Mais lorsqu’un pays va mal, il est toujours opportun de rappeler les moments fédérateurs de son histoire. Et c'est là où je magnifie l'appel du vénéré Khalife Serigne Sidy Mokhtar Mbacké. Que le pouvoir et l'opposition se mettent autour de la table et que chacun prenne ses responsabilises. C'est ainsi dans tous les pays qui traversent des zones de turbulences. Il y a plus longtemps encore, Aristote a dit qu’ une seule hirondelle ne faisait pas le printemps. Et qu’ un seul acte moral ne faisait pas la vertu. Le Sénégal est un pays singulier, une réserve d'hommes politiques et un précipité de toutes les modes contradictoires qui nous entourent. Le Sénégal est un endroit de ce monde où on arrive à provoquer des débats corneculesques sur des questions qui, elles, sont loin de l'être. Un espace de la planète où on adore lancer de petits conflits tournant à la guerre mémorielle des paroles par refus d'aborder les problèmes à temps et en urgence. Le lieu où on préfère l'étripage au dialogue, l'enlisement à la réforme, la parole aux gestes, l'hypocrisie à la franchise des convictions, l'abandon et l'insouciance à la recherche de solutions à nos soucis quotidiens. Il devient urgent de tirer sur le signal d'alarme, de développer l'effet de pédagogie nécessaire afin de faire comprendre à nos compatriotes que chaque franc CFA dépensé est utile au peuple, que le Sénégal n'est pas en mesure de vivre au dessus de ses moyens, que les facilités et le laxisme d'aujourd'hui constituent les impôts de demain. Et pourtant les sénégalais doivent doubler d'effort pour analyser, afin de mieux comprendre ce qui se passe actuellement dans notre pays. Un fantaisiste a dit que la politique consistait à traiter à la légère les choses graves, et gravement les choses légères. Oui, le Sénégal, c'est le Sénégal, un pays avec une âme propre qui devrait faire de lui un porte-étendard du panafricanisme, des droits de l'homme, de la solidarité et surtout de la dignité politicienne. L'actualité est riche et sachons l'interpréter: la vie est chère, l'enseignement va mal, la santé à la traîne, la croissance languissante, le coût du logement au seuil de la tolérance et une grave épisode d'inondations venue encore s'ajouter à l'atmosphère de déprime dans laquelle se languit le pays. Rien n'indique à priori que 2014 sera meilleure que les 365 jours l'ayant précédé. Car les conditions pour repartir d'un meilleur pied ne seront réunies que si la politique cesse de nous leurrer et que des visions nouvelles naissent. Les Sénégalais peinent à joindre les deux bouts s'ils ne sont pas anxieux face à la situation de l'emploi, de l'habitat social, de la sécurité, des transports et de l'énergie. Dans leur détresse, les populations sinistrées ont eu au moins le réconfort de constater l'immense vague de solidarité. Une compassion qui tient sans doute plus pour les Sénégalais à un réflexe de"proximité" envers des compatriotes brutalement piégés par un hivernage que par un souci de l'Etat coupable d'avoir laissé si longtemps des hommes, des femmes et des enfants vivre sur des terres d'eaux. Il faut se rendre à l'évidence que la fatalité n'explique pas tout et ne peut servir d'alibi face à l'absence de volonté politique, d'anticipation et d'organisation. La persistance de certaines méthodes a deux inconvénients au moins: elle hypothèque notre avenir, puisqu'il faudra bien régler la note, et elle empêche l'Etat d'être au service du peuple. Dans ce jeu dangereux auquel se livrent les politiques, j'ai bien peur que ce soit là le vrai visage du Sénégal du XXI e siècle: un pays, qui a peur, en manque d'ambition, incapable d'assumer son histoire, et qui se renferme sur lui-même. Cette situation de campagne électorale permanente fait que le peuple est de plus en plus exaspéré par ce désordre qui risque à la fois d'ankyloser le Sénégal ces prochains mois et de provoquer une surenchère politico - sociale qui n'est pas de nature à stimuler l'esprit de nos compatriotes. Et l’avenir ne s’annonce pas radieux, justifiant presque l’étalage de bile d’un récent sondage virtuel faisant de nos compatriotes les champions du monde de la déprime permanente, du stress et du pessimisme le plus crasse. Mais cette représentation- là, c’est quand le Sénégalais généralise. En revanche, lorsqu’ il cesse de penser, c’est tout autre chose. Le ciel se dégage, le bonheur se dévoile au coin de la rue. Nous n'allons pas regarder plus loin que nos orteils pour savoir que l’horizon est bouché pour le Sénégal. Mais l’avenir ne s’annonce pas si mal pour certains dès qu’ ils considèrent leurs situations individuelles. Car comme dit l’autre, lorsque les politiciens se regardent, ils se désolent ; lorsqu’ ils se comparent, ils se consolent. Faute de perspectives, les Sénégalais doivent se porter massivement sur des hommes et femmes qui opposeront l'efficacité d'un réseau associatif offrant aux plus nécessiteux- qui ne manquent pas- santé, écoles, transports, logements, sécurité, emplois etc... et coup de pouce pour boucler les fins de mois. Houleuse et mouvementée, l'histoire du Sénégal démontre que c'est à chaud que des réformes et bouleversements d'ampleur sont en effet nécessaires pour revoir l'architecture des pouvoirs, leurs fonctionnements, et leurs manières de s'équilibrer les uns des autres. A froid c'est compliqué comme le prouvent les états d'âmes des parlementaires de toutes les majorités qui se sont succédées et qui ne cessent de nous démontrer une mauvaise foi éhontée. Le contexte doit évoluer, le Sénégal est comme frappé de sclérose institutionnelle. Des propositions genres nouvelles doivent être retenues et mises en oeuvre par le Président SALL pour contribuer enfin à la séparation des pouvoirs dans un pays où nous devons tous cesser de croire que notre modèle séduit le monde. Le Parlement retrouverait ainsi sa dignité et l'exécutif serait moins soumis à la tentation du hold-up des institutions dans lequel tout pouvoir s'est voluptueusement coulé après l'avoir attaqué dans l'opposition. Cette manie bien de chez nos politiciens de tout faire passer par une loi que chacun s'empresse de nous imposer traduit surtout le niveau d'abaissement de l'institution parlementaire. Une reprise en main de notre destin serait de nature à panser bien des plaies et à revigorer quelques ambitions pour notre émergence. Une économie qui tourne est le gage d'une situation politique apaisée. Et pour que la conjoncture prenne du muscle, il suffit que naisse cette confiance entre la politique et le peuple. Que les Sénégalais retrouvent leur fierté nationale, leur union autour de l'essentiel. Qu'ils sortent de la mélancolie et de l'auto-flagellation dans lesquelles se languit le pays Il faut se rendre à l'évidence; la politique nous a toujours habitué à des comédies qui devraient être jugées avec autant de sévérité que de dédain et c'est bien le sentiment de bazar que nous donne certains politiciens, ce qui loin de nous réjouir commence à nous inquiéter. Tout ceci est un véritable révélateur des contradictions qui minent la société sénégalaise, et de la crise d'identité qui la ronge.
Pourtant tout président de la république est élu en instaurant une relation particulière avec son peuple, qui servira ensuite de fil conducteur à son mandat. C'est généralement quand ce fil se casse que les côtes de popularités s'effondrent. Le pouvoir n'est peut-être pas au stade de l'effilochement mais a vraiment besoin d'un ravaudage pour donner de la cohérence à l'action gouvernementale. Répondre aux inquiétudes des Sénégalais tout en se montrant le plus incolore possible, voila à quoi devrait s'employer le Président Macky SALL. Les sénégalais sont en attente d'une autre manière de communiquer et de faire de la politique. Ils souhaitent une relation permanente et directe avec le pouvoir. Ils exigent la résolution des problèmes de base, en aspirant à la simplicité et à la lisibilité dans l'action. En contre-partie que le peuple sache que notre destin, nous devons nous le créer nous-même et que nous devons nous méfier de l'argent car ce dernier est la fumée qui nous endort. Mais l'échec d'un régime a ceci de cruel: qu'à la surexposition liée à l'occupation du Palais succède un début médiatique frôlant la mort politique pure et simple. Avec son style si particulier, le Président SALL doit éviter de connaître le sort du président WADE désavoué en 2012 par les électeurs et qui vit l'existence fantomatique d'ancien chef d'Etat. Surtout s'il tarde à réagir notamment sur l'épineuse question du pouvoir d'achat,de l'emploi et de la crise énergétique, sandwich "big size" qui pourrait être pour lui ce que la facture sociale fût en son temps pour ses deux prédécesseurs............ Un bolet! A moins de rebondir et de viser...................2017.
Mamadou Oumar WANE
Strategium Consulting PARIS
8 Commentaires
Sarr
En Janvier, 2014 (15:07 PM)Al Amine
En Janvier, 2014 (15:12 PM)Dofff!
En Janvier, 2014 (16:56 PM)Xeme
En Janvier, 2014 (18:22 PM)Debez
En Janvier, 2014 (22:41 PM)Senegalais67
En Janvier, 2014 (21:32 PM)Cocc
En Janvier, 2014 (21:27 PM)Way bougnou doul lo way
Ndiaye Fatou
En Mai, 2014 (21:05 PM)Participer à la Discussion