Accidents de la route : Macky Sall peut-il arrêter l’hécatombe ?

Le Président Macky Sall a engagé le gouvernement, lors du conseil des ministres du mercredi 14 mai, à « mettre en œuvre une campagne vigoureuse et efficace de communication et de sensibilisation pour renforcer les moyens de la prévention routière en vue de lutter efficacement contre les accidents de la route dont la recrudescence émeut le Sénégal tout entier. 

Dans ses recommandations, il a, selon le communiqué du conseil des ministres, « invité le gouvernement à s’assurer de la généralisation des contrôles techniques des véhicules de transport et à veiller au renouvellement accéléré des parcs de véhicules de transport de personnes et des gros porteurs, souvent impliqués dans les accidents ».Il a aussi invité les acteurs routiers à la « modification consensuelle du Code de la route ».Parlant de la prise en charge sanitaire des accidentés, il a demandé l’accélération de la réalisation du projet du Centre national de Traumatologie à Diamniadio, « pour une meilleure gestion des urgences. Sous ce rapport, il s’agira de mettre en place, les moyens logistiques adéquats (ambulances, héliports et hélicoptères d’évacuation), pour secourir utilement les victimes ».La préoccupation de Macky Sall au sujet des accidents de la circulation n’est pas nouvelle. 

En effet, le 3 janvier dernier, lors d’une cérémonie de levée des couleurs au palais de la République, il promettait de sévir contre l’indiscipline de certains de nos compatriotes qui se traduit notamment par la recrudescence des accidents de la circulation attribués au non respect du Code de la route. « Malgré les efforts faits, il y a encore des accidents de la circulation. Si vous voyez la récurrence des accidents de la circulation c’est parce que, quelque part, il y a un défaut de respect des dispositions du Code de la route », faisait remarquer le chef de l’Etat sénégalais.Poursuivant son réquisitoire, Macky Sall faisait comprendre : « je vais demander au gouvernement de renforcer les moyens de contrôle pour que nous puissions préserver ces vies humaines qui auraient pu permettre au pays d’avancer et permettre aux familles éplorées de se développer dans la quiétude ».Au vu du nombre croissant des accidents de la route au Sénégal, Macky Sall a en effet de quoi s’inquiéter. 

L’année 2013 a enregistré plus de 15.250 victimes d’accidents de la circulation dont 365 corps sans vie, selon le colonel des Sapeurs pompiers Mamadou Cissé.Durant la période du 1er janvier au 9 mai dernier, 257 victimes d’accidents ont été enregistrées dans 68 accidents dans la seule région de Fatick faisant au total 13 tués. Les tronçons Tattaguine-Keur Martin sur la route nationale 1, Gossas-Diakhao et Ndakhonga–Fatick de même que Thiès-Allou Kagne et les routes du Fouta ont été les plus meurtriers du pays ces dernières années.En remontant plus loin, on peut mettre sur la liste du décompte macabre un accident survenu le 27 mars 1999 non loin de Diamniadio et ayant causé la mort de 10 personnes et fait 40 blessés.En 1995 c’est 3409 accidents qui ont été répertoriés provoquant 685 morts et 3363 blessés et l’année suivante le décompte macabre n’a pratiquement pas baissé car 572 avaient été comptés et 2432 blessés graves. Deux ans plus tard, en 1998, quelque 368 personnes avaient perdu la vie dans 3630 accidents.

Les conducteurs sont indexés comme étant les principaux responsables de 92,8 pour cent des accidents de la circulation, indique un rapport présenté en conseil des ministres en octobre 2013 par le ministre des Transports Thierno Alassane Sall.Pour inverser la courbe, le ministre a mis en place l’Alliance générale globale contre l’insécurité routière (Agir).Le même rapport cité par M. Sall relève que 81,1% de ces accidents se sont produits en plein jour et près de 60% commis par les véhicules de transport en commun.

 91,3% de ces accidents sont notés dans les agglomérations urbaines, 5% en zones rurales et seulement moins de 4% hors agglomération. En décembre 2013, lors de la Journée mondiale du souvenir des victimes de la route sur le thème ‘’Du souvenir à l’action’’, la présidente de l’ONG Laser International, très présente dans le domaine de la sensibilisation sur les accidents de la circulation au Sénégal, suggérait d’impliquer les chefs religieux ou encore de mettre, dans les zones accidentogènes, des silhouettes comme symboles de la mort, pour matérialiser les drames dont le dernier est survenu vendredi 16 mai à Allou Kagne, près de Thiès, tuant 4 personnes sur le coup.

 La stratégie consiste aussi à mettre des ralentisseurs dans les agglomérations et à augmenter le nombre des échangeurs. Par ailleurs, durant le même conseil des ministres, le chef de l’Etat a demandé l’accélération du processus de renouvellement du parc automobile du transport urbain. Sur les 2500 cars rapides et Ndiaga Ndiaye recensés pour être renouvelés, 1700 ont été échangés mais le processus, encadré par l’Etat et exécuté par les GIEs, est loin d’être transparent. Et le comble c’est que les nouveaux minibus Tata reproduisent les mêmes comportements dénoncés par les usagers des cars rapides et Ndiaga Ndiaye : surcharge, course poursuite entre bus partageant la même ligne, etc…Macky Sall réussira-t-il à faire changer de comportement ses compatriotes qui rechignent à s'arrêter aux feux rouges et font souvent semblant de n'avoir pas entendu le sifflet du policier ou du gendarme ?