« On a décidé de réorganiser notre présence militaire. Et donc, nous avons proposé aux chefs d'État africains de réorganiser notre présence. Comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l'annonce. Mais ne vous y trompez pas : parfois, il a fallu les pousser. Mais, ce n’est pas parce qu'on est poli, correct, et qu'on se réorganise nous-mêmes, qu'il faudrait que ce soit retourné contre nous en disant : "Ils sont chassés d'Afrique." »
Ainsi a parlé lundi le président français Emmanuel Macron lors de sa traditionnelle conférence face aux ambassadeurs. Il n’a pas fallu plus pour déclencher un incendie en Afrique francophone. Immédiatement après Macron, Ousmane Sonko le Premier ministre sénégalais a fait une sortie pour démentir l’affirmation selon laquelle c’est la France qui a décidé et même poussé les Africains à accepter la fin des bases militaires.
« Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain », a répliqué Ousmane Sonko.
Et si les deux avaient raison ? Interrogeons d’abord le timing. Le Sénégal, le Tchad et la Côte d’Ivoire ont annoncé presque en même temps le départ des troupes françaises de l’Afrique. Or, les dirigeants des trois pays ont des profils très différents. Pourquoi alors la décision tombe en même temps dans ces trois pays, s’il n’y a pas eu d’entente ?
Autant Bassirou Diomaye Faye et Ousmane sont des souverainistes avec un discours hostile à la France, autant Alassane Ouattara est un allié objectif de Paris et Mahamat Idriss Déby un peu moins. C’est grâce à l’aide militaire de Paris que Ouattara a accédé au pouvoir au détriment de Gbagbo en 2011. Au Tchad, Paris a fermé les yeux quand Débu fils a pris le pouvoir à la mort de son père.
Autre fait marquant : c’est Ouattara qui a aidé Macron à faire capoter le projet de monnaie unique de la Cedeao en affirmant aux côtés du président français, que les pays du CFA adopteront en premier cette devise avec des conditions qui en font un autre CFA, sans le nom. Ainsi, pour le cas de la Côte d’Ivoire, Macron a certainement raison lorsqu’il dit que c’est la France qui a pris la décision et a accordé la primeur à Ouattara. D’ailleurs, l’absence de réaction de la part d’Abidjan renforce bien cette thèse.
Ensuite, la France avait déjà décidé de revoir sa présence militaire en Afrique. En 2023 déjà, Macron disait, parlant des bases françaises en Afrique : "Elles deviendront, pour les unes, des académies, pour les autres, des bases partenariales. Elles seront pour certaines rebaptisées. Elles vont changer de physionomie, de logique, d’empreinte."
Par contre, il est peu probable que le départ définitif des militaires françaises au Sénégal soit une décision de Paris. Comme l’indique cette dernière phrase de Macron, il était question de réorganisation et la France devrait continuer à garder la main sur ces bases quel que soit le redéploiement. Une stratégie qui tranche avec la vision souverainiste des nouvelles autorités sénégalaises qui ne veulent plus de présence militaire sur leur sol, peu importe sa nature et sa mission.
D’ailleurs, l’histoire récente sur cette question montre que Paris n’a plus la main en Afrique de l’Ouest. Macron affirme que la France a décidé de quitter cette région face aux coups d’État militaires. Mais la vérité est que ses troupes ont été chassées du Mali, du Niger et du Burkina Faso, après avoir été évincées de la République centrafricaine.
On se souvient encore de la tension et de la passe d’armes entre Paris et Bamako au sujet du calendrier de retrait des militaires. Le départ de l’ambassadeur de France du Niger s’inscrit dans la même logique. De même que la nouvelle posture de la Cedeao qui cherche à se racheter de ses erreurs face aux pays de l’AES.
De ce point de vue, Macron a tort d’affirmer que l’initiative du départ vient de la France et l’annonce réservée aux dirigeants africains. On comprend donc la colère de Sonko qui tient à affirmer la souveraineté du Sénégal qui avait déjà déclenché ce processus du temps de Wade. Cela n’empêche pas que Macron ait raison sur le cas de la Côte d’Ivoire. Même s’il cherche à s’appuyer sur ce seul exemple pour extrapoler.
11 Commentaires
Gand P
il y a 1 jour (13:52 PM)IL a sombré la France et il ne lui reste que des sottises envers le peuple Africain qui a libéré ses ancêtres.
Bibi
il y a 1 jour (15:44 PM)Gand P
il y a 1 jour (13:52 PM)IL a sombré la France et il ne lui reste que des sottises envers le peuple Africain qui a libéré ses ancêtres.
Non, L'un A Menti
il y a 1 jour (14:20 PM)Le Flûtiste Est à L’Élysée
il y a 1 jour (14:28 PM)Reply_author
il y a 1 jour (14:38 PM)Macron Douleur Chronique
il y a 1 jour (15:16 PM)Macron est un menteur patenté, quiconque conteste cette réalité est lui-même un menteur sans vergogne.
Ali
il y a 1 jour (15:15 PM)Ne repetez pas les mensonges de melenchon et cie.
Xeme
il y a 1 jour (15:16 PM)Teu
il y a 1 jour (15:20 PM)Attention !
Démodé
il y a 1 jour (16:34 PM)Participer à la Discussion