Dans la phraséologie guerrière des gens du Karaté, le kumité fleurit comme l’épi de maïs sur l’emblème du Sopi. Combat libre, il autorise les feintes, les ruses et le kiai. La réunion du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais n’a pas échappé à ces règles de la castagne. Le kumité a été un moment de forts, de costauds et de muscles cérébraux. Seck et Wade ont offert sur le tatami du Palais un spectacle digne de Karaté kid. Tout y était : la technique, la force et les cris pour expulser l’énergie. Dans ce jeu de dures, le maître Shaolin a gagné aux poings. Une issue tout à fait prévisible. Le Secrétaire général du Pds n’aurait jamais organisé la savate s’il n’était pas sûr de l’emporter. C’est le résultat fatal de la combinaison de deux vieilles techniques martiales : l’attaque et le blocage.
Sensei Wade est un maître dans l’art de la feinte et de l’esquive. Il a réussi à parer le coup d’éclat prévu par Idrissa Seck. Le prodige thièssois avait déjà gagné le combat psychologique. Sa sortie médiatique sur le caractère invalide de la candidature de Wade avait fait mouche. Comme un coup de marteau sur la tête de Talla Sylla, les arguments de fond étaient massifs. Le Pds se trouva fort embarrassé. Exclure Idrissa Seck du parti lui conférait une posture politiquement rentable de victime. Refuser le débat était aussi une façon de lui donner raison. Wade a donc décidé de régler l’affaire par la forme.
Dans le rôle du petit maure, Farba Senghor avait appris la nouvelle de l’encerclement de Idrissa Seck sous la tente libérale. À la veille de la réunion du Comité directeur, il a donné l’impression de se battre contre le vent. Il n’en était rien. Sa conférence de presse était burlesque, mais révélatrice. La stratégie de Wade était de mettre Idrissa Seck en minorité à la réunion du Comité directeur et de le laisser face à ses responsabilités. Il a commencé par vider les rangs des souteneurs du maire de Thiès. Abdou Fall, devenu, ces jours derniers, le soutien le plus en vue de l’ancien Premier ministre, a été promu ministre d’Etat. Un tir de sommation très efficace. Fall a changé de discours et de fréquentation. Promptement.
La pièce de théâtre du vendredi dernier avait certainement été bien réglée. Dans le rôle du provocateur, Aliou Sow devait ouvrir le feu. Un discours à la hussarde tempéré par Moustapha Sourang. En mission commandée, le professeur de Droit essaya de trouver une base juridique hypothétique à la candidature de Wade. Me Ousmane Ngom entra en scène avec le discours moralisateur du big brother. Cheikh Tidiane Sy ferma le chapitre avec la lecture d’une résolution. Wade vint donner le coup de grâce. Tant qu’il sera en vie, Idrissa Seck ne sera pas exclu du Pds. Circulez, il n’y a plus rien à signaler.
La démocratie est une question de nombre. Idrissa Seck l’a donc appris à ses dépens. Wade qui nomme au Comité directeur du Pds a pouvoir d’encerclement sur tous les responsables libéraux. Il peut donner des ordres d’exécution sans se salir les mains. La réunion du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais de ce vendredi était une vaste mascarade. La composition de cette instance du parti libéral est un indicateur peu fiable. La représentativité n’est pas le critère de sélection. C’est aux bons soins du roi. Une délibération du Comité directeur du Pds n’est pas forcément conforme aux aspirations des militants libéraux à la base. Comme tout le monde, Idrissa Seck en a fait le constat. Et il est fortement probable de le voir s’engouffrer dans cette brèche.
Wade a gagné un combat, mais il n’a pas encore remporté le tournoi. Ko, Idrissa Seck ne se laissera pas compter. Il va se relever. Intellectuellement, il en a les moyens. Le Comité directeur de novembre 2010 n’est que la première manche d’un long combat. L’enjeu étant le contrôle du Pds et de l’appareil d’Etat. Comme la fourmi de la fable, les populations vont pâtir de cette bataille de mastodontes. Wade va mettre tous les moyens pour dépeupler les rangs des soutiens de Idrissa Seck. Désormais, la voie la plus rapide pour passer ministre d’Etat est de s’afficher aux côtés du maire de Thiès. Ni les finances publiques exsangues, ni la promiscuité en Conseil des ministres ne vont arrêter Wade. Le Sénégal est leur nouveau Yukokai club de Karaté. Et en kumité, tous les coups sont permis.
6 Commentaires
Karim
En Novembre, 2010 (16:01 PM)Rigolo
En Novembre, 2010 (16:12 PM)Bello
En Novembre, 2010 (16:15 PM)Bello
En Novembre, 2010 (16:16 PM)Bello
En Novembre, 2010 (16:17 PM)Didi
En Novembre, 2010 (16:21 PM)Participer à la Discussion