Un Goncourt surprise. En tout cas inattendu du grand public. Car dans le milieu, « la Plus Secrète Mémoire des hommes » de Mohamed Mbougar Sarr (éditions Philippe Rey, 448 pages, 22 euros), sacré ce mercredi midi par les jurés du prestigieux prix littéraire, avançait en cette rentrée flanqué d’un panneau lumineux « attention, phénomène ». La preuve : le roman de ce jeune Sénégalais de 31 ans, auteur de trois premiers opus remarqués par la critique, avait été sélectionné dans pas moins de huit listes, dont le Femina et le Renaudot, en vue de glaner une jolie distinction automnale. C’est la timbale qu’il a décrochée, succédant à « l’Anomalie », d’Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020 qui restera dans l’histoire avec son million d’exemplaires déjà écoulés.
Sans faire de plan sur la comète, « la Plus Secrète Mémoire des hommes » en vendra sûrement moins. Face au thriller métaphysique de Le Tellier, efficace comme une série Netflix, ce roman protéiforme qui part à la recherche d’un mystérieux écrivain africain évaporé dans la nature après la publication d’un livre culte et honni paraît moins taillé pour un succès grand public. Il n’en demeure pas moins qu’il intéressera (captivera) les amoureux de littérature qui, notamment dans une première partie flamboyante, auront pas mal d’occasions de s’ébaudir, sur le plan stylistique.
«La Plus Secrète Mémoire des hommes», de Mohamed Mbougar Sarr. Editions Philippe Rey
Petit flash-back. Ce livre, on l’avait reçu au début de l’été. Précédé d’une bonne réputation, ce dense pavé de quelque 450 pages semblait lever le doigt avec assurance au milieu de la houle littéraire qui, chaque année, se déverse sur les étals des libraires… et les bureaux des journalistes. Nous l’avions d’abord feuilleté, lu quelques lignes ici et là. Intrigués, oui, nous l’étions, et l’avions rangé dans l’épaisse colonne (une tour, même) de nos « livres à lire ». Mais le temps, pour un chroniqueur littéraire au carrefour de l’été et de l’automne, est une chimère et nous transforme en lapin d’Alice. « En retard, je suis en retard. » In extremis, sentant l’odeur du sacre poindre le bout de son nez, nous l’avons rattrapé le week-end dernier : commencé samedi soir, « la Plus Secrète Mémoire des hommes » fut terminé le lendemain soir.
Alors, heureux ? Oui, plutôt. Décontenancé, aussi. Dérouté, c’est certain. Car la plume de Mohamed Mbougar Sarr est insaisissable. Il n’a pas du style, il a des styles. Il n’a pas un genre, il jongle avec les genres. Il n’a pas un sujet… Vous avez compris l’idée.
Sans faire de plan sur la comète, « la Plus Secrète Mémoire des hommes » en vendra sûrement moins. Face au thriller métaphysique de Le Tellier, efficace comme une série Netflix, ce roman protéiforme qui part à la recherche d’un mystérieux écrivain africain évaporé dans la nature après la publication d’un livre culte et honni paraît moins taillé pour un succès grand public. Il n’en demeure pas moins qu’il intéressera (captivera) les amoureux de littérature qui, notamment dans une première partie flamboyante, auront pas mal d’occasions de s’ébaudir, sur le plan stylistique.
«La Plus Secrète Mémoire des hommes», de Mohamed Mbougar Sarr. Editions Philippe Rey
Petit flash-back. Ce livre, on l’avait reçu au début de l’été. Précédé d’une bonne réputation, ce dense pavé de quelque 450 pages semblait lever le doigt avec assurance au milieu de la houle littéraire qui, chaque année, se déverse sur les étals des libraires… et les bureaux des journalistes. Nous l’avions d’abord feuilleté, lu quelques lignes ici et là. Intrigués, oui, nous l’étions, et l’avions rangé dans l’épaisse colonne (une tour, même) de nos « livres à lire ». Mais le temps, pour un chroniqueur littéraire au carrefour de l’été et de l’automne, est une chimère et nous transforme en lapin d’Alice. « En retard, je suis en retard. » In extremis, sentant l’odeur du sacre poindre le bout de son nez, nous l’avons rattrapé le week-end dernier : commencé samedi soir, « la Plus Secrète Mémoire des hommes » fut terminé le lendemain soir.
Alors, heureux ? Oui, plutôt. Décontenancé, aussi. Dérouté, c’est certain. Car la plume de Mohamed Mbougar Sarr est insaisissable. Il n’a pas du style, il a des styles. Il n’a pas un genre, il jongle avec les genres. Il n’a pas un sujet… Vous avez compris l’idée.
En mettant en scène son double littéraire Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais qui part à la recherche de cet illustre aïeul auteur d’un livre aussi mythique qu’incandescent, Mohamed Mbougar Sarr tisse une puissante réflexion sur l’art d’écrire. Qu’est-ce qu’un écrivain, quelle est sa place dans le monde, dans la vie ? Qu’est-ce qu’un bon livre à côté des événements qui nous assaillent en permanence ?
Des fulgurances d’une pureté inouïe
Dans cette première partie susnommée, se cache des fulgurances d’une pureté inouïe. « Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose est déjà tout. » Et plus loin : « Le temps est assassin ? Oui. Il crève en nous l’illusion que nos blessures sont uniques. Elles ne le sont pas. Aucune blessure n’est unique. Rien d’humain n’est unique. Tout devient affreusement commun dans le temps. Voilà l’impasse ; mais c’est dans cette impasse que la littérature a une chance de naître. » Uppercut, KO, fin du match, applaudissements du public (en tout cas, les nôtres).
Ce roman est aussi un voyage. Dans le temps : le lecteur étant embarqué dans les bagages de l’écrivain révisant les heures sombres de l’histoire, les dégâts du colonialisme, la poussée du nazisme. Dans l’espace aussi, de Dakar à Paris, de Buenos Aires à Amsterdam. Comme dans tout voyage, il y a les moments d’exaltation. Forts, intenses. Et quelques longs faux plats. Certains décrocheront peut-être, ce serait erreur tant la lecture de cette « Mémoire » se révèle une expérience tout à la fois singulière et plurielle.
Dans cette première partie susnommée, se cache des fulgurances d’une pureté inouïe. « Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose est déjà tout. » Et plus loin : « Le temps est assassin ? Oui. Il crève en nous l’illusion que nos blessures sont uniques. Elles ne le sont pas. Aucune blessure n’est unique. Rien d’humain n’est unique. Tout devient affreusement commun dans le temps. Voilà l’impasse ; mais c’est dans cette impasse que la littérature a une chance de naître. » Uppercut, KO, fin du match, applaudissements du public (en tout cas, les nôtres).
Ce roman est aussi un voyage. Dans le temps : le lecteur étant embarqué dans les bagages de l’écrivain révisant les heures sombres de l’histoire, les dégâts du colonialisme, la poussée du nazisme. Dans l’espace aussi, de Dakar à Paris, de Buenos Aires à Amsterdam. Comme dans tout voyage, il y a les moments d’exaltation. Forts, intenses. Et quelques longs faux plats. Certains décrocheront peut-être, ce serait erreur tant la lecture de cette « Mémoire » se révèle une expérience tout à la fois singulière et plurielle.
9 Commentaires
Africain
En Novembre, 2021 (20:30 PM)Reply_author
En Novembre, 2021 (07:29 AM)il faut du mame peekh ou du koutia !!
Littérature
En Novembre, 2021 (21:18 PM)Peut être cette recompense pourrait inverser la tendance du désintérêt noté chez les jeunes pour la lecture.
C'est vraiment génial d'avoir cette distinction, surtout étant originaire d'un pays où on peut décrocher un bac "littéraire" sans avoir lu entièrement 1 livre dans sa vie!
Bravo chef, que Dieu vous protège.
Lebaolbaol Tigui
En Novembre, 2021 (21:30 PM)Reply_author
En Novembre, 2021 (21:44 PM)Lebaolbaol Tigui
En Novembre, 2021 (09:48 AM)Guorgui
En Novembre, 2021 (07:53 AM)Cet écrivain prêche dans le désert, en tous cas chez nous...
Milk
En Novembre, 2021 (09:29 AM)Le problème rien n'est fait pour en profiter et le système trop politisé de notre pays les brisent s'ils restent sur place alors l'émigration est leur seule planche de salut.
Lebaolbaol Tigui
En Novembre, 2021 (09:50 AM)Participer à la Discussion