Qu’il me soit permis de vous exprimer mes sentiments suite à votre audience du lundi 22 janvier 2007 avec le président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye WADE.
Tout d’abord, je dois faire certaines précisions. Depuis 1998, je suis électeur, et ma carte a toujours appartenu au candidat Wade, à son parti ou à sa coalition. Sauf le référendum du 7 janvier 2001 où je me suis abstenu de voter. Car j’étais de ceux pensaient que cette constitution faisait de Wade un monarque républicain en plus du fait que les libertés des travailleurs ont été largement diminuées avec l’article 25 qui stipule qu’en cas de grève l’employeur peut licencier les travailleurs si cette grève menace la stabilité de l’entreprise. Quelle est la grève qui ne menace pas la stabilité d’une entreprise ?
En somme, beaucoup de Sénégalais, moi y compris ont soutenu l’action de Wade malgré ses reniements (l’application de l’article 32 de l’ancienne constitution) ou de ses revirements (la réduction de son mandat pour se conformer au quinquennat) à cause d’hommes comme vous, Mr Seck ou Niasse, Bathily ou tout autre technocrate qui a eu à collaborer avec lui. Car vous étiez l’assurance contre toute forme de dérives.
Personnellement, j’ai arrêté d’être le sympathisant de Wade le jour où dans les colonnes de Jeune Afrique l’Intelligent il a déclaré en substance qu’(il) pense quitter le pouvoir mais qu’(il) ne voit personne, dans (son) parti comme ailleurs, capable de (lui) succéder à la tête du pays. J’ai considéré cette sortie comme une insulte aux 11 millions de Sénégalais que nous sommes en général et à Vous, Mr Seck en particulier. Car en ce moment vous étiez le numéro 1 du Gouvernement et le « deuxième numéro un » du PDS. Oubliant du coup que le pouvoir qu’il a est une volonté populaire et non un legs de son père. Donc c’est pas à lui de choisir son successeur mais au peuple.
Depuis donc ce jour, même sachant que dans le PDS il y a des hommes de valeur et de conviction, j’ai arrêté de soutenir l’action de Wade, de son parti et de son Gouvernement. Et survint le 22 avril 2004.
Cette date marque votre départ de la station primatoriale et des instances de direction du Parti Démocratique Sénégalais. Cette rupture est due au fait que vous n’avez jamais voulu tenir des promesses irréalisables, vous avez toujours voulu vous entourer des meilleurs sénégalais où qu’ils se trouvent, vous vous êtes écarté des chemins tortueux et de ses adeptes dans votre parti comme hors de votre parti. Cette attitude avait été assimilée à un « coup d’Etat rampant ou debout » par un certain trotskiste. D’autres dans votre parti ont vite fait de crier sur tous les toits que vous voulez débarquer le Président avant la fin de son mandat.
Mais nous retenons que depuis cette date, beaucoup de choses se sont passées : des hommes et des femmes valeureux, travailleurs et compétents ont perdu leurs postes à cause d’une DESECKISATION. Ces hommes et femmes étaient dans tous les niveaux de responsabilité dans l’appareil d’Etats : des ministres et leurs staffs, des députés chassés du bureau de l’Assemblée Nationale, des gouverneurs, préfets et sous-préfets mis au frigo, des généraux de l’armée ou de la gendarmerie mis à la retraite, un ambassadeur renvoyé à son pays car sa faute a été de déjeuner avec vous. Cette période consacre aussi votre mise en prison. Si c’était vous seulement, même si c’est dommage, nous pourrions tolérer.
Mais les dommages collatéraux de votre « dualité au sommet » ont mis des innocents en prisons !
Un Sénégalais d’origine libanaise, Hassan Farez, grand homme d’affaires, qui fait nourrir au moins un millier de personnes à travers ses entreprises Kirene, les Ciments du Sahel et que sais-je encore, sa femme et sa secrétaire sont jetés en prison pour complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat
Un journaliste, El Hadji Ndary Gueye, qui a eu le tord de coucher sur du papier les dérives du régime Wade a été pris pour votre porte voix et lui aussi jeté en prison.
Une dame, Coumba Ngouye Thiam, inspectrice de police, amie d’enfance d’une de vos collaboratrices, mère de famille et asthmatique s’est lui aussi retrouvée en prison sur la base d’accusations d’une prostituée qui fréquente le chef de cabinet du Président Wade.
Un autre aussi, qui vivait tranquillement au Canada, Mbaye Couloubaly, que vous avez fait revenir au Sénégal pour vous aider à assurer la visibilité de votre Gouvernement, donc « la vision de chef de l’Etat » était à l’hôtel zéro étoiles de Reubeuss.
Yankhoba Diattara a été cueilli chez lui et jeté à la prison de Thiès pour troubles à l’ordre public.
Votre garde rapprochée est en prison sur la base d’une accusation dont les témoins jurent la main sur le cœur qu’ils n’ont rien vu.
Un certain entrepreneur, Bara Tall, qui pèse 50 milliards de chiffre d’affaires, qui emploie 5 à 10 mille personnes dans ses travaux est actuellement en prison car il a refusé de vous compromettre
Nous ne comptons pas le « Dem-DIC » de vos proches (Awa Gueye Kébé, Opa Ndiaye, Ibrahima Touré ITO), la torchinisation de notre Constitution rien que pour ne pas aller aux élections.
L’idée d’un deal m’avait traversé la tête mais face à tout ce que je viens d’énumérer il est très très difficile de penser que VOUS Mr Seck avez accepté de « marcher » sur ces cadavres pour retrouver votre place auprès de Wade !
Car vous avez refusé de siéger dans un gouvernement avec ceux qui sont des « anti valeurs » pour nos enfants au prix de votre poste de Premier Ministre. Ces anti valeurs sont nombreux mais le plus représentatif est Djibo Leyti Ka. Ce dernier, à l’entre deux-tours, avait, au sortir de son audience avec le candidat Abdou Diouf, dit qu’il avait demandé au Président de partir pour abréger les souffrances des sénégalais. Mais quelques jours plutard, il a accepté la main tendue de Abdou Diouf pour dit-il « apporter les changements nécessaires au pays ».
En vous j’ai vu un homme technocrate, un méticuleux, un vrai homme d’Etat et le plus important un croyant. Vos constantes références aux Livres sacrés le confirment et vous ne cessez de répéter « qu’Allah n’aime pas les traîtres ». En vous je dirais que vous avez « le monopole des cœurs » pour paraphraser Valéry Giscard d’Estain. C’est pourquoi déclaration du 4 avril 2006 et toutes les actions qui ont suivi peuvent être résumer en un seul slogan : BOUTER WADE HORS DU POUVOIR. Un slogan qui est devenu le leitmotiv de tout un peuple qui a vu en vous celui qui incarne l’espoir face à la faillite du régime Wade et les atermoiements de l’opposition.
Cet espoir a été relayé par des hommes et femmes, de Dakar au village le plus enclavé du Sénégal. Cet espoir, vous, Mr Seck avez pu le mesurer lors de votre voyage à Ziguinchor et à Bignona, lors de votre visite à Saint Louis, lors des tournées de proximité à Yoff ou Yarakh, lors de vos déplacements à Touba ou Tivaoune. Faut-il trahir tout cela pour être à nouveau à coté de Wade ? Non Mr Seck !!!
En Wade je vois un homme de reniement, de renonciation, une tortuosité arrogante. En somme je vois en lui un autre anti valeur pour le type de sénégalais que nous voulons à l’avenir et pour l’avenir de notre pays. C’est « l’homme du passé et du passif », pour cette fois paraphraser Mitterrand.
Pour finir, je vous dirais Mr Seck que je ne voudrais pas que l’année 2007 débute avec la trahison de l’espoir de millions de sénégalais. Je ne pense pas que vous en soyez capable. Et si vous êtes tenté de le faire, je ne pense pas un seul instant que ces millions de sénégalais soient des moutons de panurge.
Pour terminer, Mr Seck, face à la détresse du mon rural, à la mort programmée de notre jeune,à la cherté de la vie, à la disparition voulue de notre tissu industrielle, à la faillite de notre système scolaire, aux scandales qui secouent notre pays, je supplie de choisir le peuple à la place de la main tendue de Wade !!
Ne faites pas comme Djibo.
Bachir FOFANA
Archiviste Documentaliste,
Maitrise en communication<39>fofbachir@gmail.com
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