Voyager entre les pays africains par voie terrestre est souvent un véritable cauchemar. Un vrai parcours du combattant entre les tracasseries douanières et policières de toutes sortes et l’insécurité sur les routes.
Le transport est dans la plupart des cas, assuré par de vieux bus ou de vieilles guimbardes surchargées sur des routes en piteux état et mal éclairées la nuit, faisant encourir aux passagers des accidents inévitables. Un virage ou un ravin mal négocié et le drame est subitement arrivé. Si ce n’est pas le risque élevè d’accident sur certains axes, c’est la peur d’être la cible d’une bande armée ou de coupeurs de route qui hante le sommeil du passager.
En faisant le trajet Dakar-Kayes (la ville malienne la plus proche du Sénégal après Kidira) je ne m’imaginais un seul instant que le voyage pouvait être aussi périlleux, tellement on m’avait vanté la douceur et le confort des « bus maliens » que j’empruntais. Grande fut ma surprise.
Le voyage a été un véritable calvaire, pas seulement à cause de l’état des bus et des routes, mais à cause des tracasseries policières et douanières, auxquelles sont soumis tous les passagers, de part et d’autre de la frontière. Il aura fallu 28 heures (une journée plus 4 heures) pour faire une distance de 830 kilomètres. D’autres l’ont fait en 48 heures. Ahurissant au 21éme siècle et à l’heure de la mondialisation !
Les tracasseries policières changent systématiquement de cible à chaque étape du voyage selon que l’on est malien, sénégalais ou d’une autre nationalité. A chaque poste frontalier, un simulacre de contrôle, rien que pour raquetter les passagers. Avoir des papiers en régle ne signifie absolument pas grand-chose aux yeux des agents de la police-frontière. L’étranger doit payer systématiquement 1000 FCFA (mille Francs CFA) à chaque contrôle. Le montant semble dérisoire, mais appliqué sur chaque supposé étranger (non natif du pays) dans les centaines de cars et de voitures qui font quotidiennement la traversée, se révèle un pactole. Il s’y ajoute la multitude de postes de contrôles qui jonchent la route Kidira-Bamako. Au moins cinq.
C’est donc à une véritable raquette, que les agents de la police-frontière exercent sur les passagers. Un montant qu’ils ont fini d’instituer, de légaliser. Sans quitus. Totalement renversant et répugnant pour des personnes supposées veiller au respect du droit et de la libre circulation des personnes et des biens.
Ce qui offusque encore le passager, c’est le comportement hostile des agents qui te rappellent chaque fois que tu es un étranger sur leur territoire.
Où sont ces mécanismes fédérateurs dont on nous parle tant, la CEDEAO, l’UMEOA, l’UA, j’en passe ? Loin des salons feutrés et des hôtels cinq étoile qui abritent régulièrement des ateliers ou rencontres sur l’intégration africaine, organisés à coup de millions, les populations vivent une autre réalité. La vraie, qui te rappelle que l’intégration et l’unité africaine, ce n’est pas pour demain et les Etats-Unis d’Afrique, une utopie.
S’il est encore difficile de voyager entre deux pays frères, le Sénégal et le Mali qui partagent autant de similitudes au plan historique, politique, culturel et religieux, il est évident que beaucoup de chemin reste à faire.
Mounass Diallo
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