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Après l’élimination des Lions : Repenser le sport sous toutes ses formes Par Mamadou Kassé

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Après l’élimination des Lions : Repenser le sport sous toutes ses formes Par Mamadou Kassé


Le football sénégalais est au creux de la vague. C’est le moins que l’on puisse dire à la suite des nombreux déboires enregistrés par les Lions qui ont véritablement perdu de leur superbe. Eliminés prématurément en match de groupe lors de la CAN  2012 avec à la clé une dernière place  consécutive à trois défaites successives (1-2) contre  la Libye, la Zambie et la Guinée Equatoriale, les quarts de finalistes de la coupe du monde de 2002 n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes aux éliminatoires de la CAN 2013, battus à l’aller comme au retour par la Côte d’Ivoire (4-2 et 0-2). Cette double défaite des Lions dans une compétition que beaucoup de supporters croyaient être une simple formalité pour  aller en Afrique du Sud aura été un véritable supplice pour les Lions et un cauchemar pour le peuple sénégalais pourtant si souvent habitué aux contre performances de son équipe.   


Il est vrai qu’entre les Lions de la Téranga et le peuple sénégalais, le douzième Gaindé en particulier, il y a comme une sorte  de dilemme cornélien, où le devoir patriotique de faire corps avec les lions le dispute à l’amour et au désamour qu’on éprouve devant la cruauté des échecs. Ecartelés, déchirés entre ces deux impératifs de soutien pour tous ceux qui portent les couleurs du peuple et la frustration de ne pouvoir trouver réponse aux espoirs portés sur eux, les supporters sénégalais ont assurément un cœur qui balance face à une équipe au destin de feuille morte.


Pourtant, du point de vue de l’expérience capitalisée à travers ces multiples échecs, on ne saurait invoquer la jeunesse des Lions pour justifier de tels déboires. Le Sénégal est si souvent présent dans les compétitions africaines et mondiales qu’on ne saurait aujourd’hui s’attarder sur le manque  d’expérience pour justifier les contre performances de l’équipe, quelle que soit, par ailleurs la jeunesse de ses joueurs. En réalité, le football est une œuvre collective par excellence qui associe à la fois le facteur administratif et le facteur technique. C’est d’abord une administration performante et efficace, lucide et proactive, vigilante et alerte,  rigoureuse dans ses choix, pertinente dans ses options et intransigeante  dans ses principes ; une administration incarnée par des hommes de valeur, disposant d’un back ground, d’une expérience ainsi que d’un savoir et d’un savoir-faire suffisamment convaincants pour susciter l’adhésion de tout un peuple.  


C’est aussi un encadrement technique incarnant à la fois l’expérience et l’expertise,   pertinent dans ses options stratégiques, lucide dans ses projets de jeu, rigoureux dans ses choix  opérationnels, vigilant et pointu dans la sélection des hommes en charge de l’animation du jeu et averti du point de vue de la maitrise du contexte, des enjeux et des rapports de forces.


C’est  enfin des joueurs non seulement talentueux   mais aussi des hommes aguerris capables de lire un projet de jeu sachant s’adapter à toutes les situations et se donner les moyens de transformer un groupe de performance en une équipe  cohérente et homogène. C’est en cela que le football est perçu comme une école de haute maîtrise du savoir-faire collectif. Lequel est certes le produit d’un savoir-faire individuel où chaque composante joue sa partition mais il est surtout  le résultat d’une orchestration harmonieuse où chacun a en ligne de mire la symphonie du groupe.


Hélas le football sénégalais, ballotté par toutes les incertitudes et toutes les instabilités ne dispose encore d’aucune de ces vertus. Et il en faudrait de beaucoup sur le difficile chemin de la reconstruction.  


Va-t-on enfin opérer les ruptures nécessaires pour relancer, une fois pour toute, le football sénégalais ? Allons-nous continuer à laisser une discipline aussi déterminante pour l’équilibre, la stabilité et la cohésion d’une nation, aussi  vitale pour les équilibres sociaux et macro-économiques (le football étant une activité économique), entre des mains inexpertes  au moment où partout, dans le monde, le sport est perçu non seulement comme un facteur d’équilibre, mais aussi et surtout comme un secteur qui procure une plus- value au pays ? Devons-nous continuer, au nom d’un amateurisme anachronique,  à percevoir le sport comme une simple activité  ludique sans impact sur l’économie et le social , une activité sans valeur ajoutée ?  Pensons-nous pouvoir produire des résultats sans  investir dans un secteur où tout résultat est par excellence le fruit d’un travail long et soutenu, où la vérité du succès est celle des efforts fournis ?


Reconstruire le football, c’est reconstruire le sport sous toutes ses formes. C’est, revisitant la réforme Lamine Diack, repenser le club sénégalais, redonner au sport scolaire et universitaire (UASSU) ses lettres de noblesses, c’est réhabiliter le sport à l’école, en faire une véritable discipline scolaire, remettre en selle les compétitions interclasses et inter écoles avec des systèmes de motivation et d’émulation pertinents. Reconstruire le football, c’est réhabiliter toutes les disciplines qui permettaient de faire du club sénégalais un club omnisport, pluridisciplinaire produisant non seulement des sportifs mais aussi et surtout des hommes disposant d’un esprit sain dans un corps sain. C’est reconstruire la citoyenneté à partir du foyer éducatif. C’est redonner vie à toutes les catégories, des minimes aux séniors en passant par les cadets et les juniors. C’est associer le sport féminin à toutes les formes de compétitions à l’aune de l’irruption remarquable de cette importante frange de la population dans le sport mondial.    


On ne peut pas construire un football sans infrastructures fonctionnelles, modernes et viables, sans clubs solides, sans équipes viables et performantes et surtout sans compétitions régulières.


C’est de ce vivier de performance, de ce foyer d’excellence que sortiront véritablement des groupes de performances susceptibles de porter le sport sénégalais au firmament du sport mondial. C’est là que le Sénégal est en réalité attendu, à l’aune de ses nombreuses performances dans  bien d’autres domaines qui font de notre pays une destination prisée.


Pour ce faire nous devons revisiter notre organisation, nos pratiques, notre méthodologie et notre mode opératoire pour participer aux compétitions. C’est une chose de sélectionner des joueurs, c’est une autre de les organiser en équipe cohérente et soudée.  Nous avons eu la chance (voire le miracle) d’avoir une génération spontanée dans l’histoire tumultueuse de notre football avec la génération de 2002. Ces jeunes qui nous avaient valu de grandes satisfactions avaient été formés et formatés sur les terrains et les laboratoires européens, français en particulier. Nous devons nous en inspirer dans l’organisation de notre football à partir du moment où nous nous évertuons à mettre en place un championnat professionnel à côté d’un championnat amateur. On  ne fait pas du professionnalise avec un esprit et des comportements d’amateurs. Les exigences du professionnalisme sont telles qu’elles ne sauraient s’accommoder de tâtonnements et de tergiversations.  Puisque nous devons faire de nos clubs et des équipes nationales des entités performantes, nous nous devons de travailler à la base avec des ossatures stables. Les joueurs expatriés, si performants soient-ils ne doivent être appelés qu’en complément d’effectifs pour venir s’insérer dans des groupes de performances déjà bien en place. Faire appel à des expatriés juste le temps d’une compétition avec  des risques de ne pouvoir les avoir tous à temps est à la fois risqué et contre productif. D’autant que le Sénégal rate souvent ses matches de préparation et ne dispose d’aucun paramètre de lecture sur la performance de son équipe. Mais cela suppose aussi un encadrement technique de qualité, des entraineurs formés non seulement à préparer des joueurs mais aussi à monter une équipe de compétiteurs capable de lire le jeu et de s’adapter à toutes les circonstances.


En football, il ne suffit plus d’être talentueux, il ne suffit plus d’être physiquement bien préparé (toutes les équipes le sont aujourd’hui). Il faut également être astucieux   et savoir qu’un match obéit à plusieurs temps et à plusieurs séquences  comme nous le démontrent si bien les Italiens, les Argentins et les Espagnols quand ils veulent imprimer à la partie la tournure qu’ils veulent. En appliquant les mêmes principes de jeu, les pays maghrébins nous démontrent toujours qu’il ne suffit pas d’être fort pour gagner, il faut aussi être astucieux. Hélas, sur ce terrain, nos entraineurs ont encore beaucoup à apprendre des autres ; ce qu’aucun  diplôme technique ne peut leur procurer.  


Les meilleurs entraineurs ne sont pas forcément ceux qui ont collecté tous les diplômes  mais plutôt ceux-là mêmes qui, de par leur vécu technique et tactique,  savent s’adapter  à tous les contextes de jeu. Si le Sénégal doit travailler davantage, c’est bien sur ce terrain et certainement sur d’autres sur lesquels nous reviendrons.     


Mamadou kassé Journaliste
<45>madoukasse@yahoo.fr           

    

   



2 Commentaires

  1. Auteur

    Hyacinthe

    En Novembre, 2012 (14:45 PM)
    Ok pour la réhabilitation du sport scolaire et universitaire comme base de développement

    Pour le cas spécifique du foot, Ok aussi pour actualiser la réforme de lamine Diack avec un championnat professionnel à 16 clubs (1 club par région, voire par grand département comme Dakar, Pikine, Mbour, Guediawaye, Rufisque



    Exemple de Mbour:



    1/ la fusion de Tourécounda et du Stade

    2/ 1 investisseur local majoritaire

    3/ le soutien de la mairie

    4/ des sponsors locaux (SAPCO, Ciments du Sahel, AIBD, KIRENE,.),

    5/ création d'un centre de formation propre au club et recrutant au niveau des écoles de foot du département, différent de celui de Diambars orienté plus vers la vente de joueurs à l'international, voire au Sénégal

    6/ améliorer la qualité du stade municipal (gazon synthétique,.) à mettre à la disposition de l'équipe municipale (Stade de Mbour unifié)



    La fédération pourrait, pour compléter les centres privés (Aspire, Diambars, Dakar Sacré Cœur, SMASH, Etoile Lusithana, Génération Foot,.), créer son propre centre de consolidation à Yenne, comme Clairefontaine en France, exclusivement réservé aux sélections nationales des jeunes. L’objectif étant juste de faire en sorte que les meilleurs jeunes sénégalais puissent trouver un bon centre pour leur formation à la dure compétition mondiale (Cf centres de formation brésiliens, argentins, du Barca et autres). Et tant mieux si des privés se chargent d'une partie du travail, l’argent ainsi économisé par l’Etat et la fédération servira à l’organisation des compétitions des jeunes, y compris l’UASSU pour les élèves, et le regroupement des sélections nationales des jeunes qui se fait actuellement au CNEPS de Thiès.



    Sportivement

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  2. Auteur

    Pa^py

    En Novembre, 2012 (21:07 PM)
    et aussi arreter de jouer les navetanes à longueur d'année
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