Définie comme le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », la démocratie est une forme de gouvernement où la souveraineté appartient exclusivement aux citoyen.ne.s membres d’égale dignité et d’égal droit du Contrat social fondateur de la République démocratique. En tant que telle, elle se démarque de la monarchie, de l’aristocratie et de la dictature.
Au Sénégal, le retour à ce qui ressemble dans ses grands contours à cette forme de gouvernement après trois (03) siècles de domination coloniale caractérisée par une dictature féroce s’est fait grâce à des luttes sociales et politiques portées par les Sénégalais.e.s à des moments critiques de l’évolution du pays. Ce sont ces luttes sociales et politiques qui ont fait évoluer notre nation, même si ce n’est pas de façon strictement linéaire, du régime du parti unique du début des Indépendances au milieu des années soixante-dix, à un multipartisme d’abord limité à quatre (04) courants en 1976 avant d’être intégral à partir de 1981 et enfin aux deux grandes alternances démocratiques de 2000 et de 2012.
Ces grands moments de l’histoire politique du Sénégal indépendant, correspondant aux grandes étapes de la reconquête progressive par le peuple sénégalais de sa dignité, de sa liberté et de sa souveraineté, autorisaient à penser que notre pays s’était ancré de façon irréversible dans la démocratie et que les éventuelles difficultés qui surviendraient par-ci et par-là dans le processus jamais achevé de consolidation de cette forme de gouvernement ne seraient que conjoncturelles, et donc assez facilement surmontables, et non structurelles, c’est-à-dire qu’elles ne seraient de toute façon pas de nature à nous ramener à une dictature équivalente ou proche de celle vécue pendant les trois (03) siècles de domination coloniale. Les Sénégalais étaient d’autant plus fondés à nourrir un tel espoir qu’ils avaient quand même réussi, en 2011-2012, dans un contexte de tensions extrêmes, à mettre fin à la dérive autoritaire de Abdoulaye Wade (père spirituel de l’actuel président) en réalisant la deuxième alternance démocratique du pays depuis 1960.
Mais tout comme les belles expériences démocratiques d’Allemagne, d’Espagne et du Chili avaient été brutalement interrompues par Hitler qui avait été élu démocratiquement et par Franco et Pinochet qui avaient perpétré des coups d’État, la belle expérience démocratique sénégalaise, fondée sur une solide culture de la résistance du peuple, a été complètement détruite en près de douze ans de règne arbitraire de Macky Sall par des violations massives et sans précédent des libertés fondamentales et des droits fondamentaux des Sénégalais.e.s. C’est ce que je me propose de montrer dans cette tribune à travers trois principaux points : le premier traite de l’état actuel des droits de la libre personnalité individuelle, le second de celui des droits civils et politiques et le troisième de la restriction drastique de l’espace public pluraliste avec la criminalisation de facto de l’opposition démocratique dont la conséquence la plus anti-démocratique et la plus discriminatoire (comme cela avait été le cas en Afrique du Sud sous l’Apartheid et en Côte d’Ivoire pendant les années où prévalait la politique de l’ivoirité) est l’exclusion manifeste de millions de citoyen.ne.s du Contrat social sénégalais.
Violations des libertés fondamentales et des droits fondamentaux
Violations des libertés fondamentales et des droits fondamentaux
Le caractère démocratique ou non d’un État donné se mesure prioritairement à l’importance qui y est accordée aux libertés fondamentales et aux droits fondamentaux non seulement dans la fondation du Contrat social mais également dans le vécu quotidien de tout.e.s les citoyen.ne.s membres d’égale dignité et d’égal droit dudit contrat.
Plus la place accordée à ces valeurs est importante et le niveau de protection dont elles bénéficient élevé, plus la nature démocratique du régime qui leur a aménagé une telle centralité dans son fonctionnement peut être revendiquée et justifiée. Libertés fondamentales et droits fondamentaux constituent donc les deux piliers majeurs de tout régime véritablement démocratique. Leur transgression, voire leur abolition, est de fait incompatible avec la préservation d’un tel régime. Unique régime dans lequel les citoyen.ne.s ont le droit et la liberté d’élaborer eux-mêmes les lois qui les régissent, la démocratie exige non seulement un strict respect des Droits humains mais confère également aux citoyens le droit ultime de juger et de contrôler les trois (03) pouvoirs constitutifs de l’ État de droit.
Dans un pays réellement démocratique, aucun pouvoir qu’il s’agisse du législatif qui propose et vote les lois, de l’exécutif qui applique les lois et règlements ou du judiciaire qui rend la justice au nom du peuple et se prononce sur la légalité ou non des actes des deux autres pouvoirs ne peut et n’a le droit d’essayer de se soustraire au contrôle et au jugement publics des citoyen.ne.s ou de l’opinion publique.
Faire donc arrêter systématiquement tout Sénégalais émettant une opinion négative sur le fonctionnement de la justice comme cela est devenu la règle sous Macky Sall, revient tout simplement à criminaliser arbitrairement un droit fondamental dans une démocratie normale qui est celui naturel de tout être humain de juger et de contrôler son pouvoir judiciaire. D’ailleurs, si on se fonde sur l’exigence radicale de préservation des libertés fondamentales et des droits fondamentaux caractéristique d’une véritable démocratie, c’est moins l’expression d’opinions fussent-elles négatives sur les décisions de justice qui doit être qualifiée pénalement de délit que l’entrave arbitraire à l’exercice de ce droit citoyen fondamental par certains magistrats. Si le respect des libertés fondamentales et des droits fondamentaux était encore une réalité au Sénégal, ce ne seraient pas des citoyens comme Pape Ndiaye, Bassirou Diomaye Faye, Sérigne Saliou Guèye, etc. qui seraient en prison pour le délit injustifiable de discrédit jeté sur la justice mais plutôt les concitoyen.ne.s justiciables du reste comme tout Sénégalais qui ont abusé de leurs positions pour criminaliser et faire entrave à ce droit inaliénable de tout être humain de juger et de contrôler sa justice. L’entrave arbitraire à l’exercice de ce droit inaliénable des Sénégalais.e.s a été d’autant plus désastreuse pour notre démocratie que ses implications se sont traduites par de très graves violations des Droits humains.
Correspondant aux droits inhérents à l’individualité de chacun.e., les Droits humains se fondent sur l’exigence de protection de chaque être humain contre toute tentative de l’État à porter atteinte à sa personne. Le citoyen sénégalais, comme tout être humain, jouit de ces droits dès sa naissance, et l’État, à moins d’être totalitaire comme l’est de plus en plus le Sénégal d’aujourd’hui, ne peut les lui retirer ou les bafouer. Ces Droits humains, qui sont des droits naturels donc imprescriptibles se déclinent principalement en deux (02) catégories : les droits de la personnalité individuelle et les droits civils et politiques.
Les droits de la personnalité individuelle
Les droits de la personnalité individuelle
Noyau des Droits humains, ils consacrent le droit inaliénable à la vie mais également celui non moins inaliénable au libre épanouissement de la personnalité. Cette première catégorie des Droits humains, fondée sur l’exigence fondamentale de protéger chaque être humain contre les attaques et manifestations de violence contre sa personne, de préserver son intégrité et sa dignité, avait déjà été très clairement proclamée par la première déclaration universelle des Droits humains de 1222 appelée Charte du Manden ou Manden kalikan en malinké. Dans l’article premier de cette charte, les révolutionnaires ouest-africains déclaraient sans la moindre équivoque : « Toute vie (humaine) est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie. Mais une vie n’est pas plus ancienne, plus respectable qu’une autre vie. De même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie ». Près d’un millénaire après cette révolution ouest-africaine dont les principes fondamentaux se sont plus tard retrouvés entre autres dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et dans la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples de 1981, le régime de Macky Sall se singularise aujourd’hui paradoxalement par un manque total de respect pour la vie, l’intégrité et la dignité humaine des Sénégalais.e.s. C’est sous son règne, et non sous celui d’aucun de ses prédécesseurs depuis 1960, que les droits à la vie et au libre épanouissement de la personnalité ont été restreints à une seule catégorie de Sénégalais.e.s : ceux de son camp.
Pour les autres surtout s’ils sont de PASTEF ou soupçonnés d’en être des sympathisants de tels droits ne sont pas reconnus et toute tentative de les exercer expose nécessairement à la répression, à la prison, voire à la mort. D’ailleurs, avant le massacre digne d’un Idi Amin Dada dont des dizaines de Sénégalais désarmés ont été victimes en ce début de juin 2023, la dictature sanguinaire de Macky Sall avait déjà à son actif pas moins de vingt (20) Sénégalais.e.s assassinés, morts ou disparus mystérieusement parmi lesquels la militante de PASTEF Mariama Sané assassinée en octobre 2018 à Keur Massar, François Mancabou torturé à mort en prison en juillet 2022, Didier Badji et Fulbert Sambou déclarés disparu et mort en décembre 2022 auxquels s’ajoutent quatorze (14) manifestants tués en mars 2021 et trois (03) autres en juillet 2022.
Ces quelques cas, non-exhaustifs, corrélés aux appels répétés et gradués de partisans du régime au génocide, attestent que notre pays a cessé d’être une démocratie et qu’en complicité apparente avec Macky Sall, le pouvoir judiciaire ne compte pas protéger, comme l’y oblige pourtant la loi, les droits inaliénables de tout.e.s les Sénégalais.e.s à la vie et au libre épanouissement. Ces violations massives des libertés fondamentales, dont on vient de faire brièvement cas, ne se limitent pas qu’aux seuls droits de la personnalité individuelle. Sous la dictature de Macky Sall, elles s’étendent également aux droits civils et politiques des Sénégalais.e.s.
Les droits civils et politiques
Après les droits à la vie et au libre épanouissement de la personnalité, les droits civils et politiques sont les plus importants des Droits humains. Destinés à garantir à chaque citoyen.n.e son droit inaliénable à une libre participation à la vie politique de son pays, leur exercice ne s’accommode, en principe, d’aucune entorse. Toute restriction les concernant revient donc tout simplement à remettre en cause les fondements même de la démocratie et de l’État de droit. Les citoyen.ne.s sénégalais.e.s qui avaient, sous les règnes des présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, très peu souffert d’une restriction de leur droit à une libre participation à la vie politique du pays, constatent aujourd’hui que ce dernier leur est tout simplement confisqué à travers des réformes discriminatoires et répressives du code électoral et du code pénal sénégalais.
C’est dans le cadre d’une telle restriction que s’inscrit par exemple la loi sur le parrainage ou celle modifiant certaines dispositions du code pénal dont le but évident pour quiconque ne veut pas détourner le regard est d’écarter certain.e.s Sénégalais.e.s des compétitions électorales. Les droits civils et politiques les plus importants sont la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de réunion, la liberté de circulation et la liberté et l’indépendance de la presse qui garantit le droit à l’information de tout.e.s. Intrinsèquement liés, ces droits civils et politiques sont d’autant plus importants pour la solidité d’une démocratie qu’ils sont ceux qui permettent aux citoyens de participer à la construction et à l’expression de l’opinion publique sans crainte de représailles. Malheureusement, il faut le reconnaître, ces droits civils et politiques ont connu une très grande érosion depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, érosion se mesurant au nombre sans précédent de prisonniers politiques et d’opinion enregistrés dans le pays en ce moment. En envoyant de façon aussi systématique acteurs politiques, activistes, journalistes et étudiants en prison, le régime de Macky Sall cherche non seulement à faire peur aux citoyen.ne.s qui ne font rien d’autre qu’exercer leur liberté d’opinion et d’expression mais également à étouffer tout processus d’élaboration d’une offre politique alternative.
Cette situation sans précédent, qui correspond de plus en plus au cours normal de la vie publique du pays, n’est pas sans rappeler le fonctionnement de certains États policiers et totalitaires comme l’URSS de Staline, le Chili de Pinochet, le Zaïre de Mobutu ou le Togo de Gnassingbé Eyadéma. Même la liberté de circulation, pourtant vitale à tout humain, est refusée à certain.e.s. Sénégalais.e.s et particulièrement aux populations des régions de Ziguinchor et de Sédhiou soumises à des restrictions drastiques de mouvements et à des fouilles humiliantes chaque fois qu’elles entreprennent de se rendre à Dakar.
L’objectif visé par le régime de Macky Sall à travers de telles mesures de musèlement des Sénégalais.e.s est le contrôle total de la société par l’instauration illégale d’un état d’urgence non déclaré. Pour atteindre cet objectif permettant de se maintenir au pouvoir par la force et par la terreur, il s’est tout simplement arrogé le droit d’abolir les libertés d’opinion, d’expression, d’association, de réunion et de circulation des Sénégalais.e.s. La presse, l’internet et les médias sociaux ne sont d’ailleurs pas épargnés par cette pratique systématique de musèlement de l’espace public. C’est ce qui a conduit aux coupures répétées du signal du groupe Walfadjiri et à la restriction d’internet et des médias sociaux pendant les soulèvements populaires de ce début du mois de juin. Concourant toutes à la formation et à l’expression d’une opinion publique informée devant peser sur les décisions des dirigeants, les libertés d’opinion, d’expression, d’association, de réunion et de presse ont été malheureusement réduites « à leur plus simple expression » par Macky Sall. En attestent les centaines de prisonniers politiques membres de PASTEF, d’activistes de la société civile, de journalistes, d’étudiants, etc. mais également les nombreuses interdictions de réunions, de rassemblements, de déclarations, de couvertures médiatiques par une presse nationale libre et indépendante des tensions en cours dans le pays, des coupures répétées des signaux de groupes de presse perçus comme hostiles par le pouvoir, etc.
Un verrouillage d’une telle ampleur de l’espace public est sans précédent dans l’histoire récente du pays et le régime de terreur et de surveillance généralisée des populations qui l’accompagne n’a d’équivalent dans la sous- région que les régimes béninois et togolais. Si les affaires de corruption et de prévarication des deniers publics ont pu atteindre le niveau auquel elles sont parvenues sous Macky Sall, c’est parce qu’au préalable son régime a réussi à museler l’opinion publique en faisant systématiquement obstruction à la liberté d’opinion, d’expression, d’association, de réunion et de presse. Sans un tel musèlement, l’opinion publique aurait réussi, comme elle l’avait d’ailleurs toujours fait par le passé, à rendre publiques ses critiques et ses incitations à plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, prévenant ainsi certains cas de corruption et de prévarication de deniers publics. Qu’un rapport comme celui de l’IGF sur le PRODAC ne soit pas rendu public même dans un contexte de procès pour diffamation opposant l’ancien responsable de ce programme au leader de l’opposition sénégalaise prouve bien le choix anti-démocratique de Macky Sall de faire toujours obstruction à l’opinion publique et de violer ainsi le droit citoyen fondamental de rechercher et de rassembler des informations susceptibles de contribuer à la formation et à l’expression de l’opinion publique nationale.
Globalement donc, le règne de Macky Sall se singularise par des violations massives des Droits humains comme le prouvent les répressions constantes de son régime contre tout exercice par des Sénégalais.e.s de l’opposition des droits de la personnalité individuelle et des droits civils et politiques. Cette nature dictatoriale du régime, à travers des violations si massives des Droits humains, se vérifie également à travers la restriction drastique du pluralisme, la criminalisation de fait de l’opposition démocratique et l’exclusion de millions de citoyen.ne.s du Contrat social sénégalais.
Restrictions de l’espace public et criminalisation de l’opposition démocratique
Si le respect des droits de la personnalité individuelle (droits à la vie et au libre épanouissement) et des droits civils et politiques est indispensable au maintien de la nature démocratique d’un régime, il y a lieu de reconnaître qu’il n’en est pas pour autant suffisant. Pour qu’un pays puisse demeurer pleinement démocratique, il est également nécessaire que le pluralisme social et politique y soit une réalité.
Sur le plan politique, le pluralisme se traduit par la reconnaissance par les pouvoirs publics d’un grand nombre de groupements et d’associations librement formés et en compétition ouverte entre eux pour gagner de l’influence sur la vie sociale et politique du pays. Dans un pays pleinement démocratique, aucun point de vue divergent ni aucune offre politique alternative ne peuvent être censurés ou réprimés comme cela est devenu la règle dans le Sénégal d’aujourd’hui où l’opinion dissidente est interdite à la fois d’expression et de diffusion. Partout où il est une réalité et non un faux-semblant comme dans le Sénégal d’aujourd’hui, le pluralisme donne lieu à des discussions contradictoires dont les résultats reposent sur des compromis qui finissent par satisfaire toutes les parties prenantes à la controverse démocratique. C’est cette pratique saine du pluralisme et du débat démocratique contradictoire qui avait donné lieu il y a trente (30) ans au code électoral consensuel de 1992.
Aujourd’hui, le pluralisme est tellement restreint dans notre pays qu’un consensus comme celui de 1992 est tout simplement inimaginable et ce n’est pas le semblant de dialogue qui se tient en ce moment et qui n’est, quoiqu’on dise, rien d’autre qu’une conspiration contre le principal opposant du pays qui mettra d’accord la majorité des Sénégalais.e.s sur ses résultats.
Dans tout pays réellement pluraliste, il existe, parallèlement à la société civile qui exerce une influence socio- économique ou politique, des groupements qui aspirent directement à des fonctions électives : ce sont les partis politiques. Nécessaires et indispensables à la préservation de la démocratie et du pluralisme, les partis politiques sont les leviers par lesquels le peuple peut exercer sa souveraineté. Lors des élections, le peuple agit de manière effective à travers les partis politiques auxquels il accorde sa confiance en leur conférant la majorité des suffrages. Ceux qui n’obtiennent pas sa confiance, c’est-à-dire ceux qui n’engrangent pas la majorité des suffrages à l’occasion d’une compétition électorale donnée, ne disparaissent pas pour autant de l’espace public et du jeu démocratique.
Dans une vraie démocratie, il existe donc, à côté du gouvernement ou du Président élu qui en assure la direction dans le cadre de la loi, une opposition reconnue qui exprime publiquement à l’adresse des citoyen.ne.s sa vision alternative de la façon dont il faudrait gérer le pays. En démocratie, l’opposition a des droits et un statut important reconnus par la loi constitutionnelle. Quand le président Macky Sall, après avoir juré devant les Sénégalais.e.s de respecter et de faire respecter la constitution, se permet de déclarer qu’il va « réduire l’opposition à sa plus simple expression » et que s’ensuit une répression et une persécution d’une violence inouïe des représentant.e.s de celle-ci, il ne fait rien d’autre que renier son serment et se rendre présumé coupable du délit de haute trahison. La forfaiture par rapport à son propre serment ne se limite d’ailleurs pas à cette façon de traiter l’opposition démocratique mais concerne également le principe de la limitation des mandats présidentiels à deux par la constitution. Face à ces attaques destructrices menées contre notre démocratie par celui qui était pourtant censé être le premier d’entre nous à avoir l’obligation de consacrer tous ses efforts à la protéger, les Sénégalais.e.s sont en droit d’invoquer leur droit constitutionnel de résistance à l’oppression en vue d’obtenir sa destitution et sa comparution devant la haute cour de justice de la République pour le délit présumé de haute trahison.
Il y a de cela deux décennies, Georges Bush Jr., à qui Poutine a emboité le pas par la suite, inventait le concept de guerre préventive en faisant de la loi du plus fort le nouveau principe des relations entre États. Aujourd’hui Macky Sall, dans la même logique d’un retour à l’état de nature que Bush Jr., met en pratique, au mépris des règles et des traditions démocratiques sénégalaises, le concept d’élimination préventive de l’adversaire politique favori des élections. Comme jadis Henri Konan Bédié, Robert Guei et puis dans une moindre mesure Laurent Gbagbo qui avaient successivement estimé qu’une participation du favori Alassane Ouattara aux élections équivalait à leur défaite et à leur perte du pouvoir, Macky Sall a conclu aujourd’hui qu’une participation du favori Ousmane Sonko aux élections présidentielles de mars 2024 signerait sa perte inéluctable du pouvoir. Et comme les politiciens ivoiriens qui avaient préféré des élections non-inclusives, discriminatoires et anti-démocratiques, Macky Sall a également pris ? aidé en cela par des juges aux ordres et par l’ancienne classe politique prédatrice ? la très dangereuse décision d’organiser en 2024 des élections non inclusives excluant le favori Ousmane Sonko. Un tel procédé, validant une discrimination qui ne s’avoue pas comme telle, va exclure en 2024 des millions de citoyen.ne.s du Contrat social sénégalais fondé pourtant sur les deux principes jumeaux de liberté universelle et d’égalité réciproque de tout.e.s.
On sait d’expérience que ce type d’atteinte au contrat social, c’est-à-dire de discrimination entre ses membres, avait rendu la Côte d’Ivoire ingouvernable jusqu’à ce que celui qui était resté toujours favori, à savoir Alassane Ouattara, soit réintégré dans le jeu démocratique à l’occasion de nouvelles élections inclusives lors desquelles les Ivoirien.ne.s avaient eu réellement le choix.
Malgré la gravité de la situation actuelle et la reproduction par Macky Sall du scénario ivoirien, il est encore possible de faire en sorte que notre pays ne vive pas la même tragédie que notre voisin Ouest-africain. En invoquant d’ores et déjà très massivement notre droit constitutionnel de résistance à l’oppression et surtout en l’exerçant, nous avons toutes les chances de faire de la dictature de Macky Sall une simple parenthèse, certes horrible et sanguinaire par ses effets, mais qui se refermera inéluctablement avant février 2024. Pour restaurer la démocratie et donc la paix civile, il nous faut nécessairement aller à des élections inclusives en février 2024. Autrement, nous ne sommes pas à l’abri du syndrome ivoirien.
Par Oumar DIA, Maître de conférences titulaire, Département de Philosophie, Université Cheikh Anta Diop
21 Commentaires
Dr Tasfir Ba, Ugb
En Juin, 2023 (18:51 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (19:33 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (19:35 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (19:42 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (21:47 PM)Le Sénégal à l'épreuve de la dictature.
Le Sénégal vivra et le dictateur périra
Reply_author
En Juin, 2023 (22:45 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (23:22 PM)Nit
En Juin, 2023 (19:05 PM)Les oppositions sont quasiment majoritaires dans les assemblées représentatives du peuple. Leur cadres occupent des postes clefs dans l'administration tout en dénigrant celle-ci. On compte un pléthore d'organes de presse, de partis politiques, d'organsations dites de la société civile...
C'est vraiment se ridiculiser que de vouloir comparer le Sénégal à des pays comme le Rwanda, par exemple.
Reply_author
En Juin, 2023 (20:30 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (19:42 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (22:47 PM)Abou
En Juin, 2023 (19:29 PM)Vous parlez de démocratie en recul or pour mettre en œuvre son bien être pouvoir comme opposition doivent respecter les règles et principes et ici vous n'osez pas parlé de la posture d'une certaine opposition que le Sénégal n'a jamais connu depuis les indépendances.
Une opposition violente, insultante qui n'accepte pas la contradiction, qui défie à la fois les autorités administratives, judiciaires et religieuses, mais plus grave les institutions étatiques.
Donc cher Monsieur votre contribution est biaisée et ne sert absolument à rien dans la mesure où vous avez peur de le dénoncer ou vous cherchez juste le buzz et pour un intellectuel de votre trempe c'est simplement honteux et pathétique.
Surtout pour un professeur d'université de L'UCAD qui a vu et assisté ce qui vient de se passer dans le temple du savoir et que vous passez sous silence c'est même inquiétant à moins que vous fassiez partie des pyromanes en cagoule et partisan d'un certain opposant qui était aussi en cagoule en allant dans un salon de massage et qui a ensuite crié au complot et appelé au mortal combat.
Dia
En Juin, 2023 (20:10 PM)Paco
En Juin, 2023 (20:11 PM)Gadio
En Juin, 2023 (20:25 PM)Rien d'autre à ajouter.
Djibson
En Juin, 2023 (20:33 PM)Reply_author
En Juin, 2023 (22:21 PM)Et Le Pse Si On En Parle
En Juin, 2023 (21:18 PM)Yero
En Juin, 2023 (22:05 PM)Moussa Sylla
En Juin, 2023 (22:29 PM)Œuf
En Juin, 2023 (23:36 PM)Celui là est un très grand œuf.
Un maître de conférence? Quelle désastre !
Quantbusiness
En Juin, 2023 (01:56 AM)Je voudrai dire à ceux qui s'adonnent à l'exercice du laminage que l'intellectuel n'a pas peur de la critique. Celle-ci est fonctionnelle mentale liée à son activité.
En revanche, ce qui comptent empêcher un débat sérieux et qui veulent faire taire des voix inspirées en essayant de les égratigner sans fondement, ils se trompent lourdement et perdent leur temps au delà de tout.
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