Incontestablement, Me Abdoulaye Wade, Secrétaire Général national du Pds, est l’homme politique le plus redoutable du pays. De tous les temps. C’est un athlète politique adepte des courses de fonds à longues distances, inscrites dans la durée. Il ne lâche jamais. A moins que ses adversaires brandissent le drapeau blanc. C’est une bête politique. On le lui reconnaît. Mais depuis sa brillante réélection (il faut le reconnaître) en février 2007, il offre l’image d’un homme perdant toutes ses facultés politiques. Si on épie de très prés les actes qu’il pose dans plusieurs domaines. A y voir de plus prés, on a l’impression que Wade ne cherchait qu’à être réélu. Objectif atteint, le Chef de l’Exécutif sénégalais s’offre tous les excès et semble oublier ses compatriotes, ses militants aussi.
Dans tous les domaines, les Sénégalais bavent. Politique interne, économie, social, syndical, liberté de presse. En dehors de la lutte traditionnelle, rien ne marche dans ce pays. Et le dire, revient à aider le Président en exercice. Gaston Mbengue, Petit Mbaye, Modou Niang, Ndeye Ndiaye «Tyson» et les autres ont du mérite. Au moins, ils participent à la régulation de la société. Ils font oublier pour quelques jours, les affres qui taraudent les Sénégalais.
Le Sénégal a connu un Président poète, grammairien, grand intellectuel, homme de lettre, membre de l’Académie française aux moments où l’intégration de cette élite occidentale était sélective. En dépit de toutes ses connaissances encyclopédiques, Senghor n’a pu faire émerger le Sénégal du lot. Le contexte international concourait pourtant en sa faveur, car le baril du pétrole n’était pas au niveau qu’il est aujourd’hui. 145 dollars US. Mais rien, au terme de ses mandats en 1981.
Le Sénégal a connu un Président technocrate qui n’avait pas de base politique le jour de sa prise du pouvoir. Un pur produit de l’Administration sénégalaise. Un administrateur civil connu, Gouverneur, Ministre, Premier Ministre, Président. Un homme de dossier. Mais en 2000, Diouf n’a laissé entre les mains de son successeur qu’un Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP). Qui est l’auteur de cette pauvreté ? Après 40 ans de gouvernement ! Tout ceci après un rigoureux Plan d’Ajustement Structurel (PAS) et ce fameux Plan Sakho/Loum (PSL) du nom des anciens Ministres du Budget et des Finances sous l’ancien régime. D’ailleurs, le dernier était devenu Premier Ministre, le dernier de Diouf. On se rappelle son livre blanc, très critiqué.
Diouf part, le plus diplômé de tous les Présidents du Monde arrive. Me Abdoulaye Wade.
Après 08 années d’exercice du Pouvoir, on se demande si effectivement, les diplômes sont utiles ou nécessaires pour être un bon Président ? Wade est certes diplômé, mais la ménagère, le paysan, le diplômé chômeur, ne profitent pas des nombreux diplômes du Président, attestant son excellence dans des domaines aussi riches que variés. A quoi servent les diplômes donc ? Qui de Senghor, Diouf et Wade est le mieux pour les Sénégalais ? Je donne ma langue au chat.
L’entourage est tout aussi important que les compétences propres de celui qui exerce les fonctions de Président.
Mais un constat apparaît. Un Président de la République, c’est celui qui a un bon entourage. L’entourage est tout aussi important que les compétences propres de celui qui exerce les fonctions de Président. L’exercice du Pouvoir c’est une combinaison permanente de plusieurs compétences dans différents domaines de la vie de l’Etat, de la Nation. Aucun Président au monde n’est compétent en tout, dans tous les domaines. Le Chef est complété par ses Conseillers en Economie, et Agriculture, en Education, en Communication etc… Malheureusement, en Afrique, nos Présidents sont des compétents en tout. D’où la source de nos nombreux problèmes de tout ordre.
Le Président Wade s’est fait entourer des nouvelles têtes, d’anciens démissionnaires du Pds ou des militants des premières heures, mais qui ont la malchance d’être des agents incompétents et encombrants aux yeux de Wade qui ne peut pas se débarrasser d’eux. Ce sont les soldats du « Sopi » qui possèdent des « armes » mais ne savent pas s’en servir. Ils sont donc des dangers permanents pour le « Pape du Sopi » et pour le Peuple. Que faire donc ?
Face à cette situation, Wade agit tout seul et se trompe tout seul comme l’a dit son premier Premier Ministre, Moustapha Niass dans le livre de Latif Coulibaly : « Wade un opposant au Pouvoir, l’opposant piégé ». En intimité, Wade reconnaît qu’il n’est entouré que par des tocards. «Ils savent rien », « Ne me parlent pas de ces gens là » fulmine t-il très souvent en s’adressant à son entourage. C’est d’ailleurs ce qui le pousse à agir seul.
L’ancien Président du Sénégal, Abdou Diouf disait dans le livre de l’ancien Ministre de l’Intérieur, le Général Lamine Cissé : « Wade est un homme généreux, il est bon, mais son seul défaut c’est qu’il n’écoute que le premier venu ». Ce constat de Diouf est tellement avéré que certains des anciens proches de Wade en ont souffert et continuent d’en souffrir. Car la plupart de ses collaborateurs jouent sur ce registre pour dresser Wade contre telle ou telle personne. Toute personne qui veut vivre longtemps sous l’ombre de Wade, devra tout faire pour être le premier à le voir chaque matin au moment du petit déjeuner et le dernier à être reçu le soir après le dîner. Beaucoup de ses collaborateurs le comprennent. Aux moments du petit déjeuner et après le dîner. Ce sont les moments opportuns pour influer sur les grandes décisions de Wade.
Ce défaut de Wade dont évoque Diouf, Idrissa Seck en a souffert, Macky, Sourang, Latif Aïdara, ancien chargé de mission sur le dossier de la Casamance, Mme Fatou Gaye Sarr, ancien Ministre chargé du développement rural, Moustapha Cissé Lô, Me El Hadji Diouf, Serigne Béthio Thioune, Pierre Goudiaby Atepa, le Colonel Malick Cissé (à un certain moment), Gadio (mais il tient toujours), Souleymane Ndéné Ndiaye, Pape Diop (mais Wade refuse de croire aux détracteurs du Maire de Dakar), Mahmouth Saleh et beaucoup d’autres autorités.
Depuis son élection en 2000, Wade n’a jamais fait une tournée économique nationale.
Wade est isolé. Il voyage beaucoup et quand il rentre au Sénégal c’est pour présider un Conseil des Ministres, recevoir des délégations officielles et quelques Ministres pour ensuite repartir.
Depuis son élection en 2000, Wade n’a jamais fait une tournée économique nationale. Quand il va à Wack Ngouna, à Diourbel, Ziguinchor, Saint Louis, c’est pour des meetings politiques. S’il ne va pas à Touba ou à Tivaouane à la veille du Gamou, Wade est dans les airs ou dans son Palais. Médina Baye, Ndiassane, Yoff, Thiénaba, Bogal, Pire ne voient le Président qu’en période électorale. Et pourtant, c’est en ce moment que le Président devrait aller à l’intérieur du pays pour renforcer le moral des paysans, des femmes, des enseignants, des pécheurs face à cette crise qui les démobilise. On s’arme de moral pour pouvoir « serrer la ceinture ». Mais Wade est totalement coupé du reste du pays. Dites au Président que le pays va mal. Ceux qui font croire à Wade que les cris de désespoir qui viennent de l’intérieur du pays résultent d’une propagande insipide de l’Opposition, le mènent au bateau. Les vrais renseignements, les vraies informations sont celles qui viennent de l’intérieur du pays. Allez dans les marches, les champs, la banlieue, jamais le régime de Wade n’a été autant décrié et contesté. En cas d’élections anticipées, Wade serait battu dés le premier tout. Parce que la crise est profonde et il ne reçoit pas les bonnes informations utiles.
Au plus profond de la crise entre le Ministre des Sports et la Fédération de Football, un des membres de la Fédération disait que : « Le Président est mal informé ». Il ne pensait pas si bien dire. Pire encore, Wade est désinformé. Les 3/4 des informations qui lui parviennent sont fausses, manipulées dés le départ et orientées vers des cibles. Toujours quand il reçoit une information d’un de ses proches, c’est pour descendre un adversaire en le décrédibilisant à ses yeux. Si on ne l’améne pas à signer un décret de limogeage sur le champs. Wade reçoit toujours de fausses informations sur l’opposition, sur la presse et sur certains de ses proches et fidèles collaborateurs.
Les auteurs de ces désinformations ont poussé le bouchon tellement loin que la situation est devenue à la limite catastrophique. Résultat : le Pds est divisé. Il y a autant de responsable au Comité Directeur que de prétendants à la succession. Peut être les choses vont changer avec l’arrivée de Cheikh Tidiane Sy nouveau Ministre de l’Intérieur.
Au Pds, tout le monde veut succéder à Wade… même Farba
S’agissant de la succession de Wade, les observateurs politique ne citent que Idrissa Seck, Karim et Macky. Dans ce lot, il faut distinguer ceux qu’ils veulent le fauteuil de Wade et ceux qui ont les compétences de diriger le pays.
D’abord Idrissa Seck. Il a été clair. « Je ne voudrais pas que ce qui est arrivé au Ps, nous arrive » a, tout dernièrement déclaré le Président de « Rewmi ». Un changement de discours, car lors de son dernier déplacement à Touba, l’ex Maire de Thiés avait comparé le pouvoir de Wade à un arbre mort qui tombe, faisant beaucoup de bruit. Lui était la forêt qui pousse lentement sans bruit. Cette contre-attaque contre Wade faisait suite au refus de la Haute Cour de Justice de le blanchir.
Ses derniers propos sur la Goana n’ont pas déplu à Wade qui a limogé son Conseiller Mamout Saleh, peut être pour répondre à l’appel du pied de Idrissa Seck qui rejoint le Président sur l’unité de la famille libérale. Dans leur différend, Wade a toujours joué un franc jeu. On a encore en mémoire des injonctions qu’il avait faites au Palais après la rencontre entre lui et son ancien Premier Ministre, à Farba Senghor et à Aliou Sow en leur demandant de ne plus s’attaquer à Idrissa Seck. Instructions respectées par ces derniers. On se rappelle, l’ancien Ministre de la Jeunesse avait tenu un point de presse sur instruction du Président pour dire que : « Idrissa Seck est son frère » bla bla bla !!! Farba lui s’était abstenu de tenir une conférence de presse préférant appliquer la demande présidentielle sans acrimonie. Mais vraisemblablement, Idrissa Seck ne veut pas jouer le jeu. Quel jeu ??? Le jeu des transactions financières au niveau des « offshoring bank ». Qui sait ?
Wade retient les cartes et refuse de les distribuer. L’horizon sur sa succession demeure sombre. Plus grave, il tire son mandat jusqu’en 2014. Madické Niang avance que 5 ans ne sont pas suffisants pour construire un pays. Mais Wade n’a pas que 5 ans, il a 7 ans (premier mandat) + 5 (deuxième mandat) = 12 ans. Et bientôt (+2). Cela fera 14 ans de règne si tout se passe comme Wade le propose. Dieu disposera.
Le Sénégal offre l’image de la Côte d’Ivoire à la fin du mandat d’Houphouët Boigny.
Alassane Ouattara, Premier Ministre s’opposait radicalement au « fils » de ce dernier, le Président de l’Assemblée nationale Henry Kona Bédié. Chacun voulait succéder au Vieux fondateur de l’Etat ivoirien. Ils s’opposaient jusqu’au sein de l’Etat. La suite est connue.
Au Sénégal c’est Macky et Pape Diop qui se mènent une guerre froide à distance. Une bataille qui peut devenir ouverte le jour où Wade prendra sa retraite.
Idrissa Seck deuxième force politique du pays après le Président élu, Karim Wade le vrai fils du Président même s’il hésite d’entrer dans cette faune peuplée de carnassiers et de bêtes féroces, sont tout aussi ambitieux. Le Président d’honneur de la «Génération du concret» est encouragé, gonflé, soutenu, applaudi, mais n’y croit pas encore, son père aussi. Car la «Génération du concret» est une idée comme le disent certains de ses animateurs qui oublient que toute idée qui ne se concrétise pas risquent d’être dépassée dans le temps et même dans l’espace. Mais en dehors de Abdoulaye Baldé, il n’existe pas un seul responsable de cette structure politique, possédant une base politique réelle.
L’autre prétendant à la succession de Wade que personne n’a jamais cité, c’est le chargé de la propagande du Pds, Farba Senghor. Ne riez surtout pas ! Il a des ambitions présidentielles cachées. Et son objectif premier c’est de gagner les renouvellements au Plateau contre l’actuel Maire Fadel Gaye, ensuite de battre Pape Diop à Dakar, de postuler pour le Secrétariat général national du Pds et enfin remplacé Aguibou Soumaré à la Primature.
Farba Senghor est plus ambitieux que Idrissa, Macky, Karim, Niass et Tanor réunis. Il veut. Est ce qu’il peut ? Est ce que les Sénégalais ont confiance en lui ? Ces questions trouveront leurs réponses dans l’avenir. Il a toujours dénoncé Idrissa et Macky de vouloir remplacer Wade, mais comme l’appétit vient en mangeant, Farba ne peut plus se retenir et lorgne comme tous le fauteuil du Vieux. Il serait le plus sûr parmi tous les prétendants. Cessez de rire !
Jamais, Farba n’affichera ses ambitions devant Wade. Mais il sait que, la meilleure manière de manipuler Wade c’est de se soumettre à ses désires, de se comporter en serviteur devant lui. Farba comprend cela en Wade et joue bien sa partition au sein de l’orchestre.
Des problèmes, il en crée plus qu’il n’en résout. Mais sa force, c’est qu’il est toujours, comme l’avait dit Diouf, « le premier venu » pour souffler dans l’oreille de Wade.
Le Ministre des Transports s’en est vertement pris à son collègue de l’Education le traitant « d’incompétent ». Et pourtant c’est Wade himself qui disait lors de son meeting de clôture de la dernière présidentielle que : «Sourang a les mêmes diplômes que moi, il peut être là où je suis. Mais il a préféré venir me soutenir ».
Si tout Ministre qui se heurte à des problèmes dans son département est incompétent qu’en sera-t-il du président Wade qui est confronté à des problèmes dans presque tous les secteurs de la vie nationale ? Et Farba, lui qui, depuis qu’il a commencé à gérer le dossier de la Casamance sort avec un bilan de deux autorités assassinées : Oumar Lamine Badji et Samsdine Aïdara ? Le problème de l’Asecna est-il arrivé à le régler ? Et si Sourang s’était basé sur ses nombreuses et interminables erreurs pour le qualifier d’incompétents ? En se comportant ainsi, Farba risque de donner du crédit à son ennemi juré Idrissa Seck qui estime qu’il n’est pas ministrable.
Quelle que soit sa nature et ses défauts, Farba est un candidat caché pour le fauteuil présidentiel.
Mais partant au même pied d’égalité, Idrissa Seck possède plus de chance que les autres. Il aurait perdu ses chances si les dossiers des Chantiers de Thiés et celui des fonds politiques étaient efficacement gérés. Mais par précipitation, par atermoiement, par peur, beaucoup d’éléments du dossier ont été oubliés. Et toutes ces erreurs étaient le fruit d’une volonté aveuglée par ses adversaires politiques au sein du système de vouloir «exterminer» un homme gênant, non pas pour Wade, mais pour eux-mêmes.
De ce fait, Idrissa Seck a été inculpé, entendu, emprisonné puis libéré. Et jusqu’à présent, nombreux sont les Sénégalais qui disent que « Idrissa Seck n’a rien fait ». Tout ceci émane d’une mauvaise gestion de « l’affaire Idy ». Conséquence, Idy demeure plus que jamais présidentiable. C’est cela la réalité. Plus que Djibo Kâ qu’il qualifiait à la veille de son arrestation de tortueux, Idrissa Seck fonctionne en dent de scie. Il n’est ni dans le pouvoir ni dans l’opposition. Ni à gauche, ni à la droite, ni au centre. Mais il garde toutes ses chances même s’il confirme avoir détourné de l’argent qu’il aurait offert à ses proches.
Comme le disait le Président algérien Abdelaziz Bouteflika au candidat de l’Ump, Nicolas Sarkozy : « Vous avez un atout de taille, c’est ton âge ». C’est ce même atout que Idrissa Seck a sur Wade. Mais il ne s’agit pas d’être jeune pour être Président de la République si non Bathily allait l’être, lui qui a commencé à solliciter le suffrage des sénégalais depuis sa prime jeunesse. Landing aussi. Seulement ils n’ont jamais été seconds à une présidentielle comme Idrissa Seck.
Wade doit sortir de son Palais
Le Sénégal travers une crise profonde d’ordre politique (la classe politique divisée), économique, le secteur de la presse en ébullition (mais les journalistes doivent eux aussi écarter l’opposition dans son combat), la crise alimentaire (pénurie de gaz, d’eau, délestage), crise dans le secteur de l’éducation, le dossier de la Casamance resté entier malgré les multiples efforts, crise en sein du parti au Pouvoir.
Wade n’a plus de parti. Il est esseulé, isolé par des gens qui profitent de cette situation. Les leaders de l’opposition qui pensait (suite à des promesses) que Wade allait prolonger son premier mandat jusqu’en 2009 pour ensuite organiser des élections présidentielles et législatives anticipées sans sa participation, sont déçus.
Latif Coulibaly serait sur le point d’être inculpé selon la presse, Madiambal convoqué, Kambel et Kara agressés, Saleh limogé pour ses prises de positions, les anciens alliés tels : Oumar Khassimou Dia, le défunt Ben Yacine Diouf du RPR, le jeune Massamba Seck de l’Apj Jëf Jël, Me El Hadji Diouf, Moustapha Cissé Lô, Malick Gueye écartés. Pénurie de tout. Aux problèmes économiques, on nous propose des solutions d’ordre politiciennes. Les Sénégalais serrent la ceinture aux moments où les tenants du pouvoir portent des bretelles. Qu’est ce qui nous arrive ?
Mouth BANE
Journaliste politique
Mouthbane2002@yahoo.fr
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