«Yoonu Yokute», c’est aussi la voie de l’émergence. Mais toute traduction est une trahison. Or, alternativement candidat et Président, Macky Sall nous aura alternativement engagés dans ces deux voies. Dans les deux cas cependant, il ne peut s’agir que d’une sorte de purgatoire au sortir duquel les sacrifices solidairement consentis dans la justice et l’équité devraient nous conduire à un mieux-être partagé. Mais du «Yokute» à l’émergence, il n’y a pas qu’un glissement linguistique. Plus fondamentalement, il y a tout un projet de société, dont l’horizon d’attente est délimité par des repères, des concepts et des symboles constitutifs de deux cultures totalement différentes.
De ce point de vue, par rapport au «Yokute», praxis permanente pour la conquête d’un mieux-être permanent, l’émergence ne saurait être, le cas échéant, que le résultat nécessairement hypothétique d’un projet à mettre en œuvre, mais au conditionnel. Si bien que finalement, de façon parfaitement inconsciente, le Président Macky Sall nous réinstalle dans la dépendance linguistique de l’époque coloniale, dont découlent toutes les autres formes de subordination que vivent encore des pays comme le nôtre. En effet, un peuple qui perd sa langue, ne parle plus que pour dire ce qu’il ne pense pas, ce qu’il n’est pas. Car la langue, c’est le substrat, la sève nourricière de la culture. Cheikh Hamidou Kane l’avait très tôt perçu dans L’Aventure ambiguë, sous l’angle de la question scolaire : «L’école étrangère est la forme nouvelle de la guerre que nous font ceux qui sont venus», avertissait-il. Mais «ceux qui sont venus» n’étaient pas seulement des étrangers, «ils étaient étranges». Et étrangement, ils nous ont convaincus de la nécessité d’aller «apprendre chez eux l’art de vaincre sans avoir raison.» C’est précisément cet art à la fois paradoxal et vital dans la modernité actuelle, que nos gouvernants réinvestissent en permanence sur le terrain de notre gouvernance politique. D’abord le Président Senghor, dont tout le projet politique reposait sur la culture, au sens global du terme. «La culture est au début et à la fin de tout développement», affirmait-il fort justement.
Perdant de vue qu’aucun développement véritable ne peut être soutenu par une culture d’emprunt, dont seule une minorité maîtrise la langue d’expression, les symboles, les valeurs… Au demeurant, la France elle-même n’a entamé le processus de sa modernité actuelle qu’au 16e siècle : en libérant le français de la tutelle du latin pour l’affirmer comme langue officielle, expression langagière de son identité culturelle. Le professeur Cheikh Anta Diop, qui menait un combat autrement plus large et plus essentiel, a été systématiquement marginalisé par ses propres frères de sang et de culture, sur le double terrain scientifique et politique. Le pouvoir politique comme le savoir scientifique n’étaient pour lui ni fin ni finalité, mais des instruments de libération du peuple et d’affirmation des valeurs les plus authentiques pour la restauration de notre conscience historique. Quant au Président Abdou Diouf, il aura inauguré l’ère d’une bureaucratie de technocrates et d’experts, dont l’expertise et la technicité n’ont jamais assuré le «Yokute», ni ouvert la voie de l’émergence au peuple «haletant après le bonheur». Bon élève du Président Senghor, cartésien organisé et méthodique, il s’est plutôt soigneusement appliqué à rendre digeste sa théorie du «changement dans la continuité», suivant les directives irrévocables du Fmi et de la Banque mondiale. Loin du Modèle nègre que théorisait le professeur Jean Claude Blachère, Jean Ziegler était ainsi fondé à se demander si «L’Afrique (n’était pas) mal partie». Mais les périodes de manque sont aussi celles des rêves de surabondance. Le désespoir causé par les ajustements structurels a ainsi amplifié la résonance et la tonalité du cri d’espoir lancé par Maître Abdoulaye Wade : «Sopi».
Dans le subconscient des Sénégalais, le mot signifiait plus qu’un simple changement de régime politique. Il s’agissait d’une rupture ontologique ouvrant la voie d’une nouvelle positivité qui nous affranchirait de toute négativité. Une fois au pouvoir, le Président Wade aura beaucoup œuvré, montré beaucoup de liberté par rapport à toutes les grandes puissances, tous les groupes de pression ou autres lobbies internationaux… Mais son populisme messianique à la Don Quichotte l’aura isolé dans un nombrilisme qui l’a tout à la fois perdu et promu un de ses «enfants» : le Président Macky Sall. Sur un axe purement chronologique, son élection est en elle-même une rupture, avant que lui-même n’en formule la promesse : le «Yokute», puis «l’émergence». Comme Senghor au moment des Indépendances, Me Wade en pleine crise des ajustements structurels, le peuple a cru disposer en Macky Sall d’un guide qui lui tiendrait un discours de vérité dont le contenu coïnciderait avec ses aspirations et qui lui fixerait un horizon d’attente propre à mobiliser les énergies, entretenir l’espoir. Mais l’emprisonnement du seul Karim Wade dans le cadre de la traque des biens mal acquis, l’apologie de la transhumance, la crise scolaire et universitaire, pour de simples accords à respecter, le recyclage systématique d’adversaires politiques…, transforment progressivement le «Yokute» en une simple reformulation du «changement dans la continuité», du «Sopi» et de tous les autres abus purement langagiers auxquels nous ont habitués nos gouvernants jusque-là. Si bien que finalement, depuis les Indépendances, du «développement par la culture» au «changement dans la continuité» ; du «Sopi» au «Yokute», ballotés en permanence entre le français et le wolof, nous sommes constamment victimes de ces abus de langage de nos politiciens…
Galasse, fmdiallo1@yahoo.fr
6 Commentaires
Anonyme2
En Mars, 2016 (10:07 AM)Mansawali Walimansa Mansa 2016
En Mars, 2016 (10:16 AM)PARLONS DES 1000 MENSONGES SANS VERGOGNE EN 1000 QUESTIONS SANS RÉPONSE
DE OUSMANE TANOR DIENG LE MENTOR MENTEUR DU PARTI SOCIALISTE DU SÉNÉGAL
1. Oui ou Non le PS de Senghor….. a UNE Idéologie?
2. Oui ou Non le PS de Diouf a….. …UNE Doctrine ?
3. Oui ou Non le PS aura UN candidat …..en 2019 ?
3. Oui ou Non le PS est UN Patrimoine-National ?
4. Oui ou Non Tanor est ici le Waxwaxeeteur n°1 ?
5. Oui ou Non le PS va ..à la conquête du Pouvoir ?
6. Oui ou Non Tanor doit être…..…… démis du PS ?
7. Oui ou Non Tanor n’est pas……. Présidentiable ?
8. Oui ou Non Tanor Dieng Candidat….. c’est fini ?
9. Oui ou Non doit quitter le PS …comme Senghor ?
10. Oui ou Non 1 Alternance Démocratique… au PS ?
11. Oui ou Non 1 Alternance Générationnelle au PS ?
12. Oui ou Non Khalifa Sall est 1 Candidat PS en 2019 ?
13. Oui ou Non Aïssata Sall est 1 Candidate PS en 2019
14. Oui ou Non a réduit le PS à moins de 11% en 2016 ?
15. Oui ou non Tanor doit partir comme Senghor en 80 ?
……………………………………………………………………………………….
0016 Mars 96, 2000, 2007, 2012 et 2019 Tanor Dou Tanneff ?
999. Oui ou Non Tanor doit partir ……comme Diouf en 2000 ?
1000. Oui ou Non le PS en a marre de Ousmane Tanor Dieng ?
Fan
En Mars, 2016 (10:51 AM)Anonymenitt
En Mars, 2016 (11:02 AM)Anonyme
En Mars, 2016 (13:03 PM)Tu vas la-bas, du coté de mon village d'origine parle de "Sénégal émergent" aux populations, ils té prennent pour extraterrestre!
Mais quand tu utilise le "yoon" (la voie), les gens te diront, "naniou diapp, meun na bakh" ! Et que ce "yoon" est agrémenté à la sauce du "yakouté", les gens reprennent espoir! Du moins jusqu'au jour ou ils se rendront compte, comme toujours qu'ils se sont fait rouler dans la farine par des politiciens sans cœur et mus par leurs propres intérêts!
Je ne le dis pas pour le "yonou yokouté" seulement! Il y'a eu le "dialarbi" de Landing qui a fini en "Diapalé kifi nek"! Il y'a eu le "Sopi" de Wade qui a fini en "continuité du colonialisme", surtout quand Wade a fini par se réclamer de Senghor....adversaire pourtant farouche!
Tous ces slogans en wolof sont pour appâter des populations qui ont perdu espoir ! Et , il faut le dire, c'est une escroquerie qui ne dit pas son nom !!!
Chassons Maky
En Mars, 2016 (17:28 PM)yoonou tosskéré, torokhtaané pour le peuple sénégalais
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