Toutes les violences faites aux femmes sont condamnables, y compris celle que les femmes s'infligent elles-mêmes, comme la dépigmentation artificielle ou xèsal. La violence exercée sur la peau pour l'éclaircir est extrême et conduit à ces terribles conséquences : sévères infections de la peau pouvant mener au cancer, larges irréversibles vergetures, troubles définitifs de la pigmentation, problèmes de cicatrisation, risques accrus d'hypertension artérielle, de diabète, de complications rénales et neurologiques. C'est un problème de santé publique. Les dermatologues sont unanimes sur son interdiction totale.
La violence du xèsal va au-delà de cette catastrophique agression de la santé de la femme. Elle opère aussi un détournement dans le budget familial et compromet le rôle des femmes à transmettre les valeurs de fierté de ses racines, d'estime de soi et de préservation du patrimoine naturel aux nouvelles générations.
Il est regrettable de voir la dépigmentation artificielle pratiquée par des personnalités bien éduquées ou de premier plan : officielles, enseignantes, personnels de santé, artistes, femmes de médias.
Le Conseil national de l'audiovisuel (CNRA) vient de bannir la publicité du xèsal à la télévision au Sénégal; un décret datant de 1979 interdit la pratique du xèsal pour les filles dans les écoles primaires et l'enseignement secondaire. Il n'y a point de doute que des efforts doivent encore être faits par tous (notamment par les hommes dans les familles) pour aider les femmes à lutter contre cette violence faite à elles par elles-mêmes. Cependant, les associations de femmes doivent porter et mener la lutte pour éradiquer cette violence. Et la victoire est bien possible.
Mamadou Sy Tounkara,
Conseiller spécial du président de la République du Sénégal
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