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Au Pire des Cas

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Au Pire des Cas

La véracité des pluies qui sont tombées sur notre capitale ainsi que les dégâts qu’elles ont engendrés ne font que montrer la qualité hélas mauvaise de nos types de construction. Bien que partiellement une catastrophe  naturelle, elles ont servi à souligner comme des plaies qui ne veulent se décider à guérir saignent à la moindre écorchure,  la faiblesse de la vision de ceux sur qui nous comptions jusque là pour nous mener sur les sentiers du développement.

Il aurait fallu en plus moins de six mois après l’arrivée de notre nouveau président ainsi que le début des activités d’un nouveau gouvernement pour se rendre compte que nous sommes tous assis sur une boue d’argile qui n’en demande pas beaucoup pour nous enfoncer.  Reste à se demander quoi d’autre cloche encore dans ses structures que nous croyons solides. Les dégâts ainsi que les pertes de vies sont un signal d’alarme qui attire notre attention sur le fait que nous ne pouvons plus nous permettre de bâtir notre Sénégal  avec les mêmes rhétoriques  d’antan :

Un  tunnel qui moins de dix ans après sa construction laisse couler de l’eau à travers ses parois… 

Des ruelles aux trottoirs si étroits que l’on va croire que les ingénieurs avaient projeté qu’il n’y aurait plus de nouveaux nés pour au moins cinquante ans;

Des cinémas du temps où il y en avait qui offraient l’enjeu de trois différents prix avec l’illusion selon laquelle le plus loin l’on était de l’écran, le plus confortable la vue était, suscitant ainsi à payer plus cher ;

Un pont Dakar-Gorée qui ayant  écroué à mi-temps l’on a préféré attribuer l’échec  à la jalousie du génie de l’eau;

Des stades magnifiques avec deux prix différents pour l’entrée selon l’on est du côté de la tribune couverte ou découverte. Et lorsque lors d’un concert ou d’un match de foot la chaleur tape sur le crane de celui qui a osé payer moins que les autres, les rayons du soleil ne font que scintiller la thèse d’un sous-développement qui ne cesse de nous harceler ;

Et ce sous-développement,  il nous nargue même si l’on a travaillé dur pour mériter de se bâtir une grande villa dans le quartier le plus huppé de la ville. Parce que voyez-vous on pense plus à s’acheter une 4X4 qui va dompter le sable de la ruelle au lieu de frapper à la porte de chacun de ses voisins pour faire plus ample connaissance et les consulter pour voir comment ensemble on peut financer une bonne rue en goudron qui va bénéficier le quartier entier . Ah combien de fois faut-il aller rendre visite à une connaissance et devoir se munir de deux paires de chaussures ?  L’une pour faire la belle et l’autre pour braver les insalubrités naturelles avant de sonner à la porte. Après s’être bien sûr nettoyé les pieds avec un mouchoir  histoire de paraitre coquette.

Ceux qui se vantent être les plus grands promoteurs de l’Ouest du continent investissent des millions voire milliards en construisant des cités pompeuses pour des habitants qui une fois avoir signé les papiers faisant d’eux les nouveaux propriétaires, se rendent comptent qu’il faut compter sur un cheval tiré sur deux à quatre roues pour se débarrasser de leurs ordures. Et pire encore, l’achat des légumes dépend de l’ingéniosité d’une voisine à l’esprit entreprenant qui se rend compte qu’elle peut faire son petit commerce à l’aide d’une table dressée devant sa demeure , car après tout l’offre crée la demande ou vice versa probablement.  Les économistes n’ont définitivement pas été inspirés par notre contexte. L’on déménage dans un nouveau quartier mais on continue à faire la navette entre son ancien lieu d’habitation et le nouveau. Car les infrastructures ne suivent pas : pas de nouvelles écoles, pas de nouveaux hôpitaux, pas de marché. Monsieur le promoteur ne pense même pas à régler le problème du transport. A moins qu’un téméraire conducteur de « Ndiaga Ndiaye » ait lui aussi l’idée de bifurquer dans la nouvelle cité histoire de venir récolter les miettes qui restent du marché. Qui sont en fin de compte les véritables visionnaires de notre société ? Les grands investisseurs ou ceux là qui comptent sur leur micro crédit pour ramasser les pots cassés ?

Et de grâce ne parlons plus de pays en voie de développement dans un contexte où l’électricité fait défaut  un peu trop souvent en un siècle où justement tous cherchent à performer avec les nouvelles technologies . Et la population frustrée ne peut que grincer des dents lorsque personne ne veut rater « Dakar ne dort pas. »

 Bien sûr qu’elle ne dort pas! Comment peut-elle dormir avec les maladies qui guettent et ces moustiques qui piquent sans vergogne pour avoir été invités à venir faire cueillette depuis que le plan Djaxao a fait des sinistrés qui se demandent encore quand Bon Dieu de quand ils vont enfin pouvoir avoir un toit fiable. Et ces sinistrés ils viennent d’avoir la preuve concrète que ce n’est peut-être pas demain la veille qu’ils auront une solution à leur problème parce que des centaines de personnes s’ajoutent à leur cas. 

Et alors  quand nos dirigeants Africains, nos honorables penseurs, nos ingénieurs vont-ils prendre le temps de se poser la question la plus simple mais la plus importante dans la conceptualisation d’un projet : Au meilleur et au pire des cas, que peut-il bien se passer  avec l’implantation de ce projet?  En y ajoutant une projection d’un bon nombre d’années.

S’ils avaient pris le temps de le faire,  nos stades n’auraient pas eu de tribunes découvertes.  Nos cinémas n’auraient jamais eu différentes options comme si l’on était dans un opéra. Nos marchés  seraient construits d’une architecture inclusive de nos cousins et neveux appelés communément « Baol-Baol » qui ont le flair pour le commerce et dont personne n’a pris le temps de faire une étude de leur dynamique dont nous pouvons pourtant nous inspirer. Car on a préféré globaliser avec les Chinois, les laisser avoir accès facile puis dénigrer une avenue qui était pourtant la fierté de notre ville plutôt que de faire de la place à ses marchands qui n’ont souvent aucune autre option que d’être ambulants .

Et bien entendu  ces pluies n’auraient pas fait autant de dégâts car avant de construire sept merveilles  histoire de pomper son propre égo, l’un aurait pensé plus important à assainir ses rues et à songer à se poser la question cruciale :

Au meilleur  et au pire des cas, que peut arriver à notre Sénégal si notre vision n’est pas plus ambitieuse et inclusive qu’elle ne l’a été jusque-là ? 

Woré Ndiaye Kandji

 



2 Commentaires

  1. Auteur

    Toto

    En Août, 2012 (16:26 PM)
    Que cet article est verbeux !
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  2. Auteur

    Famille

    En Août, 2012 (04:31 AM)
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