DAKAR — Des plus pauvres aux plus aisés, les Etats africains ont promis des millions de dollars d'aide à Haïti, leur pays "frère" des Caraïbes dévasté par un séisme le 12 janvier, et le Sénégal suscite même la controverse en proposant aux Haïtiens un "retour" volontaire vers l'Afrique.
"Un million de dollars": c'est le montant du "secours d'urgence" promis par le Congo Brazzaville à lui tout seul, mais aussi par le Sénégal ou le Gabon. La Guinée Equatoriale est prête à donner le double, tandis que le Nigeria annonce qu'il mobilisera 5 millions de dollars au total pour la reconstruction d'Haïti.
Le Liberia et la Sierra-Leone, qui se relèvent difficilement de guerres civiles dévastatrices, débloqueront respectivement 50.000 et 100.000 dollars. Et le Burkina Faso, lui-même reconnaissant envers la communauté internationale pour l'aide qu'elle lui a apporté après les pluies torrentielles de septembre, est prêt à offrir 100 millions de francs CFA (215.000 dollars) à ce pays lointain des Caraïbes, situé à 80 km de Cuba.
Depuis le séisme, le continent africain redécouvre en effet l'histoire de cet Etat issu en 1804 de la révolte des esclaves face au colonisateur français.
Au Bénin, la ministre de la solidarité nationale, Mamatou Bio-Djossou, a lancé un téléthon pour Haïti, en disant: "Vous savez bien comment les deux peuples sont liés par l'histoire, par le triste souvenir de l?esclavage" et "bien des Haïtiens se revendiquent Béninois".
A Dakar, au cours d'une réunion d'urgence du Parlement sénégalais sur Haïti, le député sénégalais Ousmane Sow Huchard a évoqué vendredi un pays "oublié depuis 1960 par tous les pays africains", envers lequel l'Afrique a "une dette". "Pour avoir osé le premier porter le flambeau pour la libération du peuple noir", Haïti est "le temple sacré" de l?Union africaine, a-t-il lancé.
Dès la semaine dernière, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait suscité l'étonnement en proposant le "retour" d?Haïtiens qui le souhaiteraient sur des terres africaines.
"La récurrence des calamités qui tombent sur Haïti m'amène à proposer une solution radicale: (...) créer en Afrique, quelque part (...) un espace, à déterminer avec des Haïtiens, pour y créer les conditions de retour des Haïtiens", avait-il dit.
Vendredi, dans un message lu devant le Congrès, le président sénégalais a insisté: "ce droit au retour se pose avec plus d'acuité que jamais" et "nous devons y faire face par la recherche de réponses concertées et en coopération avec principalement l'Espagne et la France qui ont peuplé l'Ile d'esclaves en provenance d'Afrique".
Le Parlement sénégalais a adopté cette résolution que le président Wade entend présenter au sommet de l'Union africaine prévu à la fin du mois.
Mais, dans l'opposition, le parti socialiste sénégalais (absent du Parlement parce qu'il avait boycotté les élections de 2007), a déjà rejeté l'idée de ce "retour" qu'il juge "absurde". "Comment peut-on (...) proposer à un peuple de l'arracher à sa terre et de l'extirper de sa longue histoire?", s'est interrogé le PS.
A Haïti même, une équipe de secours en provenance d'Afrique du Sud est arrivée dimanche, tandis que le Nigeria devait mettre sur pied une équipe de volontaires de 50 personnes, dont des médecins et ingénieurs.
Du côté des artistes, la chanteuse sénégalaise Coumba Gawlo Seck entend mobiliser les plus célèbres musiciens d'Afrique pour interpréter une chanson qui serait spécialement écrite par le Congolais Lokua Kanza. "La totalité des recettes tirées de la vente du single sera versée aux autorités haïtiennes", promet-elle.
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