« Un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève le défi »
François Mitterrand
Extrait de : le coup d’Etat permanent
Dieu soit loué ! Fort heureusement, sans effusion de sang, Mamadou Tandjan a été écarté du pouvoir, par des militaires qui ont le sens du devoir et du patriotisme pour soulager et libérer le peuple nigérien d’un illuminé qui se prenait pour un homme populaire, indispensable et incontournable pour son pays.
Comme c’est souvent le cas en Afrique, certains chefs d’Etat dictateurs ou gestation de le devenir, organisent des simulacres d’élections pour lesquelles, ils sont sûrs de les remporter, parce que procédant à toutes sortes de fraudes dans tout le long du processus.
Ainsi, ils étalent leur plébiscite, comme la preuve de popularité de leur singulière personne au sein des populations. Mais comble d’ironie, Mamadou Tandjan a été écarté sans que, ne serait-ce que, son parti ou ses souteneurs encore moins, la population n’aient levé le plus petit en guise de soutien ou de protestation en sa faveur. Le calme plat qui a suivi les évènements donne une preuve palpable pour ne pas dire manifeste, que l’homme fut impopulaire et vomi par son peuple qui, finalement n’avait plus que mépris pour lui.
C’est en tout cas l’occasion, de dire à l’attention des dictateurs et autres potentats africains encore au pouvoir, qui refusent absolument, le jeu démocratique ou plus exactement le changement démocratique –par la voie des urnes et du suffrage universel- dans les pays qu’ils dirigent, que c’est la moindre, des choses qui puissent leurs arriver s’ils persistaient. A savoir : un coup d’Etat sans effusion de sang avec la vie sauve et, au pire des cas maintenant, c’est un changement violent qui pourrait occasionner des pertes de vies humaines importantes.
Il y a lieu de se demander d’ailleurs, est-ce que ce sont tous les coups d’Etat qui sont à condamner dans tous les cas de figure et avec la même fermeté? Si, dans le principe de la démocratie, c’est oui dans la réalité d’un régime dictateur forcené, c’est non à mon avis. Comme par exemple, les cas de Toumani Touré au Mali et Jerry Rawling au Ghana pour ne citer que ceux-là. Certains changements de régimes par cette voie sont parfois salutaires parce que libérateurs dans les cas spécifiques de régime de dictateurs obstinés, dirigés par des hommes assoiffés et aveuglés par les délices du pouvoir et qui tiennent leur peuple otage, par le fait de changer en leur faveur à chaque fois que de besoin, pour demeurer au pouvoir aussi longtemps que possible, les règles démocratiques et constitutionnelles contre a volonté de leurs peuples.
Certes, aujourd’hui c’est Mamadou Tandjan qui s’était d’ailleurs inspiré de la méthode Abdoulaye Wade, qui est un coutumier des faits et qui le record mondial dans ce domaine. Parce que, de tous ceux qui violent leurs institutions et refusent le jeu démocratique dans leur pays, A. Wade, est le chef de file en ce moment précis.
Mais, cette chance de Me Wade, d’être à la tête d’un pays comme le Sénégal, où cette méthode de prise du pouvoir est bannie par nos militaires et hommes politiques jusqu’ici, a des limites objectives. Le fait d’en faire un mauvais usage politique ou une lecture erronée par Me Wade, au point de ne pas en tenir compte est une erreur politique grave de conséquences.
L’attitude de l’Union africaine et de la CDEAO est assez bizarre pour ne pas dire contradictoire et inconséquente. Mamadou Tandjan a refusé d’observer en tant que pays membre, toutes les recommandations de l’Union et de même que les sanctions prises à son encontre par la CDEAO. Il s’est entêté envers et contre tout, à poursuivre sa volonté démesurée de se maintenir au pouvoir en modifiant la constitution contre l’avis de la Cour constitutionnelle. Alors, il s’est rebellé contre une haute juridiction de la république ou mieux, il a opéré un coup d’Etat d’un autre genre. La CDEAO et l’UA ont montré leur impuissance face à lui. Alors, il est écarté par des militaires patriotes avec le minimum de perte en vies humaines, tout en sauvegardant l’intégrité physique de la personne de Mamadou Tandjan, au lieu souffler un ouf de soulagement et de remercier ces vaillants soldats, ces organisations-là, dont l’inutilité pour les peuples n’est plus à démontrer, se mettent à condamner le changement qui, en réalité, n’est pas n’est pas tant un coup d’Etat classique mais plutôt, l’éviction d’un homme devenu dangereux à la tête de son pays.
Les peuples africains sont d’ailleurs en droit de se demander, en fin de compte, à quoi servent véritablement, ces Unions ? Dans la mesure où, elles sont impuissantes face à des chefs d’Etat hors-la-loi et incapables de se faire respecter ou obéir par les Etats membres.
Par ailleurs, leur choix sur la personne de Abdoulaye Wade comme médiateur dans le conflit inter-nigérien, est totalement inconvenant dans la mesure où, l’homme sur qui le choix est porté fait pire que Tandjan chez lui. C’est à mes yeux, de la part de ces unions, un manque de respect notoire à l’endroit du peuple sénégalais pour ne pas dire de l’hypocrisie ; à moins que, ce ne soit lui-même, comme à son habitude, qui s’est porté volontaire à défaut de candidat. C’est en tout cas incompréhensible, car il est certain, comme à son d’habitude, qu’il allait soutenir Tandjan pour son maintien au pouvoir, ne serait-ce que, pour les ressemblances troublantes qu’ils ont en commun, la boulimie du pouvoir.
A notre souvenance, dans toutes les affaires (conflits) où il a eu à intervenir comme médiateur ou facilitateur, il a toujours fait du parti en favorisant secrètement un camp contre l’autre et non équidistant entre les parties et loyalement.
Donc au total, dans le cas du Niger, Mamadou Tandjan n’a eu que ce qu’il méritait depuis fort longtemps et rien de plus. La preuve, c’est rare de constater, qu’un coup d’Etat soit si peu dénoncé ou condamné par la communauté internationale.
Ainsi, et par voie de conséquence, ceci est une leçon admirable qui devrait servir à tous ceux qui s’entêtent à vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte –si tant est, il leur reste encore tant soit peu de raison et de bon sens- et à la tête de leur pays contre la volonté populaire, quitte à faire usage de la force publique mise à leur disposition, contre le peuple. A l’exemple du comportement indigne dont les forces de l’ordre ont fait montre hier, contre les anciens combattants mutilés de guerre, qui manifestaient, pour ne réclamaient que les droits qui leurs sont dus jusqu’ici. Ils en avaient ras-le-bol de promesses jamais tenues, signe particulier à l’alternance.
Je recommande au peuple nigérien, et toutes forces patriotiques du Niger, de demeurer vigilants et de se méfier de certains médiateurs très suspects qui tenteront de revenir à l’ordre ancien à savoir : faire revenir Mamadou Tandjan, ce qui devrait être exclu dans tous les cas de figure. Faut-il le rappeler ? Oui ! Toute chose qui commence a immanquablement une fin.
A bon entendeur salut !
« Il est dangereux de remettre les clés de la République à un homme tenté par le pouvoir personnel »
Patrick Poivre d’Arvor
L’irrésolu
Mandiaye Gaye
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