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[ Contribution ] DIPLOMATIE ET IMMIGRATION

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[ Contribution ] DIPLOMATIE ET IMMIGRATION

«?Un léopard des neiges ne sait pas qu’il est sur la liste des espèces menacées.?» Jayne Cortez

La diplomatie n’est pas l’art de se promener sur la planète au gré des conférences internationales. Elle pourrait et devrait être une manière forte de protéger notre vie et l’avenir de la jeunesse de notre pays laissée en pâture aux aventures éminemment dangereuses de l’immigration clandestine. Comment doit on juger de la valeur d’une diplomatie qui assiste, muette comme une foule de carpes ivres, au massacre d’une jeunesse livrée aux négriers avec la promesse d’un El dorado européen dont les rescapés restent à jamais traumatisés par l’horreur du massacre?

Il y a dans l’univers diplomatique, d’innombrables possibilités aux avantages incalculables pour notre jeunesse, pour la qualité de vie de nos populations et pour l’honneur de notre pays. Que pense-t-elle cependant, de nos jeunes à qui il manque, à l’heure où nous écrivons, rien qu’un passeport sénégalais valide, indispensable sésame, pour l’obtention d’une carte de séjour dans des pays où la compétition de l’immigration internationale est plus rude qu’aux Nations Unies. Comment courir au secours de nos enfants accablés par le terrorisme des cartes de séjour, le stress et le sens des devoirs à accomplir en comprenant la détresse liée à leur marginalité en Espagne, au Portugal, en France, en Italie, aux USA, en Allemagne, en Suisse, en Belgique, au Brésil, en Argentine, en Australie, au Japon, en Angleterre, aux Emirats Arabes, aux Antilles et en Guyane Françaises, etc. Tous dévoués à leurs familles laissées au pays, nos jeunes vivent des difficultés que seul le cynisme de nos leaders explique par leur observance sans écho d’une vraie tragédie.

Pourquoi ne pas judicieusement utiliser pour l’intérêt de toutes les parcelles de notre nation, les nouvelles technologies pour fournir sans attendre, tout document administratif désiré par nos compatriotes où qu‘ils se trouvent? Pourtant, le Sénégal se passerait à l’heure actuelle, très difficilement de «?Western Union.?» D’autre part, notre corps diplomatique n’est-il pas champion dans l’élargissement de ses horizons planétaires? Et finalement, dans la mesure où toutes nos institutions ne servent qu’à assurer l’épanouissement de notre nation dans la dignité, pourquoi ne pas développer dans le champ de la coopération, un esprit d’engagement volontaire et d’échange entre notre pays et nos pays partenaires, basé sur plus de liberté et de respect? Comment retenir nos jeunes sur nos terres et comment mettre fin aux cycles violents de l’immigration? Il est temps pour chacun de prendre ses responsabilités. Le temps du bluff et de l’attentisme est terminé. Les solutions sont multiples mais nous pensons qu’en mettant en place un service volontaire militaire ou sous une autre forme prenant en charge des jeunes de 18 à 30 ans pour servir des projets d’intérêt général dans divers domaines: Environnement, travaux routiers, constructions infrastructurelles, culture, animation, initiation aux nouvelles technologies, sports et loisirs, protection civile, addiction et traitement des eaux, installation de panneaux solaires dans les moindres recoins de notre pays, notre diplomatie ainsi que tous les départements de notre gouvernement, trouveraient une explication plus cohérente des vrais besoins de notre pays. Rien ne nous empêche en effet d’interpeler nos pays amis sur un réseautage permettant un partenariat plus lucratif, plus équitable, plus transparent et plus digne. Nous ferions ainsi appel à tous nos jeunes, quel que soit leur niveau d’études ou de qualifications afin de les encadrer dans la réalisation de projets porteurs de progrès pour notre nation. Nous pourrions dans cette perspective signer des contrats avec des pays ayant une expertise avérée dans chaque domaine afin de librement choisir les meilleurs pourvoyeurs de volontaires et désigner nos partenaires locaux sur la base de critères en dehors du népotisme et de la corruption. Les dotations financières de la coopération internationale destinées à notre jeunesse, serviraient aussi à modestement rémunérer tous les volontaires des Etats partenaires et à couvrir leurs frais de prise en charge en matière d’hébergement, de restauration et de transport.

Cependant, aucun étranger ne devra avoir sur notre territoire national un droit de préhension quelconque sur tous nos projets nationaux. La préservation de l’indépendance nationale et de la fierté de notre peuple est à ce prix.

Pourtant le chef de la diplomatie sénégalaise au nom du chef de l’Etat, n’a pas hésité pour accepter, avec une certaine démagogie, de signer des accords de coopération avec des pays comme l’Espagne pour l’immigration de femmes sénégalaises destinées à la cueillette de fraises. Une hérésie pour peu que l’on veuille tenir compte des réalités culturelles de notre pays. Est-ce que nos femmes seraient miraculeusement mieux armées et plus puissantes que nos solides gaillards, qui meurent en mer, pour des travaux d’Hercule? Seraient-elles plus courageuses pour affronter les rigueurs de la vie européennes si ces derniers étaient munis de passeports et de contrats de travail? C’est cette politique du n’importe quoi qui doit de manière urgente être dégommée des tabloïdes de notre diplomatie.

Une diplomatie a-t-elle le droit de livrer les filles de son pays à des revers aussi ignobles? A-t-elle le droit de ravitailler les provinciaux d’Europe en épouses rendues totalement soumises par l’isolement et l’éloignement dans des cadres hostiles et très souvent souillés par un racisme inconnu par ces enfants si fragiles de notre belle nation? Ne s’y retrouvent -elles pas fragilisées et tout simplement piégées par pure perte pour notre pays?

La diplomatie est avant tout rencontre dans le respect mutuel mais faudrait-il que notre pays puisse faire valoir avec fierté notre mieux être ?

Ce ne sera sûrement pas avec le folklore en cours, dénué de toute présence et d’aptitude esthétique face à nous-mêmes et au reste du monde. Loin de nous l’idée d’une diplomatie qui en dehors du fait de plastronner dans notre presse nationale, ne prend pas à bras le corps nos questions les plus essentielles. A la place des solutions idoines et très attendues pour la paix dans notre verte Casamance, elle préfère nous distraire avec Madagascar, la Libye ou la Guinée à la poursuite d’une gloriole chimérique semeuse de troubles et de désillusions. Ces mises en scène tragi-comiques aux quelles nous avons le malheur de nous habituer, ne comptent qu’au nombre des irrespects manifestes de nos leaders pour eux-mêmes, surtout quand on remarque sous d’autres latitudes leurs homologues qui farouchement, combattent pour la gagne de leurs administrés. Au lieu de s’inspirer des drames qui figent nos populations au rang des peuples les plus piteusement moins développées, pour faire face au reste du monde et au lieu de nous réhabiliter en nous inspirant des raisons de notre fragilité, de nos cassures et des voies et moyens mis en place par nos ancêtres pour assurer notre survie, nos leaders préfèrent les béquilles de la civilisation occidentale.

Le phénomène ne verra une fin possible que quand les africains cesseront d’être aussi peu soucieux de l’importance de leurs propres valeurs. C’est bien là que se trouve la source des grands torts portés à l’Afrique, car l’affirmation de la personnalité africaine est la seule force capable d’enrayer toutes les événements catastrophiques qui frappent notre quotidien. Comment peut-on accepter d’enterrer les vertus d’une culture communautaire cœur de toutes les volontés unificatrices humaines pour prendre à la place cette division exacerbée parce que tout simplement d’importation mal assimilée? Notre diplomatie devrait se saisir de l’intelligence de la fragilité, si bien élaborée par les rigueurs d’une existence faite de difficulté et de résolutions marquées de dignité. Ce refus de se laisser faire par leur propre vulnérabilité est porteur d’un enseignement à priori for utile dont devraient se saisir nos maîtres sorbonnards en quête de légitimité. Il est très possible que notre situation actuelle soit indéfiniment renouvelable tant que nous ne cesserons pas d’être aussi peu soucieux de l’importance de nos valeurs. De ces valeurs font partie les stratégies que développe l’affirmation de la personnalité paysanne qui éponge depuis si longtemps les irrégularités de nos gouvernements corrompus. Pourquoi la diplomatie africaine ne se suffit pas des méthodes et démarches africaines les plus dignes mais les plus rendues marginales parce que léguées par de grands hommes, des géants dont on aime seulement citer les noms Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Ahmed Sékou Touré, Jomo Kenyatta, Patrice Lumumba, sans jamais trouver le courage de susurrer leurs propos dans les rencontres internationales soit disant initiées au nom d’une Afrique qui en sort toujours plus fragile. C’est ce message de retour à soi ou de se suffire de soi, que nous transmet Charles Gardou, professeur à l’université Lyon 2, qui souligne dans son registre propre, la nécessité de réhabiliter les valeurs de la fragilité en s’interrogeant «?sur les points communs entre Blaise Pascal, Robert Schumann, Frida Kahlo, Jean-Jacques Rousseau, Démosthène ou encore Fiodor Dostoiëvski? Leur vulnérabilité…dont-ils ont su faire une force! Chacun a su retourner son handicap, en tirer partie. Qui en peignant, qui en écrivant, qui en inventant. Mais tous trouvant ainsi, à l’instar de nombreux anonymes, un moyen de s’emparer de leur vie et de lui donner ses lettres de noblesse. Ce en dépit de leurs limitations, impuissances, détresses, voire de leur sentiment d’infériorité? Car, les possibilités d’un être quel qu’il soit sont infinies.?» La diplomatie de notre pays devrait tirer profit d’un message aussi chargé de sagesse et du sens du respect qu’elle devrait avoir pour nos pauvres paysans dans ses échanges avec l’occident, le monde arabe, les institution financières comme la banque mondiale, l’OMC et le FMI tout aussi bien qu’avec toutes les institutions internationales.

Une diplomatie sans visibilité nationale est une diplomatie tatillonne malgré les apparences de grandeur instillées par la hollywoodisation de nos journaux télévisés.

Dr. Saliou Démanguy Diouf



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