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Un Plaidoyer pour la Libération : L’Histoire de Dieynaba N'Diaye et les Échecs Systémiques qui Ont Conduit à Son Incarcération (Par Bineta Gueye Thiam)

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Un Plaidoyer pour la Libération : L’Histoire de Dieynaba N'Diaye et les Échecs Systémiques qui Ont Conduit à Son Incarcération (Par Bineta Gueye Thiam)
Au Sénégal, Dieynaba N'Diaye est emprisonnée pour le crime de détention d’images à caractère personnelles de son agresseur après que de nombreux appels à l’aide soient restés sans réponse. Son acte ne relève pas de l’intention malveillante ; il est le résultat tragique d’un système défaillant qui n’a pas su la protéger. En intégrant des précédents juridiques et des cadres psychologiques, nous montrons ici que les actions de Dieynaba N'Diaye découlent d’un besoin fondamental de sécurité, alimenté par un passé de traumatismes et de désespoir. Les circonstances de son cas, telles qu’elles apparaissent dans le cadre des « 5 P », montrent clairement pourquoi elle mérite une libération fondée sur la compassion. 

1.?Problème Présenté : L’Acte Désespéré de Dieynaba N'Diaye pour Se Protéger 

Dieynaba N'Diaye est une survivante de violences conjugales extrêmes, perpétrées par une personne influente. Après de multiples tentatives pour obtenir une protection légale, elle a choisi de filmé son agresseur qui prenait sa douche et lui a ensuite menacé de divulguer la vidéo. Bien que cet acte constitue techniquement une violation de la Loi sénégalaise sur la Protection des Données, il n’était motivé par haine, mais par un besoin fondamental de sécurité et de justice. Les précédents juridiques démontrent que les actions entreprises en l’absence de soutien institutionnel devraient être traitées avec compréhension et compassion, en particulier lorsque la sécurité et le bien-être de l’accusé sont en jeu. 

Les recherches de C. Cross, dans son étude influente « Reentering Survivors », soulignent que les survivants de violences qui se retrouvent incarcérés agissent souvent par désespoir plutôt que par intention criminelle. Le cas de Dieynaba illustre clairement comment, lorsque les voies de justice échouent, les survivants peuvent se sentir contraints de se protéger par des moyens extraordinaires, soulignant ainsi le besoin d’une interprétation juridiquement informée et fondée sur le traumatisme. 

2.?Facteurs Prédisposants : Échecs Systémiques et Déséquilibres de Pouvoir 

L’historique de Dieynaba, marquée par la violence, a créé les conditions psychologiques qui l’ont poussée à exposer publiquement son agresseur. Elle a subi des années de traumatismes physiques et psychologiques, et malgré de nombreux signalements aux forces de l’ordre, l’influence de son agresseur lui a permis d’échapper à toute responsabilité. À chaque tentative de demande d’aide, les négligences systémiques ont renforcé son sentiment d’impuissance, la poussant à penser qu’aucune autre option n’était possible. 

Des études comme « Un-domesticating Violence » de K. Duley montrent comment le système de justice échoue souvent à protéger les survivants de violence, surtout lorsque les agresseurs détiennent un certain pouvoir. Les recherches de Duley préconisent des réformes pour éviter la criminalisation des survivants qui agissent pour leur propre défense. Dans le cas de Dieynaba, ces échecs systémiques justifient un plaidoyer pour sa libération, ses actions relevant de l’instinct de survie d’une survivante au sein d’un système hostile. 

3.?Facteurs Précipitants : Escalade de la Violence et Besoin Urgent de Sécurité 

Les circonstances qui ont conduit Dieynaba à agir se sont intensifiées au fil du temps, chaque signalement rejeté augmentant sa vulnérabilité. Le danger grandissant, tout comme son désespoir, ont entraîné une urgence accrue. Ne disposant d’aucune solution protectrice, elle a vu la révélation publique comme la dernière option pour rompre le cycle de la violence. Cet acte n’était pas seulement une tentative de protection, mais une nécessité psychologique imposée par la situation. 

L’ouvrage d’E.D. Leonard,?Convicted Survivors : The Imprisonment of Battered Women Who Kill, examine les cas de survivantes qui, dans l’incapacité de fuir par des moyens légaux, recourent à des mesures extrêmes. L’analyse de Leonard renforce l’argument en faveur de la libération de Dieynaba : elle montre comment les survivants agissent par instinct de survie plutôt que par intention criminelle, soulignant la nécessité de réévaluer ces affaires dans une perspective de justice tenant compte des traumatismes. 

4.?Facteurs Perpétuant : Isolement, Piège et Traumatisme Psychologique 

Les multiples expériences de violence de Dieynaba, couplées à l’influence sociale de son agresseur, ont engendré un sentiment d’enfermement et d’isolement émotionnel. Sans accès à des services de soutien, elle n’avait d’autre choix que de se protéger par les moyens disponibles. Ses actions peuvent être comprises comme une tentative de retrouver le contrôle dans un environnement qui la privait systématiquement de sécurité. 

Des analyses juridiques sur le comportement des survivants, comme celle de M.E. Gilfus dans?Women’s Experiences of Abuse as a Risk Factor for Incarcération, décrivent comment les survivants qui manquent de ressources ou de soutien prennent souvent des décisions fondées sur l’instinct de survie. Cet argument renforce le cas de Dieynaba : sa révélation publique est une mesure prise en réponse à un traumatisme prolongé, et non un acte de mépris pour la loi. Reconnaître ses actions comme une extension de son besoin de survie, plutôt que comme un acte criminel, appelle à sa libération dans un cadre où elle pourrait guérir et retrouver son autonomie. 

5.?Facteurs Protecteurs : Potentiel de Réhabilitation et Absence d’Intention Criminelle 

Tout au long de son épreuve, Dieynaba a fait preuve d’une résilience remarquable, cherchant à maintes reprises une protection malgré la négligence systémique. Ses actions montrent une forte volonté de survie, et non l’intention de nuire, soulignant un risque minimal de récidive mais la nécessité de fournir un soutien adéquat. Une thérapie axée sur le traumatisme et des programmes d’autonomisation pourraient lui offrir un chemin légitime vers la guérison, bénéficiant ainsi à la fois à elle et à la société. 

Dans les cas de défense personnelle et d’actions motivées par la survie, les précédents juridiques soulignent l’importance de la réhabilitation par rapport aux mesures punitives. Une libération fondée sur la compassion, accompagnée d’un soutien structuré, serait plus adaptée aux besoins de Dieynaba et lui permettrait de reconstruire sa vie dans le cadre légal, respectant le système de justice qui a initialement échoué à la protéger. 

Un Plaidoyer pour la Libération : Reconnaître le Traumatisme, et Non la Criminalité 

L’application du cadre des 5 P au cas de Dieynaba N'Diaye révèle que ses actions n’étaient pas malveillantes, mais motivées par un besoin humain fondamental de sécurité et d’autonomie. Sa révélation publique de son agresseur, bien qu’en violation technique des lois sur la protection des données, découlait d’un besoin pressant de se protéger dans un système qui l’a laissée sans recours. Elle a agi par nécessité, non par criminalité, et le poids de son traumatisme doit être reconnu. 

Nous plaidons respectueusement pour la libération de Dieynaba N'Diaye et son placement dans un environnement de soutien, axé sur le traumatisme. Des programmes de soutien lui fourniront les outils nécessaires pour reconstruire sa vie en toute sécurité. Sa libération symboliserait également une évolution vers un système judiciaire plus compatissant, qui reconnaît et traite les causes profondes des actions des survivants, évitant ainsi la re-traumatisation de ceux qui ont déjà énormément souffert. 
 
Nos recommandations au nouveau Ministère de la Justice : Vers un Cadre de Compassion : Propositions pour une Réforme du Système Judiciaire 

Pour soutenir des survivantes comme Dieynaba N'Diaye, nous appelons à des réformes judiciaires intégrant des approches sensibles aux traumatismes. Plutôt que de pénaliser les survivantes qui exposent leurs agresseurs, les experts juridiques proposent que les tribunaux considèrent : 
 
1. Évaluation de l'Intention?: Les tribunaux devraient évaluer l'intention des survivantes dans les cas de divulgation publique, reconnaissant des actes de défense et de survie plutôt que de les qualifier de malveillants. 
2. Formation Sensible aux Traumatismes?: Les acteurs juridiques, y compris les juges et les forces de l’ordre, ont besoin de formations spécialisées pour comprendre l’impact psychologique des abus prolongés et le désespoir que cela peut entraîner. 
3. Peines Alternatives et Soutien?: La mise en place d’options de justice réparatrice, incluant une thérapie obligatoire et des programmes de soutien, pourrait offrir aux survivantes des voies de reconstruction plus constructives, favorisant leur réintégration et leur guérison dans un environnement de soutien. 
 
Conclusion : Reconnaître les Schémas et Mettre Fin au Cycle 

Les cas de Dieynaba N'Diaye et d’autres similaires mettent en lumière les défaillances des systèmes de justice conventionnels dans la protection des survivantes d’abus. Les analyses juridiques montrent que, sans soutien systémique, les survivantes peuvent se sentir contraintes de prendre des mesures extraordinaires, facilement interprétées comme criminelles. L’histoire de Dieynaba est un appel aux législateurs pour qu’ils reconnaissent les préjugés systémiques et les fardeaux psychologiques auxquels les survivantes font face. À mesure que les nations affinent leurs lois, un besoin urgent se fait sentir de passer des réponses punitives aux interventions compassionnelles, pour garantir aux survivantes la protection et la justice qu’elles méritent. 

Bineta Gueye Thiam,
BSc en psychologie
MSc en santé mentale médico-légale
Doctorante en psychologie
Fondatrice et présidente de WASSOR, Womanity.



3 Commentaires

  1. Auteur

    En Novembre, 2024 (20:26 PM)
    Si on l'a pardonne alors beaucoup d'hommes seront en danger. Tout acte de vengeance ou de chantage est à sanctionner. Elle devait quitter son mari et porter plainte pour maltraitance au lieu de rester
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  2. Auteur

    Xeel

    En Novembre, 2024 (06:20 AM)
    Madame on comprend votre compassion . Nous condamnons avec force toutes les violences subies par la victime et on a foi que la justice sera rendue par les cours et tribunaux . Je vous signale que l'affaire est en cours (( appel interjeté)et vous ne pouvez vous substituer juge. En outre j'ai l'impression que votre connaissance des faits est assez tronquée. Du coup, chère Madame j'ai l'impression que vous avez écrit avec le cœur. En réalité, la victime s'est mariée en février 2024 et même si elle était toujours dans le lien conjugal cela ne fait pas une année de mariage. C'est pour cela que je ne comprends pas pourquoi vous dites que la victime aurait subi des violences pendant des années. Je m'arrête sur cette petite observation et vous conseille pour une prochaine contribution scientifique de consulter des juristes avant de vous jeter sur nos précieuses institutions en parlant " d'échecs systémiques". Indulgence pour Dieynaba et sanction exemplaire des violences subies.
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    Auteur

    Un Citoyen

    En Novembre, 2024 (09:06 AM)
    Bonjour madame

    Avec tous les titres dont vous vous prévalez, l'honnêteté intellectuelle vous commandait de dire que son agresseur était en fait son mari. Nulle part dans votre texte vous n'avez fait mention de cela. Y a-t-il un problème ? Pour parler de son époux, vous utilisez les termes "personne influente". Pour solutionner un problème, il faut en connaître tous les contours. Dans le cas d'espèce, je n'ai pas beaucoup apprécié ce biais. C'était pour la forme. Pour le fond, je pense que la nouvelle justice (j'insiste sur ces mots) du pays, sur laquelle on peut raisonnablement fonder de l'espoir, saura saisir toutes les nuances de l'affaire et apporter la réponse qui sied.
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