faire son travail. ‘’Donc, pour faire des films, je me débrouille avec des amis. Si en ce moment je suis en Suisse, c’est pour monter mon prochain projet’’, explique Luck Razanajoana, qui n’exclut pas, ‘’si les situations devenaient propices à Madagascar, d’y revenir pour finir son film sur place.
''Donc j’incite les autorités publiques, les privés à installer une plateforme. On a déjà un office du cinéma qui s’appelle OMACI (Office malgache du cinéma). Pourquoi ne pas faire de cette structure une plateforme pour créer un fonds, parce que c’est un moteur culturel et économique ?’’
ADC/OID
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