Organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable. Telle était la volonté du président Macky Sall en lançant, en décembre 2013, l’Acte 3 de la Décentralisation. Cette réforme traduit tout l’engagement du gouvernement à donner aux collectivités territoriales et aux villes les moyens de stimuler leur croissance économique, d’améliorer leur accès aux services, mais aussi l’ambition d’autonomiser les collectivités territoriales par le transfert des compétences, la modernisation des processus de gestion publique, la réforme du financement des collectivités territoriales et le développement d’administrations locales compétentes et qualifiées. Le constat aujourd’hui est que les transferts de l’État aux collectivités territoriales, malgré une augmentation depuis 2015, sont faibles ; bien qu’ils représentent une ressource essentielle pour la plupart des collectivités territoriales, en particulier celles dites rurales qui ont une capacité limitée à mobiliser des recettes. Avec l’avènement du Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (PACASEN), lancé le 9 juillet 2018 par le chef de l’État, Macky Sall, solidement ancré dans l’engagement du gouvernement à renforcer le processus de décentralisation au Sénégal, c’est un jour nouveau qui se lève, du moins pour les 123 collectivités territoriales bénéficiaires. Financé à hauteur de 130 milliards de FCFA par l’État du Sénégal, avec le concours de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (AFD), cet ambitieux programme d’une durée de cinq ans (2018-2023) a pour objectif principal de contribuer à la mise en œuvre de la première phase du Programme d’opérationnalisation de l’Acte 3 de la Décentralisation (PROACTSEN) qui couvre la période 2019-2024. Grâce à la coordination technique de l’Agence de développement municipal, il est exécuté à travers les deux instruments de la Banque mondiale, à savoir le Programme pour l’investissement (Investment Project Financing/IPF) et le Programme pour le Résultat (Program For Result/PFR).
La Banque mondiale a soutenu au Sénégal le financement des investissements locaux à travers la mise en œuvre du Programme d’appui aux communes (PAC) et du Programme d’équipement et de renforcement des collectivités territoriales (PRECOL), entre 1996 et 2015. Ces programmes, malgré leurs résultats, ont connu des limites. En plaçant les collectivités territoriales dans le «siège du conducteur» et en leur fournissant les ressources nécessaires pour résorber leur déficit d’infrastructures, le PACASEN rompt ainsi avec le passé et innove. Mieux, en plus de canaliser les subventions d’investissement/dotations par le biais du système national de transferts intergouvernementaux et de mettre en place des mécanismes de soutien du gouvernement central durables, le PACASEN aide certaines collectivités territoriales à mieux contrôler les processus de développement local et ce de manière plus cohérente et leur permet, grâce à des outils adaptés, d’évaluer leurs propres besoins institutionnels et d’identifier les besoins de développement local de leurs communautés.
Mis en œuvre depuis quatre ans maintenant, le PACASEN est une bouffée d’oxygène pour les collectivités territoriales dont la rareté des ressources a toujours constitué un frein à leur objectif de développement. Aujourd’hui, les dotations octroyées par ce programme ont connu des bonds très significatifs et leur ont permis de changer positivement de visage. Elles sont devenues plus attrayantes et rayonnantes grâce à la réalisation d’infrastructures dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la formation, de la jeunesse et des sports, de la culture, du développement social.
Et si le PACASEN n’avait pas existé ? Cette question ferait sourire beaucoup de maires des collectivités territoriales pilotes. Car ce programme a permis à certains d’entre eux de réaliser de très beaux projets qui ont un impact positif considérable sur la vie de leur population ; ce qui était inenvisageable cinq années plus tôt. Ainsi, ce programme qui se distingue de beaucoup d’autres, parce que conférant un rôle de premier plan aux communes pour l’exécution de leurs projets, en cohérence avec la volonté de l’État de leur donner plus d’autonomie dans la maîtrise d’ouvrage, est le plus grand succès de l’État. Il a été un levier qui lui a permis de résoudre des problèmes de gouvernance et a largement contribué à renforcer les acquis en termes de gouvernance financière. Ce n’est pas pour rien que les maires ont plébiscité le PACASEN et en redemandent encore. Et c’est de bonne guerre.
CHEIKH ISSA SALL
DG de l’Agence de Développement municipal (ADM)
5 Commentaires
Domou Sénégal
En Juillet, 2023 (23:12 PM)Tulipe
En Juillet, 2023 (00:51 AM)Rang Mouy Gaaw
En Juillet, 2023 (00:10 AM)Participer à la Discussion