Après l’exploitation de l’aéroport de Diass la question se pose du devenir de l’ancien aéroport LSS de Yoff.
Il semblerait qu’il conserve toujours une fonctionnalité aéronautique pour les armées ou pour les vols officiels. Mais cette restructuration a ouvert la voie à une nouvelle spéculation foncière qui a aiguisé les appétits les plus féroces. Toutes les combines et prébendes sont à l’œuvre pour s’octroyer un bout de terre qui vaudrait de l’or.
Et à quelles fins ? Bétonner bien sûr.
Ce bien foncier, propriété de tous les Sénégalais risque d’être morcelé et éparpillé comme des confettis de pailles sous les bourrasques de l’harmattan au bénéfice de personnes voraces et d’une avidité sans borne. Et en général ce sont ceux qui en possèdent déjà le plus qui en recevront davantage. Ils les revendront aux plus offrants afin de remplir à ras-bord en devises étrangères des comptes ouverts en Suisse ou dans les paradis fiscaux alors que leurs compatriotes peinent à assouvir les fonctions les plus essentielles de la vie : se loger décemment, manger à sa faim, accéder à des soins de qualité, avoir un travail, éduquer et élever ses enfants dans un minimum de confort …
Qu’est-ce qui pousse ces gens qui ont déjà tout à une telle gabégie sans limite ? Ne voient-ils pas ce qui se passe aux portes de leurs villas de luxes pleines de dorures ? Pourtant il suffit de passer la rue, de changer de quartier, de faire quelques kilomètres à l’intérieur du pays pour rencontrer des formes de misères que l’on croyait révolues à jamais.
Une seule réponse me vient à l’esprit : c’est le rang social. Rang social qu’on veut de plus en plus élevé. Je dois être vu et reconnu. Mon poids au sein de la société est à l’aune du nombre de villas, de voitures de luxe que je détiens ainsi que la quantité de millions en dollars que j’ai quelque part dans un pays occidental. A cela, merci d’ajouter le nombre de pèlerinages que j’ai effectués à la Mecque, la puissance de la sono que j’ai fait installer dans la mosquée du quartier, la grandeur et la flamboyance des cérémonies que j’organise à chaque occasion (décès, mariages, baptêmes, dahiras, meetings politiques), le clinquant de mes habits et bijoux.
Cette personne aime la lumière, le brillant. Même ses quelques et rares bonnes actions n’ont d’objectif que d’ajouter encore à son mérite, à sa notoriété et à l’élévation de son rang social.
Oublie-t-on, que le rang social aussi haut soit-il, il atteint son apogée avec un petit tissu en percal et quelques pieds sous terre.
Assez de digression, revenons à notre sujet.
Dakar est notre capitale, notre ville que nous aimons. Mais qu’est-ce qu’elle est laide et sale. Beaucoup d’éléments peuvent être invoqués ici pour expliquer, voir justifier ce constat désolant.
Il y en a un qui me semble le plus flagrant parmi tant d’autres : c’est l’absence de verdure.
Comment se fait-il que nos responsables, nos urbanistes aient pu concevoir (permettez-moi d’utiliser ce verbe même s’il est très peu adapté ici) une ville de cette taille sans parcs, espaces verts ou autres pour le loisir de ses habitants.
Imaginez la vie d’une jeune maman qui voudrait promener son petit bébé. Que lui offre-t-on ?
Un trottoir encombré de véhicules, de détritus, de gravats de chantiers qui ne se terminent jamais, une atmosphère remplie de polluants rejetés par des véhicules d’un autre siècle qui auraient dû faire un tour à la casse depuis longtemps.
Mais un petit billet de 1000 francs permet de prolonger la circulation de ces cercueils ambulants qui déversent à chaque mètre parcouru de quoi rendre asthmatique des dizaines d’individus dont personne ne se soucie de la santé.
Faisons un rêve et imagions la ville autrement. Imaginons une place de l’indépendance paradis d’un gazon taillé impeccablement, d’une multitude d’espèces d’arbres et de fleurs, un petit lac au milieu où barbottent des canards et autres oiseaux aquatiques, quelques poissons se cachant sous les feuilles des nénuphars.
Tout cela dans une propreté impeccable sans un sachet ni mégot abandonnés.
Imagions une dizaine de cette même place essaimer dans tous les quartiers de la ville. Voyons certaines encore plus grandes avec un parcours de footing, une petite forêt vierge, un lac artificiel, une grande salle multisports et même une ferme pédagogique.
J’entends ceux qui sont en train de se dire : ceci n’est pas possible dans notre pays, mais en Occident, Paris, Berlin ou New York. Permettez-moi de vous dire qu’ils ont tort.
La nature est intrinsèquement africaine. C’est le bétonnage abusif de nos cités qui est une importation irréfléchie et mal adaptée qui nous était étranger.
Comme sur beaucoup de points, nous avons copié ailleurs des concepts mal adaptés à nos environnements en les enlaidissant par ailleurs et souvent sans aucune phase de conception ni de projection dans l’avenir.
Même les nouveaux quartiers de Dakar, qui ont été construits il y a seulement une vingtaine d’années, cumulent les mêmes tares que Rebeus ou Grand Dakar. Aucun endroit pour l’épanouissement de l’enfant, du jeune ou de l’adulte n’est prévu en leur sein.
La bâtisse en bêton, massive, sur plusieurs étages, occupe tout l’espace dans une géométrie que même un jeune collégien aurait à redire, et ceci, sans aucune harmonie.
Revenons à notre rêve de verdure, de lacs artificiels, de longues allées bordées d’arbres centenaires, de bougainvilliers, de prairies verdoyantes où éclosent des milliers de fleurs d’ici et d’ailleurs, de coassement de grenouilles, de vols de libellules, de chants d’oiseaux les plus magnifiques, d’enfants apprenant à faire du vélos avec leur papa pendant que maman et ses copines font un tour dans une barque aux couleurs de la téranga sénégalaise, de personnes âgées et plus jeunes assis sur des bancs ou à l’ombre de manguiers en floraison et tant d’autres merveilles.
Ce rêve peut être une réalité à l’emplacement actuel de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. La majorité de cette surface pourrait être consacrée à ce rêve pour le bonheur de toute la population.
Une majorité des rêves peut devenir réalité. Il suffit de s’en donner la peine et les moyens.
18 Commentaires
Anonyme
En Octobre, 2019 (13:03 PM)@oumar Djigo
En Octobre, 2019 (13:43 PM)D’autre part la réponse à votre cauchemar est simple : Dakar est saturé construisons à Déni Birame NDAW , ndiakakhirte , et à Sangalkam.
Le TER, en dépit des critiques certes légitimes, sera la voie toute tracée pour mener vers le poumon vert de vos rêves.
Bien sur que nos autorites ne vont jamais le faire car ils vont se partager les 800 hectares de LSSS d'ici 2024 avant de perdre le pouvoir au depart de Macky.
Wade avait commence a morceller le camp Leclerc et il voulait meme donner la foret classee de Mbao a des promoteurs immobiliers.
On aurait pu avoir un central park a Dakar comme celui de New York que personne ne peut toucher et qui est protégé mais ici c'est la boullimie fonciere tous azimuts et avant de perdre le pouvoir ces creve la faim de l'APR feront tout pour morceller l'aeroport puisqu'ils ont meme deja commence en reculant le mur de cloture.
Il n'y a ques des magistrats et juges hauts places et autres membres du pouvoir qui ont profite de ces nouveaux terrassements que j'ai visite et j'etais completement choque par l'etendue des degats at ils ont due bouffer au moins 100 hectares sur l'emprise de l'aeroport.
Deuxième chantier: la bande de filaos
Bientôt Dakar sera privée de tous ses espaces verts.
Vive le béton et armé si possible.
Lune
En Octobre, 2019 (15:41 PM)Même Les Habitants
En Octobre, 2019 (15:48 PM)Patriote
En Octobre, 2019 (17:29 PM)Dance Et Fête
En Octobre, 2019 (19:29 PM)Dommage que la compréhension du sens de la vie et donc de l'organisation
et des choix qui en découlent ne soit pas toujours ne soit pas toujours la chose
la mieux partagée
Espérions que cet article en reveille certains
Merci
En Octobre, 2019 (20:21 PM)Mohamed Seck
En Octobre, 2019 (20:47 PM)A L'auteur
En Octobre, 2019 (10:21 AM)En tout cas je serais partant pour toutes initiatives allant dans ce sens
Elephant99
En Octobre, 2019 (10:41 AM)Il est beau votre rêve. En tout cas, je me suis senti quelques peu transporté par votre récit. Et je voudrais dire que je pense qu'il n'est pas totalement innacessible.
J'émets juste une remarque qui me parait fondamentale pour toutes personnes désireuses d'apporter un renouveau dans ce pays. Je pense qu'il faut arrêter de compter sur l'action d'autrui pour effectuer des changements que nous désirons pour nous-même.
Celà dit, le parc de Hann est une représentation déjà existante et certes imparfaite de votre vision pour l'espace actuellement occupé par l'aéroport de Yoff. Malheureusement, pour le fréquenter au quotidien, je ne peux que constater le manque flagrant d'entretiens du "central park" de dakar comme il m'amuse de le nommer. Il me semble que les gardes y travaillant sont davantage préoccupés par leurs discussions légères entre collègues à l'abris du soleil que par le simple ramassage des innonbrables déchets se trouvant à leurs pieds.
Je suis trop jeune pour avoir connu les glorieuses années de ce parc tel que me l'ont conté mes aînés. Mais je reste positif sur le fait qu'il est possible de faire de parc une véritable fierté pour les dakarois. Il pourrait être une formidable vitrine et une zone d'expérimentation formidable. Tous les éléments que vous avez évoqué dans la description de votre rêve pourrait y être réunis.
Je tiens ici à partager une anecdocte dont j'ai été témoin et qui est très symptomatique de l'ingérance dont ce parc fait l'objet actuellement. Un matin du mois d'août 2019, alors que je traversais, à pieds, le parc de Hann pour me rendre sur mon lieu de travail, j'ai été interpellé par un automobiliste qui effectuait le même trajet que moi. Il avait plu ce jour là et quelques flaques d'eau s'étaient formées sur la route. Lorsque l'automobiliste, au volant de son beau 4x4, baissa sa vitre, il me proposa gentillement de monter avec lui pour que nous continuions le trajet ensemble. J'ai accepté sa proposition. J'étais très étonné qu'un véhicule de particulier puisse traverser un parc que l'on veut théoriquement éloigné de la pollution de la ville. Au cours de notre échange, bien installé sur son siège en cuir, mon interlocuteur s'est alors plaind de la congestion du traffic comme pour se justifier du fait qu'il emprunte cet itinéraire à travers le parc. Arrivé à la sortie du parc, les gardes, tout sourire, interrompant leur discussion en cours, levèrent la barrière pour laisser passer notre véhicule qui leur semblait familier. Les sourires et la camaraderie que j'ai pu observé entre mon compagnon de route et les gardes me laisse penser qu'il n'est pas rare de le voir emprunter cette route à travers le parc.
Quel ne fut pas mon étonnement lorsque j'appris alors que mon aimable chauffeur était en fait un fonctionnaire du ministère de l'environement qui se trouve à côté du parc de Hann ! Son statut lui permet visiblement de braver certaines interdictions. Je rappelle ici qu'il n'est pas autorisé, pour des véhicules de particuliers, d'emprunter les chemins à travers le parc. De plus, je me suis étonné qu'un membre du ministère de l'environnement, sensé montré l'exemple en terme de comportement respectueux de la nature soit le premier à contribuer à la dégradation du cadre unique qu'offre ce parc.
Voilà une des anecdotes qui me conduit à émettre la remarque que j'ai mentionnée plus haut. Le changement c'est à nous, citoyens, de le faire. Il est vain, d'attendre l'action de quelconques autorités pour effectuer des changements que nous voulons pour notre habitat. Qu'est-ce qui nous empêche, à l'échelle de la rue ou nous habitons, dans un premier temps, d'y installer des poubelles et de sensibiliser le voisinage sur l'importance de mettre leurs déchets dans ces poubelles ? Qu'est-ce qui nous empêche de coordonner une action de voisinage pour ramasser les déchets présent dans la rue où nous habitons ? Qu'est-ce qui nous empêche de côtiser toujours à l'échelle de notre rue, pour s'offrir les services d'un jardinier qui puisse aménager un petit espace vert avec des bancs et y planter des arbres ? Qu'est-ce qui nous en empêche ?
Je crois fermement que sur la question des déchets, la solution doit et ne peut que venir d'en bas. La propreté de nos rues n'est pas une priorité pour le gourvenement. Les entreprises privées ne s'y intéressent pas car, jusqu'a preuve du contraire, le ramassage de déchet n'est pas une activité rentable. Je pense que si à petite échelle, des personnes parviennent à rendre leur proche voisinage propre, un effet de contagions pourrait s'en suivre dans d'autres pâtés de maisons. Et qui sait jusqu'où celà pourrait nous mener ?
Voilà, c'était un peu long. Je me suis un peu emporté, je l'avoue. Mais j'avais envie de le partager avec vous.
Olivier P.
En Octobre, 2019 (18:29 PM)Wa Niayes
En Décembre, 2019 (17:39 PM)Participer à la Discussion