Une île aux mille et un secrets. Voila ce que renferme Fadiouth. Un endroit qui, au fil du temps, a su garder un œil attentif sur son héritage culturel. Au détour d’une virée en gondole, 7 faits ou endroits ont piqué notre curiosité. Fadiouth ne serait certainement pas ce qu’elle est sans ces 7 incontournables.
C’est bien connu, toutes les îles du monde ont chacune des choses qui les singularisent et font leur charme. L’île de Fadiouth est tout aussi féerique que mystérieuse. Elle cache soigneusement ses mysticismes, mais rayonne de chaleur humaine et de bonne humeur. Fadiouth, ce sont ses coquillages, ses greniers sur pilotis et surtout la bonne cohabitation entre musulmans et chrétiens qui va bien au-delà de la vie sur terre. L’île sérère se découvre et se dévoile. Au «Populaire», elle a bien voulu ouvrir ses 7 incontournables qui font d’elle un endroit unique au monde. En atteste la vague incessante de touristes qui s’y déverse chaque jour.
Les coquillages
Si Venise a ses gondoles, Fadiouth a ses coquillages. C’est la première chose qui saute aux yeux du visiteur qui débarque fraîchement du pont. Et l’on comprend très vite pourquoi Fadiouth porte le surnom de l’île aux coquillages. Sur toute son étendue, le sol est recouvert de coquillages. Les anciens du village disent que leur histoire est confondue avec celle de Fadiouth. En effet, on raconte que les premiers habitants de l’île vivaient d’huîtres qu’ils retiraient de la mer et gardaient les coquilles pour s’en servir notamment dans la construction.
Plus tard, certains ont même fait des extensions de l’île à l’aide de ces coquillages. Aujourd’hui, ces coquillages font le charme de l’île. Ils sont partout et les résidents y marchent souvent pieds nus en toute aisance. De leur blancheur éclatante après la pluie, ils illuminent les visages des habitants qui ne se lassent jamais d’apprécier ce qui constitue à leurs yeux une grande fierté, une chose propre à eux et qu’ils comptent bien conserver.
Le «ngël» ou «Sabar» aux rythmes sérères
En bon terroir sérère, Fadiouth est une île très conservatrice de ses us et coutumes. Parmi eux, le «ngël», un rite savamment entretenu au fil des générations. C’est une danse traditionnelle qui s’organise à la place centrale du village comme au bon vieux temps. Chaque classe d’âge organise son «ngël» dans le but de se connaître et de raffermir les liens. Le 14 août dernier, c’était les Fadiouthiens de 40 ans qui ont célébré leur «ngël». A l’occasion, ils se sont confectionné des tenues similaires, ont dansé aux rythmes des percussions, et ce malgré les quelques gouttes d’eau qui émanaient du ciel. Entre les battements des tam-tams accompagnés par les mélodies d’un piano et d’une guitare et la voix suave d’un chanteur, l’ambiance était à son paroxysme.
Mais le «ngël» ne s’est pas toujours fait ainsi, se remémore le vieux Dominique Sarr. Selon cet ancien de l’île, à leur jeunesse, seuls les tam-tams assuraient l’ambiance et chaque tranche d’âge avait un rythme de percussions qui lui était propre. Avec la modernité, même le moyen de financer le «ngël» a changé. «Pour organiser le «ngël», nous nous levions de bonne heure pour aller vers les villages riverains, nous y labourions un champ moyennant un porc et quand nous revenions sur l’île c’était la fête autour du tam-tam», évoque le sexagénaire. Mais, explique Badou Geth, un guide touristique, le «ngël» était aussi une occasion pour les jeunes hommes en âge de se marier de repérer les jeunes filles qui venaient danser en même temps qu’eux. Au fil des années, les Fadiouthiens ont su conserver cette culture qu’ils ont transmise aux plus jeunes pour que toute la communauté se connaisse et puisse s’entraider en cas de besoin, lorsqu’ils seront hors de l’île.
LES CIMETIERES MIXTES : Musulmans et chrétiens y gisent
FADIOUTH - Les cimetières de Fadiouth ne sont pas sur l’île habitée. Ils sont sur une autre île qui fait face à la principale. Jadis, il fallait prendre une pirogue pour y aller, mais maintenant il suffit d’emprunter le pont en bois qui y mène, différent de celui qui lie Fadiouth à Joal. Les cimetières sont très propres et un silence de cathédrale y règne. C’est ici où sont inhumés les habitants de l’île qui sont décédés et ce sans distinction de leur appartenance religieuse.
La partie chrétienne est la plus grande. Ce qui peut se comprendre par le fait qu’il y a plus de chrétiens à Fadiouth que de musulmans. Ces derniers occupent la partie Est du cimetière. Rien ne sépare les deux parties, pas même un mur. Ici tout se confond. Et souvent, c’est la croix qui indique qu’il s’agit d’un chrétien.
MYSTIQUE SUR L’ILE AUX COQUILLAGES : Mamandeign ou le baobab protecteur et vengeur de Fadiouth
Fadiouth, un village bien mystique. Surtout un lieu qui recèle des secrets, à l’image du Mamandeign, le baobab protecteur et vengeur de l’île, vieux de 600 ans, selon certains, de 800 ans, d’après d’autres. A l’image aussi de l’île déserte interdite de Moussamolonko, ou encore de Mamagétye où Senghor faisait ses bains mystiques.
FADIOUTH - Il est imposant. Il a la hauteur d’un fromager et gît majestueusement dans l’épicentre de l’île, plus précisément au quartier Ndionguène. Il est vénéré et surtout il est respecté de tous. Lui, c’est Mamandeign, le baobab protecteur de Fadiouth. Sur l’île, chaque lignée maternelle et patriarcale a son génie protecteur, mais Mamandeign est celui qui veille sur tout le monde, même si sa gestion revient exclusivement à l’ethnie des Diakhanora. C’est le vieux Dominique Sarr qui s’occupe de lui et se charge du bon déroulement des offrandes que le baobab doit recevoir. Au début de l’hivernage, les dignitaires du village reçoivent des instructions des esprits et se dépêchent de les mettre à exécution.
Un baobab vieux de 600 ou 800 ans
Personne ne saurait vous dire son âge exact. D’aucuns parlent de 800 ans alors que d’autres parlent de 600 ans. L’arbre est plus que mystique, selon son conservateur. «Même pour couper une branche, il faut avoir l’autorisation des esprits et leur faire des offrandes», explique-t-il.
Cet arbre protège tous les fils de l’île, même s’ils sont ailleurs. Et le vieux conservateur raconte : «Quand quelqu’un vous fait du tort, il faut venir ici, prendre un coquillage et confier sa peine au baobab. Il vient avec moi prendre un bain mystique et c’est toute la famille de l’offenseur qui recevra une correction de la part du baobab».
Le vieux affirme que cela se fait jusqu’à aujourd’hui, mais vu la sévérité de la punition que reçoit la famille de ceux qui ont fait du tort à leur prochain, il refuse souvent que les gens viennent déposer des plaintes auprès de Mamandeign. Au chapitre des sacrifices qu’il a l’habitude de demander, le conservateur souligne que c’est rarement du porc, mais plutôt des poulets ou des chèvres.
Mamandeign déploie ses branches sur ses fils et les couvre de son ombrage signe de sa sécurité infaillible. Il a un jumeau, un autre baobab. Njangol est son nom. Il se trouve de l’autre côté sur une autre île, au cœur des cimetières.
Moussamolonko ou l’île déserte interdite…
FADIOUTH - Il y a une autre île qui jouxte Fadiouth. Il faut moins d’un quart d’heure de gondole pour s’y rendre. Mais cette île est interdite d’accès à certaines heures de la journée, même pour les natifs de Fadiouth. Au-delà de 13 heures, il n’est plus recommandé d’y aller. Cette île s’appelle Moussamolonko ou encore «Tinding».
Devant elle, c’est une forêt noire qui s’offre en spectacle et qui semble être impénétrable. C’est un endroit très mystique et très peu de gens sont enthousiastes à l’idée de l’évoquer ou de nous y mener. Certains Fadiouthiens pensent que Moussamonko serait une déformation du nom du guerrier peulh Moussa Molo Baldé. Car, on pense qu’il y serait enterré, même si aucune thèse scientifique n’a encore étayé cette hypothèse. Ce qui est sûr par contre, c’est que Moussa Molo fut un lieutenant de Meïssa Wally Dione qui a conquis toute la zone.
Mamagétye, là où Senghor venait faire ses bains mystiques
FADIOUTH - Ne le cherchez pas sur l’île aux coquillages, il n’y est pas. Il faut contourner l’île des cimetières pour l’apercevoir. On peut y accéder à pied quand le bras de mer s’assèche. Sinon, il faut y aller par une gondole. L’endroit est calme. Il se nomme Mamagétye.
Mamagétye, c’est un grand buisson ou gît majestueusement au centre un grand baobab. C’est ici que le premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor venait faire ses bains mystiques pour se prémunir du mauvais sort. On raconte qu’il y venait la nuit à bord d’un véhicule banalisé.
Mamagétye est protégé par un animal sacré qui ne se montre que très rarement. Il s’agit d’un varan aux mensurations énormes, selon les Fadiouthiens. Dans son recueil de poèmes «Nocturnes», le président poète écrivait : «J’ai consulté les initiés de Mamagétye au sanctuaire des serpents, ils m’ont dit leur silence, la stupéfaite obscurité de leurs yeux et de leurs oreilles».
UNE AUTRE PARTICULARITE FADIOUTHIENNE : Les greniers sur pilotis
FADIOUTH - Lorsqu’on quitte les cimetières pour rejoindre Fadiouth, il ne faut pas se précipiter sur le pont. Il faut prendre une gondole pour aller admirer les greniers sur pilotis. L’embarcation glissera tranquillement sur le bolong ou bras de mer pour se retrouver 10 minutes après en face de ses cases qui juchent sur des échasses piqués dans l’eau. Ce sont des greniers qui ne servent plus maintenant, mais qui ont rendu un grand service aux premiers habitants de l’île aux coquillages.
Le guide raconte que les greniers sur pilotis ont été imaginés par les ancêtres en leur temps pour mettre à l’abri les récoltes, car les incendies étaient très fréquents sur l’île. Aussi, le fait d’écarter les greniers et de les mettre sur l’eau faisait que les rongeurs ne pouvaient pas y avoir accès. Aujourd’hui, c’est sur un petit îlot que se dressent ces greniers. A côté d’eux, des artistes ont ouvert leur galerie.
21 Commentaires
Korkorth
En Août, 2013 (19:34 PM)Dgf
En Août, 2013 (20:33 PM)Boycasa
En Août, 2013 (21:28 PM)Alloum
En Août, 2013 (21:44 PM)Jaky Boy
En Août, 2013 (23:46 PM)Etienne
En Août, 2013 (00:32 AM)@ Mame Diarra
En Août, 2013 (01:49 AM)Comme vous etes chretienne , ce nom vous irait mieux , que celui
de la maman de Cheikh Ahmadou Bamba !:)
Depuis que j'ai note votre mestissage serere , je ne vous attaque plus !:)
Je vous souhaite , d'avance , une bonne journee..!
NB...J 'ai de profondes racines, dans cette region du Senegal !
Le sang noble ne se perd pas , certes !:)
Touriste Senegalais
En Août, 2013 (01:49 AM)Anonyme33
En Août, 2013 (02:11 AM)@touriste-senegalais: votre commentaire est pertinent certes... mais tout le Sénégal est sale, je ne connais pas un endroit propre au Sénégal... le problème est global...
@Mame Diarra : vos commentaires sont très réfléchis
Saleté
En Août, 2013 (04:57 AM)J'ai fait la meme remarque sur le haut du phare des mamelles le responsable du phare n'est pas responsable on voit des immondices et poubelles à l'air libre.
J'ai vu cela aussi un peu juste au débarquement à l'ile de Gorée à gauche plage pas propre.
En résumé nos responsables touristiques sont soit sales, soit pas responsables.
Quand on a des ambitions de développer notre tourisme il est inacceptable ces niveaux de légéretés. Pays sale.
@dgf
En Août, 2013 (08:54 AM)Cane
En Août, 2013 (10:53 AM)Sangomarien
En Août, 2013 (11:07 AM)La....Mamediarra ..., vous avez invente ce chiffre !....
Les chretiens y representent peut etre 43 %...et pas plus ,
car avec le temps ils sont devenus allergiques au...SEUNGUE..
a.n.y.w.a.y...... ...A part bien sur le Cardinal Adrien Sarr qui doit adorer ca !
Dans tous les recoins du Senegal , le baobab , souvent situe au centre du village
a ete venere , par les animistes !..Mais pourquoi , on evoque le varan , comme animal fetiche , au pays ?
Peut etre que quelqu'un pourrait nous donner des explications sur cela .
Cet animal n 'est pas de mes favoris , certes ! ....WASSALAM...a tous ..!
Reply_author
En Juillet, 2024 (10:05 AM)Beaucoup de sénégalais ne connaissent pas leur histoire. Le plus souvent ce sont des bâtards n'es à Dakar et qui croient que tout Sénégal comprend wolof ou doivent avoir un nom wolof. Les noms wolofs ne se trouve qu'à Dakar et environs. Si vous descendez à l'intérieur du Sénégal, vous ne verrez aucun nom wolof et les gens ne parlent même pas cette langue
Sangomarien Bis
En Août, 2013 (11:15 AM)Le chiffre , exagere de...97 %..., est sa pure invention.., surement !:)
WASSALAM...avec mes salutations toutes particulieres , aux habitants de...Joal..!:)
Sèrère_et_fier
En Août, 2013 (12:02 PM)J'aime bien Joal Fadiouth et mon rêve c'est d'y aller un jour! UN FADIOUTHOIS POUR ME GUIDER?
O Mbé Fadial
En Août, 2013 (13:16 PM)OUI mes chers C'est tellement BEAU d'avoir des REPERES
La MODE ne doit pas nous mener à faire table rasa du PASSE
Trompée Par Un Fadiouthien !!!
En Août, 2013 (13:52 PM)faites attention à cet énergumène en allant visiter cette belle contrée où il y a beaucoup de gens nobles et dignes de véritables séréres.
Ndidiayois !
En Août, 2013 (14:02 PM)Cane
En Août, 2013 (15:05 PM)A propos du VARANT comme disent les Ivoiriens: laisse VARANT ou tu l'as vu ou tu l'as entendu si tu ne veux pas probleme. ne l'attaque s'il ne l'a pas fait. A bon entendeur salut
Singyam
En Août, 2013 (09:27 AM)Anonyme
En Septembre, 2015 (16:02 PM)Participer à la Discussion