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[ Opinion ] Génération du Concret pour Génération Liguèy

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[ Opinion ] Génération du Concret pour Génération Liguèy

“ Ils disent toujours : Karim Wade ne doit pas se présenter. Mais jamais ils n’affirment : s’il se présente il sera battu ”. Citation d’un diplomate établi à Dakar depuis 2000.

La scène politique est marquée par deux faits majeurs : la sortie médiatique d’Idrissa Seck et la proposition de loi portant modification de l’article 28 de la Constitution déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale par Me Ndèye Fatou Touré, députée de la liste "Tekki". Ces deux faits, de sources lointaines, ont cependant un dénominateur commun : empêcher Karim Meïssa Wade (KMW) de se présenter à l’élection présidentielle de 2012. On peut dire, en reprenant Karl Marx, que le sommeil des politiques est hanté par un homme. Pas une intervention sans son nom, pas une déclaration sans le citer. Il est devenu, en si peu de temps, incontournable au point que les médiats étrangers l’élisent l’homme de l’année.

Jeune leader suivi à la trace, ses moindres faits et gestes sont analysés et consignés dans le registre de la succession présidentielle.

Si l’intervention d’Idrissa Seck s’inscrit dans une logique hautement politique dont la ligne de masse se situe autour de la caporalisation du Pds, celle de l’avocate se fixe dans le patrimoine constitutionnel du Sénégal.

La précipitation et la hantise sont telles que l’excellente avocate se démêle dans les lacis glacés de la discrimination en voulant proposer la modification de la loi 28 de la Constitution. Jugez-en. L’article 28 de la Constitution dispose : « Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle ».

Voyons maintenant la proposition de loi modifiant l’article 28 de la Constitution élaborée par Me Ndèye Fatou Touré : « Tout candidat aux fonctions de Président de la République du Sénégal doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de trente cinq (35) ans au moins et soixante quinze ans (75) ans au plus, le jour du scrutin et ne pas avoir d’ascendant ou de descendant aux premier (1°) et second degré (2°) ou ceux de son conjoint, occupant ou ayant occupé ladite fonction, depuis au moins cinq (5) ans ».

La proposition de loi de Me Touré est frappée du sceau infâme de la discrimination. La discrimination s’identifie comme une réduction arbitraire des droits, contraire à l’égalité en droit et induisant une dévalorisation de certains groupes d’humains ou d’une personne. La discrimination est l’action qui consiste à différencier les éléments d’un ensemble au moyen d’un ou plusieurs critères afin de pouvoir appliquer un traitement spécifique à chaque sous-ensemble ainsi constitué. Quelques discriminations sont à noter dans le corpus juridique de Me Touré : par rapport au sexe, à l’origine familiale, au patronyme et à l’origine.

Un examen précis de la Constitution m’oblige à déceler un caractère d’irrecevabilité de ladite proposition de loi. Le préambule de la Constitution du 22 janvier 2001 affirme que le Sénégal a ratifié la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples du 27 juin 1981.

Regardons le Pacte International des droits civils et politique de l’Onu. Le corpus onusien condamne la discrimination, notamment dans son article 26 qui précise : « Toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit sans discrimination à une égale protection de la loi. A cet égard, la loi doit interdire toute discrimination et garantir à toutes les personnes une protection égale et efficace contre toute discrimination, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique et de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ».

Inutile de préciser que la proposition de loi de Mme Touré ne passera pas à la commission des Lois de l’Assemblée. Elle n’aura donc pas la dignité de passer en séance plénière. Juste une question de bon sens.

Front social pour fonds de commerce politique

Idrissa Seck lance sa campagne électorale. 2012 sonne déjà à nos portes. L’homme a choisi son moment et la tribune de son discours de campagne. Le moment : la tension sociale née de la pénurie de riz, de gaz, d’eau, les délestages d’électricité, le problème entre quelques forces de l’ordre et deux reporters sportifs, les remous constatés au sein du Groupe parlementaire libéral, les appels multiples et pressants de militants libéraux pour une candidature de Karim Meïssa Wade à la présidence de la République en 2012, la massification douloureuse du Pds, avec la problématique du retour de Mes Massokhna Kane et Doudou Ndoye, de Modou Fada Diagne, de Jean-Paul Dias et de Moustapha Diakhaté, le projet de loi portant modification de l’article 27 de la Constitution, etc.

Le lieu : la salle d’hôpital où séjourne le journaliste Boubacar Kambel Dieng suite à une intolérable cruauté de quelques policiers. Idrissa Seck a choisi sa tribune et répandu, sans peine, sa poudre de propagation. Dans l’absolu, on se croit dans une situation sociale et politique critique alors que la charge négative ne résiste pas à une inspection intellectuelle qui quitte la crête blanche des vagues pour les fonds maritimes. Il y a des actes à déplorer et à condamner au Sénégal. La Police, corps d’excellence, est un segment important de la vie sociale. Elle est distributrice et garante de la sécurité des biens et des personnes. La presse, animée par les « enfants de la démocratie » au sens tocquevillien, informe, éduque et participe à la gestion de la transparence des actes publics et privés. Ce sont deux corps différents mais indispensables. Le danger serait que des politiciens fassent de cet incident un fonds de commerce pour fustiger, dans une démarche réductionniste, tout un système.

Pour ce qui est des difficultés d’approvisionnement du riz, l’Etat devra réguler le jeu de la concurrence. Le marché sénégalais est inondé malgré les restrictions exportatrices des pays asiatiques, principaux producteurs de riz : Thaïlande, Bangladesh, Chine, Inde, etc. Certains de ces pays, parce que frappés par des catastrophes naturelles, ont décidé de la suspension des exportations de cette denrée. Le Bangladesh et la Thaïlande, pour ne citer que ces deux pays, ont arrêté les exportations de riz afin d’assurer une autosuffisance alimentaire. Nous reste, maintenant, comme marché, l’Inde et la Chine.

Quand on mesure que ces deux pays abritent plus du tiers de l’humanité, l’œuvre est gigantesque. Pourtant, le Sénégal et le secteur privé, malgré tout, ont réussi à approvisionner le marché en riz. Et pour permettre aux ménages d’acheter le riz sans problème, l’Etat a subventionné à hauteur de 40 francs Cfa le kilogramme. Même effort de l’Etat pour inonder le marché en bouteilles de gaz à utilisation ménagère.

Dans un monde où le prix du pétrole poursuit son ascension himalayenne, pouvoir approvisionner le marché et maîtriser les prix des produits dérivés de l’or noir est une prouesse. Cependant, par une manifestation malheureuse de faits sociaux, les phénomènes précités ont coïncidé avec des délestages d’électricité et une raréfaction de l’eau. Aujourd’hui, des solutions sont en train d’être trouvées et les citoyens doivent paisiblement retrouver le confort en matière d’approvisionnement en électricité.

Nouveau prophète du « Sopi »

Idrissa Seck propose un retour vers le « Sopi originel » qui, de son avis, est dépouillé de son âme parce que traînant de la forfaiture morale et de la contrefaçon politique. Il se veut talentueux et vertueux. Rires. Pour l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, le « Sopi originel » n’appartient plus à Abdoulaye Wade. Il est un mouvement transcendant et structurel qui vogue dans une atemporalité parce qu’ayant une charge de valeurs positives. Aujourd’hui, le mouvement libéral a dévié de sa route. Cette déviation impose une reprise en main des affaires libérales au plus haut niveau. Voilà le message du messie Seck. En langage clair, Idy envoie Me Wade à la retraite politique, se proclame le patron des patrons libéraux (Macky Sall, Abdoulaye Faye, Pape Diop, Farba Senghor, Ousmane Masseck Ndiaye, Doudou Wade, Habib Sy, etc.), donne une mauvaise note au président du Conseil de surveillance de l’Anoci, Karim Meïssa Wade : « La construction et l’embellissement de corniches ne sont pas une priorité ». Et l’ex-maire de la commune de Thiès de sous-entendre une crise acerbe et profonde là où ne subsistent que des difficultés conjoncturelles. Jouant de finesse, il soutient la Goana tout en critiquant les orientations actuelles. L’homme procède par annulation et « injecte », dans le tissu libéral, plus précisément au niveau des « patrons du Pds », le virus de la suspicion. Le démenti de Macky Sall est pertinent et recadre les actes et paroles dans leur naturelle vérité. Invitant subrepticement l’histoire dans son discours, l’homme de Thiès se lance à l’assaut des voix de Me Wade. Dans un style propre et direct, Idrissa Seck « revendique » clairement son « dû » : « Je compte sur les 55 % de Me Wade pour remporter les élections présidentielles ». Son dû parce qu’il serait « l’actionnaire majoritaire du Pds » même si Abdoulaye Wade a créé le parti. Pape Diop, Karim Meïssa Wade (membre depuis 1986) et Macky Sall peuvent se rhabiller, le Pds ne leur doit rien, ils n’ont rien fait pour le Pds. L’histoire est abolie. Evanescente, elle finit par s’effacer. Idrissa Seck refait l’histoire et retrace les lignes limoneuses d’une formation politique qui lui aura tout donné. D’un coup de baguette magique politique, l’ancien maire de Thiès se proclame le futur candidat des Libéraux aux prochaines élections présidentielles. Sinon, avertit-il, « je ne veux pas que ma famille politique connaisse le sort que celle voisine des socialistes ». Piques bien méritées, en passant, à Moustapha Niass et Djibo Kâ. Parfait calculateur, il sait que les 19% cumulés d’Ousmane Tanor Dieng, de Moustapha Niass et de Abdoulaye Bathily ne peuvent pas garantir une victoire. Dès lors, il ne reste plus qu’à être le rassembleur du Pds et son élément fédérateur. Exit Abdoulaye Wade et porte fermée à toute autre ambition interne. Macky Sall, Pape Diop, Karim Meïssa Wade, Abdoulaye Faye, pour ne citer que ceux-ci, doivent se précipiter de regagner les rangs. La récréation est terminée.

Idrissa Seck se propose de rassembler ce qu’il a contribué intelligemment à désorganiser. Nommé ministre d’Etat, directeur de Cabinet du président de la République aux aurores de l’alternance, le numéro deux du Pds, Idrissa Seck, a introduit les germes de la guerre fratricide au sein de la famille libérale. Aujourd’hui, le Pds est en proie encore à quelques fossiles de ces luttes. Si l’ambition est un devoir, il est fort déplaisant de mordre la main du bienfaiteur. La désorganisation de la famille libérale avait atteint des cimes insoupçonnables quand Seck dirigeait le parti. Il fallait brouiller systématiquement tous les signaux afin que Me Wade, de lui-même, s’en allât de la présidence. Inutile de revenir sur cette période sombre du Pds, seulement faut-il souligner qu’en 535 jours de gestion de la Primature, Idrissa Seck n’a réussi qu’à transformer une partie et de fort belle manière, la commune de Thiès. Aucun dossier de nature nationale ne fut traité, en ce temps, par la Primature. Il a fallu l’arrivée de Macky Sall pour que la machine repartît de belle manière.

Seul le peuple est souverain

Notre diplomate entend toujours dire : « Karim ne doit pas être candidat ». Mais jamais, il n’entend personne affirmer : « s’il se présente, il sera battu ».

La politique est « l’examen du réel ». Jean Jaurès. La normalité se passe dans d’autres « continents », pour reprendre une topologie chère à Louis Althusser. Aujourd’hui, des ambitions légitimes sont nées au sein de la formation libérale. Parmi les ambitions, une s’affiche au grand jour. La « Génération du Concret ». Elle a réussi une pénétration massive du territoire national avec des ramifications dans les pays d’Afrique, d’Europe, d’Amérique, d’Océanie et d’Asie. Si Idrissa Seck a dépoussiéré une partie de la commune de Thiès, aidé par Abdoulaye Baldé, Karim peut se targuer d’avoir doré la capitale en la métamorphosant. La lutte contre les embouteillages est gagnée. Outre cet aspect, le président de l’Anoci a démontré sa capacité administrative et financière à gérer une grosse entité. Il a réussi l’organisation de l’événement-phare de notre pays en cette année : l’Oci. Il l’a réussi en faisant sortir de terre tunnels, toboggans, passages souterrains, autoroutes, hôtels, etc. Qui plus est, en permettant au Sénégal d’accueillir brillamment plusieurs chefs d’Etat et de gouvernements, Karim Meïssa Wade, Abdoulaye Baldé et leur équipe démontrent, à la face du monde, leur pleine maturité pour diriger le Sénégal. Aujourd’hui, au vu et su de tout ce que I’Anoci a réalisé, le président de la République doit confier la concrétisation de la Goana à Karim Meïssa Wade. Cet ambitieux projet présidentiel de 500 milliards Cfa, dont l’objectif n’est que I’accession du Sénégal à la sécurité alimentaire, a besoin d’une équipe performante et ouverte sur la mécanisation agricole internationale et I’agro-business mondial.

Il est impossible, aujourd’hui, de ne point prendre en compte cet homme dans la succession de Me Wade à la présidence de la République. C’est un fait réel et les Libéraux l’ont compris, eux qui, de tout bord, crient leur adhésion en faveur du patron de l’Anoci. KMW est en train d’élargir les bases électorales du Pds et de se constituer un champ. II sait, mieux que les autres, que le Sénégal n’est pas une monarchie. II doit s’ingénier, comme Abdoulaye Wade, à remporter les élections en sollicitant la confiance et le suffrage des électeurs. Il ne fera pas comme Léopold Sédar Senghor, devenu président grâce aux dispositions de l’Union française, de la Loi-cadre (loi N° 56-619) qui donne plus de pouvoir aux colonies et le tout complété par la Communauté franco-africaine (1958-1960). Pas comme Abdou Diouf fait président grâce à la modification de l’article 35 de la Constitution. Karim Wade doit laisser son nom et partir à la rencontre des électeurs, armé seulement de son prénom et de sa noble ambition pour le Sénégal en disant aux jeunes et en ouolof :

« la Génération ligguèy est dans la place ! »

Abdoulaye SEYE Journaliste-sociologue



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