Ce sont des femmes aux yeux toujours embués et au sourire fêlé. Certaines ont été violées en pleine rue, d’autres enfermées des jours durant, pour être utilisées comme esclaves sexuelles par les soudards du pouvoir. Oumou, une mère de famille d’une quarantaine d’années, n’a toujours pas surmonté le traumatisme :
« Ce qui s’est passé le 28 septembre, j’ai l’impression que pour moi c’est pas encore fini, quand je pense à tous ces militaires qui sont passés sur moi, ça me traumatise. Mon mari m’a quitté, je me sens seule, ma vie s’est arrêtée le 28 septembre, c’est terrible…
A la tragédie du viol s'ajoute la marginalisation sociale
J’ai pensé, sincèrement, à me suicider, heureusement j’ai pensé à mes enfants. Finalement, je me dis, tu te fais ça, toi peut-être ça va être réglé, mais pour tes enfants, ils n’auront personne à côté… C’est un cauchemard et le cauchemard continue ».
Pour toutes ces femmes comme Oumou, à la tragédie du viol, s’est ajoutée la marginalisation sociale. Pour elles, si l’espoir de voir la Guinée passer d’un régime militaire à un pouvoir civil est réel, il n’est en revanche pas question de pardonner. le 28 septembre, un sujet dont on ne parle pas
C'est un signe qui ne trompe pas. Aucune manifestation officielle n'est prévue ce mardi 28 septembre 2010 à la mémoire des victimes des massacres de l'an dernier. Tout juste sait-on qu'une séance de prière aura lieu à la grande mosquée. Comme si l'état guinéen et les militaires qui dirigent le pays voulaient une fois de plus occulter les pages peu glorieuses de l'Histoire.
Moussa Dadis Camara en villégiature à Ouagadougou
Les auteurs présumés des masacres du 28 septembre 2009 coulent des jours tranquilles. Tiegboro Camarra et Claude Pivi, deux des principaux supects, se sont fait discrets. Ils ont perdu de leur superbe mais continuent d'occuper des fonctions dans l'appareil militaire. L'autre suspect, Toumba Diakité, est en fuite, mais personne ne le recherche vraiment. Enfin, Moussa Dadis Camara, accusé par les enquêtes internationales d'avoir commandité le massacre, se repose tranquillement à Ougadougou.
Le 28 septembre n'est pas un sujet dont on parle. Même durant la campagne électorale. Les candidats à la présidentielle ne l'évoquent qu'en de rares occasions, et souvent pour plaider la réconciliation nationale. Quant à la justice, elle fait ce qu'elle peut, dans cet environnement peu propice. Les trois magistrats nommés par le ministère de la Justice pour diriger l'enquête ont procédé à quelques arrestations de seconds couteaux. Des arrestations davantage destinées à calmer l'impatience de la Cour pénale internationale.
0 Commentaires
Participer à la Discussion