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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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[ Contribution ] SACRÉ IDRISSA SECK

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[ Contribution ] SACRÉ IDRISSA SECK

Le Sopi peut-il survivre sans Idrissa Seck ?

Je me suis demandé, à l’occasion du retour annoncé d’Idrissa Seck au PDS – dans le courant du mois de janvier, aux côtés d’Iba Der Thiam et d’Abdoulaye Faye –, dans quelle souricière ses « frères » libéraux l’avaient encore entraîné. Certes, le décorum était bien en place. L’élan des retrouvailles fraternelles pompeusement surjoué. Mais il manquait un soupçon de bonne foi dans ce qui est apparu par la suite comme une grotesque mise en scène.

En vérité, Abdoulaye Wade n’a jamais voulu d’un retour d’Idrissa SECK dans sa famille politique, du moins pas en position de force. C’était juste pour lui un chiffon rouge qu’il pouvait agiter à l’envie, dans une sorte de tauromachie dont le dessin inavoué est la mise à mort politique de son ancien dauphin. C’était le cas lors de la fameuse « audience de midi », juste avant les Présidentielles de 2007 : le vainqueur de ces joutes électorales s’était permis une sortie au vitriol contre ses challengers, et Mara en avait eu pour son grade. Ce fut encore le cas en janvier lors de ces vraies/fausses retrouvailles que nous venons de stigmatiser. Car sitôt le retour annoncé, l’on s’est empressé de brandir l’argument fallacieux de la forclusion pour lui fermer les portes de la coalition et partant,  le pousser à aller seul aux élections, dans un isolement quasi complet. Le « crime » était parfait. Enfin …presque. Il était écrit dans l’almanach de nos gourous de la Présidence que SEC!
 K allait perdre son bastion de Thiès, et que dans le même temps Karim Wade et la Génération du Concret seraient portés au pinacle. Il n’en fut rien ; la bérézina du 22 mars est passée par là. Non seulement Karim &Co ont été balayés par la déferlante du vote-sanction,  mais encore, l’onde de choc a été si retentissante qu’elle a ébranlé les certitudes de « Maître ». Le Pape du Sopi n’est plus sûr de rien. Il a sondé la fourberie de ses « spin doctors ». Ceux-là mêmes qui lui ont  vendu l’idée farcesque selon laquelle la dévolution du pouvoir à son fils était plausible. On connaît la suite…

De la nécessité d’un nouveau leadership

Abdoulaye connaît les défaites électorales. C’est un truisme de le dire. Il s’est même endurci à force de revers.  Seulement le cataclysme du 22 mars a ceci de particulier : il marque une grave césure dans l’ostensible arrogance d’une armada que l’on croyait invincible ; il consacre également le premier camouflet de Wade en tant que président (qui s’est d’ailleurs fortement investi dans la bataille). Un tel « coup » ne peut laisser intact le socle du PDS bâti, on le sait, autour de la personne exclusive de son chef, « la seule constante » comme disent ses affidés. Mais pour la première fois des voix audibles s’élèvent dans ce parti, qui pour fustiger l’engagement gênant de « Maître » et de son fils  dans la campagne; qui son silence approbateur dans le choix des candidats à l’investiture ; qui encore pour constater que le « vieux » n’aurait plus la haute main sur « son » parti. Cela fait désordre dans une structure d’où, l’on se rappelle,  Fara NDIAYE et  Serigne DIOP ont ét!
 é exclus pour moins que ça, pour des peccadilles dira-t-on. Dès lors une première remarque s’impose : certains parmi les responsables libéraux ont senti la fin bien proche. Car dans l’état actuel du parti, la défaite est inéluctable en 2012 face à une opposition qui se découvre une nouvelle vertu en l’unité. De ce fait, plus que les desiderata de Wade, c’est la survie même du pouvoir de l’Alternance qui se trouve sensiblement hypothéquée.

Or,  que n’a été le Pds depuis son accession au pouvoir sinon « une machine à broyer du n°2 ». Jamais dans l’histoire de notre vie politique – depuis la SFIO de Lamine GUEYE et le BDS de Senghor et Dia, en passant par le PS d’Abdou DIOUF – un parti « en situation » n’a montré une ligne de fonctionnement aussi floue. Il a tenu au seul charisme de son chef dont l’autorité, le sens de la manœuvre, l’endurance au combat et les prouesses oratoires lui ont permis de tenir « sa maison ». En attendant de trouver un nouveau chef qui puisse afficher d’autres « vertus » en prime, l’urgence pour le parti au pouvoir est de sauver les meubles. Et c’est là que la « case Idrissa SECK» devient incontournable. L’homme est à s’y méprendre le clone de son mentor politique. Il possède en lui tout le potentiel qui a porté Wade à la « station » qu’il occupe actuellement et de s’y maintenir, sans compter l’argument de la jeunesse. En outre, c’est le seul qui ait pu tirer son épingle du jeu à l’occa!
 sion d’un scrutin présidentiel en réalisant un score avoisinant les 15% en 2007. Comparaison n’est peut-être pas raison, mais Wade lui-même, au summum de son art, atteignait péniblement la barre des 18%, si ce n’est l’embellie des 31% de la coalition Alternance 2000, avec tout le poids de l’électorat de la gauche marxiste.

Par ailleurs,  un argument de légitimité historique s’impose forcément. Car si l’élection présidentielle est  définie comme un rendez-vous entre un homme et un peuple, il va sans dire que la captation d’un appareil et d’un électorat demeure un préalable.  Dans ces conditions, de tous les candidats  supposés ou réels à la succession de Wade, Idrissa SECK est le seul à prétendre au titre symbolique du plus long compagnonnage, sans discontinuité, avec le « Pape du Sopi »,  jusqu’à son exclusion récente de ce qu’il appelle sa « famille politique ». Il en a partagé les misères. (Ousmane NGOM aurait pu se targuer des mêmes mérites si ce n’était  son acte d’apostasie lors de la création du PLS). Mieux, des responsables emblématiques comme Alioune Badara NIANG, Youssou DIAGNE, Pape Samba MBOUP (et même Abdoulaye Faye) voient en lui l’alternative la plus sérieuse. C’est sûrement ce qui le pousse à revendiquer haut et fort ses « parts » dans  l’ « actionnariat »  du Parti Démocratique!
 Sénégalais. Le choix lexical est loin d’être fortuit. Il ne manque pas de toupet aussi. Car l’homme aspire à être « actionnaire majoritaire ». Il a depuis longtemps construit l’idée selon laquelle la conquête de l’appareil /PDS est essentielle à la conquête de la magistrature suprême. C’est là une constance qui force le respect, et suscite dans le même sillage, une certaine empathie chez les militants. Ces derniers ont toujours cru en la dimension exceptionnelle d’Abdoulaye Wade, mais sa position actuelle ne garantit plus aucun avenir ; sa dernière tentative d’adoubement de son fils a été sévèrement sanctionnée par le peuple. Or si l’on émet l’hypothèse que Wade ne se présentera pas au scrutin de 2012, et que la menace est grande devant  un bloc uni de l’opposition derrière Moustapha NIASSE (avec un poste de Premier ministre pour Tanor et le perchoir de l’assemblée pour Bathily. Dansokho héritant de la charge de « Sherpa » pour veiller à la bonne marche des institutions), !
 le risque est grand pour les Libéraux de lâcher les rênes du p!
 ouvoir. Et croyez-moi, cette perspective ne les enchante guère.

De la sorte, le retour de Mara au PDS n’est plus un serpent de mer, un vulgaire moyen de surenchère politique. Les évènements actuels le commandent. La survie du Sopi en dépend. Se convaincre du contraire équivaudrait à aller directement au mur. Et chez les ouailles du « Grand Maître », pardon de Maître, on s’est fait sienne la sentence de Wangrin : on n’entre pas au paradis pour en sortir. Donc, il leur faudra faire comme les habitants de Jérusalem : accueillir le Messie avec des rameaux d’oliviers, en lui criant « Hosanna » (sauvez-nous).

Car pour le parti de Wade c’est Idrissa SECK ou le déluge.

ALIOUNE KEBE DIA  (CANADA): akd@live.fr



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