Depuis l'instauration de la démocratie en Afrique, les Etats ont mis en place des institutions pour répondre aux exigences d'un tel régime. Mais on constate un écart abyssal entre l'énonciation de la politique conformément aux règles et principes et sa traduction dans la réalité. Si la compétition est le soubassement de la démocratie en termes de débat contradictoire d'idées dans l'espace public, des contraintes multiformes pèsent sur certains acteurs identifiés comme opposants au régime en place. En effet, ces derniers sont traqués par des régimes qui, malgré leur label de démocratie, n'accordent aucune marge de manœuvre à leurs détracteurs. Ceux-ci s'insurgent contre l'accaparement du pouvoir par un clan ou groupe mais surtout dénoncent une gestion peu transparente des biens publics au détriment de la majorité des populations. Cette position fera de l'opposant modéré ou radical, selon la terminologie utilisée, un ennemi « à abattre » par des régimes enclins à en découdre avec ceux qui apparaissent comme déterminés à changer la conception et les pratiques politiques. Autrement dit, cette sacralisation du pouvoir qui incite les gouvernants à modifier, à leur convenance, les constitutions de façon à contrôler tous les leviers leur permettant d'étendre leur mainmise sur tous les attributs de pouvoir. Cette politique de concentration et d'exercice du pouvoir sans partage réduit considérablement les moyens d'expression et les libertés d'une opposition en souffrance. Alors que la démocratie se mesure à l'aune des garanties consubstantielles au fondement de l'espace public dans lequel les acteurs, qui ont une certaine légitimité, participent à la vitalité du discours politique contradictoire.
Pourquoi ce sentiment de haine et de violence ?
On peut avancer deux hypothèses pour comprendre ce phénomène persistant de manière notoire dans le paysage politique africain sans qu'il ne soit l'apanage d'un environnement particulier. La première hypothèse s'adosse à l'incompréhension du politique ou sa dénaturation consistant à en faire un autre usage dérivant de son objectif initial afin de satisfaire des intérêts spécifiques selon la logique clientéliste d'accès et de partage des ressources dans une perspective de survie. Cette perception du politique est largement répandue en Afrique poussant des dirigeants à faire mains basses sur les biens communs pour satisfaire les besoins de leur famille ou communauté, marginalisant et appauvrissant des populations, consignées à la résignation ou exposées à la répression
Ainsi, la contestation de cette forme de gouvernance est interprétée comme une remise en cause de leurs privilèges. Par conséquent, tous les moyens sont utilisés pour préserver la pérennité de ce système qui semble correspondre à une question de vie ou de mort. On ne lésine pas sur la mobilisation des ressources matérielles ou immatérielles pour corrompre et garder le pouvoir. Le constat est que la plupart de ces engagés politiques n'ont pas de métier, c'est par le truchement de la politique qu'ils sont devenus une « bourgeoisie comprador » pour reprendre le vocable des révolutionnaires marxistes. Ils résistent à tout changement pouvant anéantir leur place dans la configuration politique et sociale.
Pourquoi ce sentiment de haine et de violence ?
On peut avancer deux hypothèses pour comprendre ce phénomène persistant de manière notoire dans le paysage politique africain sans qu'il ne soit l'apanage d'un environnement particulier. La première hypothèse s'adosse à l'incompréhension du politique ou sa dénaturation consistant à en faire un autre usage dérivant de son objectif initial afin de satisfaire des intérêts spécifiques selon la logique clientéliste d'accès et de partage des ressources dans une perspective de survie. Cette perception du politique est largement répandue en Afrique poussant des dirigeants à faire mains basses sur les biens communs pour satisfaire les besoins de leur famille ou communauté, marginalisant et appauvrissant des populations, consignées à la résignation ou exposées à la répression
Ainsi, la contestation de cette forme de gouvernance est interprétée comme une remise en cause de leurs privilèges. Par conséquent, tous les moyens sont utilisés pour préserver la pérennité de ce système qui semble correspondre à une question de vie ou de mort. On ne lésine pas sur la mobilisation des ressources matérielles ou immatérielles pour corrompre et garder le pouvoir. Le constat est que la plupart de ces engagés politiques n'ont pas de métier, c'est par le truchement de la politique qu'ils sont devenus une « bourgeoisie comprador » pour reprendre le vocable des révolutionnaires marxistes. Ils résistent à tout changement pouvant anéantir leur place dans la configuration politique et sociale.
La deuxième hypothèse s'articule autour du niveau de formation des leaders politiques qui se renouvellent rarement et le phénomène de la transhumance politique contribue à procéder à un recyclage et un recasement d'un personnel politique réfractaire à la circularité de l'élite dirigeante. C'est la raison pour laquelle des dirigeants de la période des indépendances restent encore actifs dans les institutions nouvelles. Il est donc peu probable qu'ils militent pour des transformations institutionnelles et politiques de qualité. De même les pratiques politiques n'ont pas vraiment changé, et les méthodes autoritaires, à la hussarde, dans le maintien de l'ordre et de la sécurité, n'ont pas varié foulant aux pieds certains principes et règles encadrant la démocratie et l'Etat de droit. Les formes de discours puisés dans les registres communautaristes commencent à prospérer à défaut de projets de société qui pourraient enrichir les débats éclairant ainsi les citoyens pour réaliser leur choix au moment des consultations électorales. Au contraire, on s'adonne à des stratégies, indignes d'une démocratie pour éliminer un adversaire politique ou compromettre ses chances de réussites et même sa vie. Les exemples sont nombreux et similaires dans la plupart des Etats africains à l'exception de quelques rares pays. De toute façon, l'absence de formation suffisante et le manque d'imprégnation des valeurs étatiques se ressentent dans le comportement déviant de certains leaders dominant l'espace public. Cela découle en partie d'un processus de politisation de l'administration et de la société, favorisant la fusion entre l'Etat et le parti ou la coalition au pouvoir. Cette articulation engendre de graves dysfonctionnements, des contraintes pour l'ancrage et le respect des principes démocratiques.
L'impérieuse valorisation de la culture démocratique
Cette nécessité de placer la culture démocratique au cœur de l'activité politique dépend d'une volonté clairement exprimée devant servir de canevas pour impliquer tous les acteurs dans la consolidation d'un cadre politique pacifié. Ce dernier ne peut être établi que dans la confiance restaurée, la crédibilité et la croyance aux idées qui fondent la République. Cela dit, la consécration de la démocratie, qui suppose la participation active de l'opposition dans les mêmes conditions que les autres acteurs, impose un modèle de comportement politique en cohérence avec des valeurs universellement partagées et celles relevant de notre histoire et culture. Certes, nous avons besoin d'institutions fortes mais la question est de savoir si nous disposons d'hommes truffés de valeurs et capables de les faire fonctionner de manière rationnelle. C'est dans ce sens que la culture démocratique trouve toute son importance en fonction de la capacité d'agir pour conforter la démocratie par des initiatives s'inscrivant dans les logiques qui ouvrent des perspectives dans la légalité et l'équité entre les acteurs politiques quelles que soient leurs convictions et références idéologiques. Pour que l'opposition joue sa partition dans un paysage politique répondant aux critères de régimes démocratiques, il faut un changement de paradigmes, dicté par le souci de préserver la stabilité et le contrat social existant dans certaines entités politiques afin de garantir l'avenir dans un environnement trouble.
Moussa DIAW, enseignant-chercheur en science politique, UGB, Saint-Louis.
L'impérieuse valorisation de la culture démocratique
Cette nécessité de placer la culture démocratique au cœur de l'activité politique dépend d'une volonté clairement exprimée devant servir de canevas pour impliquer tous les acteurs dans la consolidation d'un cadre politique pacifié. Ce dernier ne peut être établi que dans la confiance restaurée, la crédibilité et la croyance aux idées qui fondent la République. Cela dit, la consécration de la démocratie, qui suppose la participation active de l'opposition dans les mêmes conditions que les autres acteurs, impose un modèle de comportement politique en cohérence avec des valeurs universellement partagées et celles relevant de notre histoire et culture. Certes, nous avons besoin d'institutions fortes mais la question est de savoir si nous disposons d'hommes truffés de valeurs et capables de les faire fonctionner de manière rationnelle. C'est dans ce sens que la culture démocratique trouve toute son importance en fonction de la capacité d'agir pour conforter la démocratie par des initiatives s'inscrivant dans les logiques qui ouvrent des perspectives dans la légalité et l'équité entre les acteurs politiques quelles que soient leurs convictions et références idéologiques. Pour que l'opposition joue sa partition dans un paysage politique répondant aux critères de régimes démocratiques, il faut un changement de paradigmes, dicté par le souci de préserver la stabilité et le contrat social existant dans certaines entités politiques afin de garantir l'avenir dans un environnement trouble.
Moussa DIAW, enseignant-chercheur en science politique, UGB, Saint-Louis.
6 Commentaires
Plg
En Novembre, 2021 (18:11 PM)Fall Alioune
En Novembre, 2021 (18:44 PM)Barigo
En Novembre, 2021 (21:02 PM)Même s'ils les égratignent un peu au passage.
M.Diaw aurait été plus utile à notre belle démocratie sénégalaise s'il s'était contenté de parler du cas sénégalais en illustrant chacune de ses assertions par des exemples précis.
En tous cas, et tout monde en convient , la reddition des comptes a été une DEMANDE NATIONALE portée par l'ensemble de l'opposition politique et la société civile sénégalaises.
Alioune Tine et gassama en avaient fait une des priorités du premier mandat de Macky Sall.
La juridiction choisie et l'absence de preuves irréfutables ont peut-être transformé Karim Wade en victime .
Il ya aussi que ce que Mimi Touré a brandi comme trophées de guerre à l'issue du procès est dérisoire et très éloigné des accusations souvent farfelues de certains personnages comme Latif Coulibaly ou feu Hamad Dansokho par exemple .
Le public attendait des révélations fracassantes et à l'arrivée la montagne a accouché de ..quelques misérables milliards récupérés difficilement .
Sans commune mesure avec ce qu'on avait fait miroiter aux sénégalais.
Cela ne veut pas dire que Karim est innocent.
LOLOU moye wakh dji mais l'idée d'écarter un adversaire politique n'a jamais effleuré les tenants du pouvoir à l'époque .
N'oublions pas qu'un 2012 Karim était totalement impopulaire
On connaît son score dans son propre bureau de vote lors des élections communales qui ont précédé la chute du régime de son père.
Alors pourquoi tirer sur une ambulance ?
Non, le cas Karim Wade n'est pas illustratif d'un pouvoir qui instrumentalise la justice pour écarter ses rivaux.
D'ailleurs certains politologues affirment même que le procès a servi à booster sa popularité auprès des Sénégalais.
Quant au cas khalifa ababacar Sall -qui est certainement le poulain de professeur Diaw -tout le monde se souvient des péripéties de cette affaire.
Si khalifa se mord aujourd'hui les doigts, c'est parce qu'il a écouté des politiciens comme cheikh Gueye qui pensaient que le chemin le plus court et le plus sûr pour faire entrer leur champion au palais, c'est un détour par la case prison.
Ils ont poussé khalifa à se victimiser pour s'attirer la sympathie des Sénégalais.
On a vu même khalifa surjouer sa détresse pour mieux ferrer les Sénégalais prompts à porter tout combat contre l'injustice.
On le sait maintenant ,des personnalités très respectées de ce pays ont demandé à khalifa de transiger pour recouvrer la liberté quitte ensuite à se faire blanchir par la justice si tant est qu'il détient les preuves de son innocence .
Malheureusement ,il a écouté de mauvais conseillers dont certains anciens maires de l'opposition qui l'ont poussé à se radicaliser.
Où sont- ils d'ailleurs ces amis de khalifa qui l'ont entraîné dans le précipice?
Certains ont changé de camp dès qu'ils ont vu que khalifa s'était fourvoyé dans ses choix.
Quel que soit le leader qui viendra au pouvoir après Macky,il utilisera cette histoire contre khalifa à chaque fois que de besoin.
Mala ko wakh!!!
NONOU LAYE POLITIK DI DOKHÉ THI REW YEPP !
POLITIK DOU TARIKHA ,DOU DAHIRA !!!!!
Certains des soutiens de khalifa prétendent,pour le dédouaner, qu'il n'a fait que suivre les pas de ses prédécesseurs dans sa façon de gérer la caisse d'avance.
Mais est-ce que les pratiques qui avaient cours du temps de ses prédécesseurs étaient légales pour qu'ils puissent s'en inspirer ?
L'issue du procès a montré que l'utilisation faite de la caisse d'avance par khalifa n'était pas orthodoxe.
Lui- même le savait d'ailleurs d'où ses manœuvres pour blanchir l'argent tiré de la caisse d'avance .
Achat de mil,de riz....par exemple....
La vérité c'est que Khalifa s'est jeté volontairement dans la gueule du loup et la bête n'a fait que refermer ses crocs sur lui.
Là aussi,on ne peut pas accuser le pouvoir d'avoir instrumentalisé les juges pour se débarrasser de Khalifa.
Pas du tout!
Les juges travaillant sur la base de dossiers, si celui de khalifa était réellement vide , nos magistrats l'auraient purement et simplement acquitté.
Il y' a nulle instrumentalisation de la justice dans aucun de ces deux dossiers.
PS: si dieu me prête vie et santé,je serai là pour défendre avec la même hargne le président qui succedera à Macky.
Même si c'est SONKO.
Professeur Diaw môme ,il fait certainement partie de ces gens qui ne sont à l'aise que revêtu du boubou d'opposant.
Mane NAK,damaye Sotal institutions yi.
Juges yi ba GNOUYE diangue,di sone,khamouwone Macky.
Sou Macky dèmé fi la léne du bayi !
Gnomak policiers,gendarmes yi , armée bi AK douanes.
Lolo moye dégueu. !!!!!!
Moi Président
En Novembre, 2021 (21:33 PM)le problème numéro 1 avec nos politiques de manière générale c'est qu' ils ne sont pas là de manière désintéressée, guidé par 1 conscience citoyenne qui tend à trouver et mettre en oeuvre des solutions pour l'intéret supérieur de la nation.
il n'y a quasiment aucune évolution dans le statut d'un opposant politique depuis les indépendances, or le gars qui est au pouvoir doit se rappeler pas plus qu'avant hier, il était opposant et doit oeuvrer pour que les déboires injustes qu'il a subis ne puissent arriver à un autre opposant dans le reste de l'histoire du Séngal ! Mais que voit -on ? le même cycle : on te gaz, on te menace par la case prison, et après une fois que l'histoire se repète, le même gar gaz d'autres et les menace par la case prison! Sommes nous vraiment des etres humains?? Cet état d'esprit est malheureusement partagé par tout l'entourage du nouvel élu !!!
le problème majeur de l'ancien opposant et nouvellement élu qui arrive au pouvoir c'est la peure de perdre ce pouvoir et de perdre ainsi tous les avantages liés à ce pouvoir : cette phobie anihile de son esprit toute disposition institutionnelle tendant à renforcer équitablement le jeu démocratique : donc toutes les lois votés tendent le plus souvent à renforcer les appuis du pouvoir en place, mais rien de pour les gars de l'autre coté!! Ils doivent passer par la même galère que moi, en prendre plein la gueule avant d'arriver là où j'en suis !! Mais donc à quand l'émergence d'un autre Sénégal!!!
On voit jamais de lois qui diminuent d'un iota les super privilèges du président, or l'ancien opposant en connais des centaines de ces privilèges lorqu'il était opposant, mais puisque le vent lui est favorable, il les maintient : ça ce n'est pas vraiment un esprit républicain progressiste!
La fameuse caisse noire du Pr, c'est totalement noire, comme un trou noir, et il y a une omerta totale du Pr sur ce sujet, et voila les sénégalais ont besoin d'être éclairé sur ce sujet ; peut etre viendra un jour le président qui va reduire cette caisse à sa plus simple dimension ! rendre par ricochet service au peuple sénégalais, dans la même lencée éliminer tous ces opportunistes qui s'exercent au jeu politique dont la motivation principale tourne autour de cette fameuse caisse dont personne connait exactement les dimensions malgré le label démocratie estampillé imaginairement sur le nom de nos états !! quelle duperie?
Les sociètés nationales qui sont dirigés pour la plupart par des politiciens, pourquoi ne pas créer des appels d'offres ou concourre pour ces postes, cela semble plus démocratique que de mettre mon copain, ou mon frère, ou le cousin du frère de mon oncle !!
Qui sera le premier Président à déconnecter réellement mon pays de l'Injustice, avec suppression totale de toute accointance entre l'executif et le judiciaire : bref se lever un bon matin et faire respecter à la lettre le terme in dépendance de la justice incrite dans la constitution, faire de telle sorte que l'executif et le judiciaire soient comme deux droites parallèles qui ne se rencontrent jamais ! bien sûr en geometrie euclidienne!
Bref on assiste à aucun actes de ce genre malheureusement !!!
Peut etre un jour que cela se ferait ...; mais pas maintenant!!
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