Le calvaire qu’elle vit depuis si longtemps n’a pas brisé le moral de la jeune Moussoukéba ni altéré la beauté de son sourire avec de belles dents blanches sur une gencive bleue de tatouage. Le cas de Moussoukéba est typique dans l’histoire des femmes victimes de la fistule obstétricale, une maladie généralement causée par le long travail au cours d’un accouchement et touchant très souvent des jeunes filles. Mariée à un âge trop jeune comme de coutume dans son ethnie mandingue, Moussoukéba a beaucoup souffert lors de son premier et seul accouchement d’un enfant mort-né.
Moussoukéba vit dans un village dans la région de Kolda où il n’y a pas de poste de santé d’où un long trajet dans des conditions difficiles et risquées vers la communauté rurale la plus proche pour son premier accouchement dont elle se rappelle en racontant douloureusement ce mauvais souvenir. « J’ai beaucoup souffert et j’ai été ouverte au cours de l’accouchement sans être recousue », dit-elle pour expliquer les débuts de sa maladie. « Depuis je vis avec ce mal qui a fait de moi une paria au sein de mon propre ménage ». Moussoukéba partage la case commune des femmes avec ses 2 coépouses selon la tradition mandingue et les moqueries et les humiliations subies au quotidien lui rendent la vie infernale même si « mon mari prend souvent ma défense devant ses autres femmes », dit-elle en baissant la tête. Je fais beaucoup d’efforts au niveau de l’hygiène mais la maladie ne peut se cacher et c’est désagréable de dégager des odeurs en permanence. Moussoukéba qui a déjà été opérée 3 fois à Kolda dans le cadre des missions d’interventions organisées par l’UNFPA, porte tous ses espoirs dans sa venue à Dakar pour y subir sa quatrième opération de la fistule. « Si je guéris après cette opération » dit-elle en marquant un temps d’arrêt comme si cela était impossible, « je voudrais bien avoir des enfants même si j’ai peur que la maladie revienne ». Moussoukéba confie qu’elle n’a plus rejoint la case de son mari depuis sa maladie car elle est gênée, dit-elle même si son mari réclame qu’elle « ait son tour dans sa case comme ses 2 coépouses ». Moussoukéba souhaiterait aussi avoir une activité économique pour retrouver une autonomie car avec une telle maladie, on dépend toujours des autres et ce n’est pas confortable. 50 % des femmes traitées de la fistule en 2011 ont été réintégrées socialement et aussi économiquement pour certains cas, grâce à l’appui de l’UNFPA.
Avant l’UNFPA, j’avais vendu tout le bétail reçu de ma dot pour me soigner de la fistule
Moussoukéba raconte la tragédie de cette longue maladie qui lui a fait perdre tous ses biens. Au début c’est ma maman qui m’a beaucoup aidée pour trouver des solutions et on a dû vendre tous mes bœufs sans trouver une solution à cette maladie dont personne ne m’avait parlé avant. Moussoukéba s’estime « très chanceuse d’avoir été repérée pour une prise en charge de sa maladie ». Elle remercie les ONG qui travaillent sur le terrain et leurs partenaires car « j’ai déjà eu trois opérations totalement prises en charge, tout comme les frais de ce déplacement sur Dakar qui sera aussi suivi d’une intervention gratuite » Elle abonde d’éloges aussi sur les explications données sur cette maladie qu’elle connait beaucoup mieux et sur les conseils d’hygiène reçus au même titre que le kit d’hygiène qu’elle brandit avec fierté et avec un grand sourire.
« L’aide qui nous est apportée est inestimable et seule la guérison pourrait être une grande délivrance pour toutes les femmes atteintes de fistule ». Moussoukéba a un bon espoir de sortir de cette tragique situation et elle y croit car « j’ai déjà vu une femme guérie de la fistule et je sais que c’est possible ».
Plus de 150 patientes ont été opérées de la fistule avec l’appui de l’UNFPA en 2011 et d’autres missions d’interventions sont programmées pour venir définitivement à bout de la fistule obstétricale. Le bureau du Sénégal mène une croisade contre la maladie depuis 2005 avec le ministère de la santé et l’UCAD à travers l’HOGGY, la Clinique Gynécologique et Obstétricale (CGO) et les ONG travaillant sur le terrain. Plusieurs missions d’interventions pour la réparation des fistules obstétricales, ont déjà été effectuées au niveau des régions mais aussi dans la capitale pour des cas jugés compliqués. Un groupe de 15 femmes en provenance des régions de Matam et Kolda sont actuellement à l’HOGGY à Dakar pour être opérées de la fistule.
7 Commentaires
Koul
En Décembre, 2012 (14:48 PM)Quelle hypocrisie de condamner un mec qui a couché avec une fille de 17 ans 11 mois pour viol même s'il y a eu consentement et de laisser des gaillards défoncer des petites de 10 ans?
La balle est dans le camp de l’État qui doit sévir comme il le fait avec l'excision. ça ne m'étonnerait d'ailleurs pas qu'il y ait une relation entre cette maladie et cet autre fléau qui sévit notamment dans les régions citées.
M. Sadio
En Décembre, 2012 (14:53 PM)Repons
En Décembre, 2012 (22:09 PM)Drame
En Décembre, 2012 (05:36 AM)Kamalinkou
En Décembre, 2012 (14:28 PM)Tt
En Décembre, 2012 (16:09 PM)Infoplease
En Mai, 2014 (03:26 AM)Pourriez-vous me dire si cette dame a été soignée ? Prière me communiquer ses coordonnées afin que je puisse lui venir en aide. Merci de votre de votre coopération.
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