La question a été à peine évoquée et elle a été rapidement éclipsée par l’actualité politique. Pourtant, l’affaire des doctorats dans le privé mérite d’être traitée avec sérieux et rigueur. La dernière actualité sur ce sujet a été la soutenance de thèse de Cheikh Oumar Diagne, le 10 octobre dernier au Ceds. Pourtant, un peu plus d’un mois plutôt, le 5 septembre précisément, le ministère de l’Enseignement supérieur avait rappelé qu’à ce jour « aucun EPES n’est habilité à dérouler des programmes de doctorat, encore moins à délivrer des diplômes de doctorat ». Ceci étant exclusivement réservé aux écoles doctorales.
Ce rappel n’a malheureusement servi à rien, puisqu’un établissement ainsi qu’une haute autorité de l’Etat ont décidé de passer outre. Il est donc temps pour le ministre de prendre ses responsabilités pour arrêter ce qui s’apparente à un blanchiment de doctorat.
En effet, avant Cheikh Oumar Diagne, Aïda Mbodji a fait sa thèse au Ceds, de même que Haruna Musa, conseiller à l'ambassade du Nigéria à Dakar. Et ce n’est pas encore fini, puisque dans un post du 3 juillet, Thierno Bocoum a déclaré sur sa page Facebook qu’il est doctorant au Ceds. C’est à croire que d’autres sont encore dans le pipeline, malgré les rappels incessants du ministère de l’enseignement supérieur. C’est donc avec regret que l’on a constaté le silence du ministère après la dernière soutenance.
Ainsi, il suffit que l’Etat fasse preuve de laxisme ou de frilosité pour ouvrir la porte à toutes les dérives. Si les EPES locaux se rendent compte que les établissements, filiales des groupes étrangers, opèrent dans l’illégalité parfaite et en toute tranquillité, eux aussi vont s’engouffrer dans la brèche, un jour ou l’autre. Il est donc impératif de faire preuve de fermeté vis-à-vis du Ceds et des autres établissements qui feraient pareil. Il faut bien dire que le Ceds n’est pas le seul, car la soutenance du ministre de l’intérieur, Jean Baptiste Tine, aussi soulève des questions.
Le ministère doit en finir avec les communiqués qui se limitent à des rappels des principes pour citer nommément les récalcitrants. La politique nationale en matière de troisième cycle doit être rigoureusement respectée par tous les établissements. Les écoles privées qui veulent avoir des études doctorales n’ont qu’à suivre la procédure qui a été bien détaillée par le ministère à travers un communiqué.
Rappeler à l'ordre les profs d'université
Mais au-delà des établissements, le Mesri doit aussi regarder du côté des enseignants. En effet, à chaque soutenance de thèse, on retrouve les professeurs des universités publiques en tant que Directeur de thèse, président de jury, rapporteur… Pourtant aucun d’entre eux n'ignore les règles en vigueur.
Il est bon de rappeler que quel que soit leur statut et la liberté qui leur est offerte, ces enseignants sont d’abord des fonctionnaires. Certains parmi eux aiment d’ailleurs rappeler que le prof d’université occupe le sommet de la hiérarchie des fonctionnaires. Ils sont donc avant tout des fonctionnaires.
Par conséquent, ils doivent inscrire leur acte dans les limites autorisées par la loi. Or, ce qu’on constate, c’est qu’ils se rendent complices des établissements en cautionnant ces études doctorales et ces soutenances de thèse. Quelle autre catégorie de fonctionnaires oserait braver ainsi les interdits sans craindre les conséquences ? Aucune ! Le ministère qui est leur employeur doit donc faire preuve d’un peu plus de poigne pour les obliger à se conformer aux règles en vigueur en matière de troisième cycle. En clair, il faut une note pour les interdire de siéger à des soutenances dans des établissements non autorisés.
Malheureusement, il faudra beaucoup plus que du courage au ministre Abdourahmane Diouf pour y arriver. En effet, non seulement les diplômés sont aujourd’hui dans son bord politique, ce qui rend la question plus délicate. Mais également, il a été recruté à l’Université numérique quelques mois avant d’être nommé ministre. Ce qui veut dire qu’il est probablement Assistant. Or, on sait combien les universitaires tiennent aux grades et combien certains profs titulaires peinent à avoir de la considération pour ceux qui sont de rang inférieur.
Malgré tout, il doit faire face et arrêter cette opération de blanchiment. Il y va de la crédibilité du doctorat sénégalais !
15 Commentaires
Zeub
En Octobre, 2024 (10:34 AM)Anonyme
En Octobre, 2024 (10:42 AM)Ils ne suivent ni les cours, ne font ni d'examen. Tout se fait par procuration pour obtenir les diplômes.
Ainsi, ils obtiennent des diplômes dont ils n'ont aucune connaissance
Reply_author
En Octobre, 2024 (12:32 PM)Ce sont les politiques qui ont inventé la roublardise.
Professuer Titulaire De Classe
En Octobre, 2024 (10:52 AM)Beaucoup d'imperfections sont notées dans les Universités publiques comme privées - Aux Autorités du MESRI, EES publics et privés et l'ANAQ-Sup d'appliquer les textes
"Mais au-delà des établissements, le Mesri doit aussi regarder du côté des enseignants. En effet, à chaque soutenance de thèse, on retrouve les professeurs des universités publiques en tant que président Directeur de thèse, président de jury, rapporteur… Pourtant aucun d’entre eux n'ignore les règles en vigueur.
Il est bon de rappeler que quel que soit leur statut et la liberté qui leur est offerte, ces enseignants sont d’abord des fonctionnaires. Certains parmi eux aiment d’ailleurs rappeler que le prof d’université occupe le sommet de la hiérarchie des fonctionnaires. Ils sont donc avant tout des fonctionnaires.
Par conséquent, ils doivent inscrire leur acte dans les limites autorisées par la loi. Or, ce qu’on constate, c’est qu’ils se rendent complices des établissements en cautionnant ces études doctorales et ces soutenances de thèse. Quelle autre catégorie de fonctionnaires oserait braver ainsi les interdits sans craindre les conséquences ? Aucune ! Le ministère qui est leur employeur doit donc faire preuve d’un peu plus de poigne pour les obliger à se conformer aux règles en vigueur en matière de troisième cycle. En clair, il faut une note pour les interdire de siéger à des soutenances dans des établissements non autorisés."
Anomed
En Octobre, 2024 (11:09 AM)ET MAINTENANT, ON PASSE OUTRE POUR SORTIR DES DOCTEURS D'ÉCOLES PRIVÉES.
BIENTÔT LA SITUATION SERA COMME LE PERMIS DE CONDUIRE...
DANS NOS PAYS, ON A DU MAL À SE CONFORMER AVEC LA LOI...
Dame Fall
En Octobre, 2024 (12:08 PM)Dame Fall
En Octobre, 2024 (12:08 PM)Outré
En Octobre, 2024 (12:59 PM)Nit
En Octobre, 2024 (13:28 PM)Reply_author
En Octobre, 2024 (15:25 PM)Participer à la Discussion