Bob Denard peut frémir de plaisir. De sa tombe, le célèbre mercenaire français doit goûter le recyclage réussi de ses lointains disciples. Sa bouillante légion étrangère a une façon nouvelle de descendre sur Kolwezy. Désormais, les méthodes sont bien plus softs, les tenues bien plus soignées et les légionnaires beaucoup moins débonnaires. La tête a remplacé le poignet. Le diplôme a succédé à la mitraillette. Et l'invasion barbare se fait par la persuasion et la bravade. Signe d'une reconversion professionnelle parvenue : les nouveaux mercenaires s'essaient à la communication, au cosmétique et au faux-semblant. On ne tire plus sur le tas. On vise les intellectuels qui bougent. La coalition des partis souteneurs du candidat Abdoulaye Wade a sorti le chéquier pour s'attacher les services de ces vautours intercontinentaux. Bob Denard and Co vient d'ouvrir boutique. Dans le cadre douillet du Méridien Président, la compagnie pavoise et toise le «who’s who» local. Un conseil de guerre en Afrique, en plein hiver, ce sont des vacances tous frais payés. Qui n'en redemanderait pas ? Thème de ce forum télévisé : la candidature du président de la République pour un troisième mandat. L'initiative n'est pas nouvelle. Elle est une reproduction sous d'autres formes des entreprises mercenaires des soleils des indépendances. Le temps où des soldats de fortune français retournaient les situations les plus improbables au profit de l'ancienne métropole. Le néocolonialisme a son nouveau Houphouët Boigny. Il s'appelle Abdoulaye Wade.
Le séminaire du Fal est une erreur historique grave. Les partisans du chef de l'Etat sortant se trompent de pays et d'époque. Le Sénégal a dépassé le temps où les bacheliers se comptaient sur le bout des doigts. En cette époque où tout universitaire passait pour un savant, les discours ampoulés et la faconde avaient une valeur politique indéniable. Aujourd'hui, la séduction a changé de paramètres et les séducteurs de profils. Dans chaque famille sénégalaise, il y a, au moins, deux messieurs capables des mêmes pseudo-exploits intellectuels achetés par le Fal. Cette importation va peser sur notre balance électorale. C'est la preuve à la fois d'un mépris et d'une méprise. Le peuple du Sénégal est suffisamment instruit du débat sur la recevabilité de la candidature de Abdoulaye Wade à la Présidence de la République. Le chef de l'Etat avait lui-même fermé le ban en mars 2007. Son aveu est la reine de toutes les preuves. Dans son esprit comme dans celui des rédacteurs de notre charte fondamentale, la carrière politique de l'enfant de Kébémer devait s'achever le 26 février 2012. L'argument de la non-rétroactivité de la loi est une redite. Des avocats proches du pouvoir l'avaient brandi à l'aube de la polémique avant de le ranger dans les tiroirs. Ce qui se passe n'est plus un débat. Le Fal n'est pas intéressé par la vérité. Il cherche à vaincre sans avoir raison. C'est une attitude de type coloniale comme enseignée par Cheikh Hamidou Kane dans L'Aventure ambiguë.
Le défi pour notre peuple est historique. Le moment est venu de mettre un terme à la licence et à la désinvolture des hommes politiques. Depuis l'indépendance, cette élite s'arroge le droit d'user et d'abuser de la loi au profit d'intérêts partisans étroits. Pour eux, tout est politique politicienne. Car au-delà des gesticulations juridiques, la candidature de Abdoulaye Wade pose un problème éthique. Deux mandats suffisent à un démocrate pour servir son pays et se retirer. En France, même si pendant longtemps la limitation du mandat présidentiel n'était pas inscrite dans la Constitution, les moeurs politiques locales l'avaient adoptée et imposée. On voit donc un universitaire français venir défendre chez nous une idée impensable chez lui. Son état d'esprit est clair. Monsieur Mons et ses amis pensent comme Jacques Chirac. Pour eux, la démocratie est un luxe pour les pays africains. Nous sommes formatés pour courber l'échine et souffrir les extravagances de quelques dictateurs parfois sanguinaires. Aucun d'entre eux n'aurait misé sa crédibilité intellectuelle en défendant une candidature à la Maison blanche d'un homme de 90 ans. L'éthique a pour eux une variation géographique scandaleuse. Bob Denard est mort. C'est une faute de croire en sa résurrection sous d'autres formes.
14 Commentaires
D
En Novembre, 2011 (16:03 PM)Aidez Moi
En Novembre, 2011 (16:06 PM)Gardigné
En Novembre, 2011 (16:19 PM)Laskha
En Novembre, 2011 (16:42 PM)Moi Aussi
En Novembre, 2011 (16:53 PM)tiens bon ne te décourage pas et saches que y a quelqu un qui te comprend et qui te soutient
Rectif
En Novembre, 2011 (17:01 PM)Djiby
En Novembre, 2022 (10:43 AM)Reply_author
En Novembre, 2022 (11:17 AM)il faut dégager le gros en 2024
Al Amine
En Novembre, 2011 (17:36 PM)À quoi sert un plus jeune à la tête du pays s' il n' est point téméraire comme le vieux -Senghor avait 54 ans en 1960 début officiel de sa présidence de la République et Diouf avait à peine 45 ans en 1980! -QUESTION: qu' est ce qu' ont fait ou réalisé en 2 x 20 ans (à par gêrer pitoyablement l' héritage que nous ont fourgué les colons) ces deux premiers, honnêtement, plus ou mieux que WADE???
Pour réussir, je pense que l' âge ne peut être un handicap! Sinon, DENG ZIAOPING n' aurait pas réussi à placer la Chine sur l' orbitre où elle se trouve aujourd' hui... et ceci n' est qu' un exemple parmi d' autres, innombrables !
Moi, je dis qu' un président tant soit peut "constructeur" est, surtout ici en Afrique, une denrée extrêment RARE...
Les Halpoulars disent: "ne lâche point le poisson que tu tiens en mains pour le poisson qui scintille dans l' eau à tes pieds"! C' est pas du tout prudent...
-Un tient vaut, se dit-on, mieux que deux tu l' auras. (La Fontaine)-
TENONS WADE ENCORE UN PEU! CAR CROYEZ-MOI, CA VAUT LE COUP
VIVE WADE, VIVE LE
Fall
En Novembre, 2011 (17:52 PM)Ras
En Novembre, 2011 (17:53 PM)Co
En Novembre, 2011 (18:34 PM)Fafs
En Novembre, 2011 (19:22 PM)Déçu
En Novembre, 2011 (22:19 PM)Merci au yennamarriste de continuer leur combat pour le ''dass fananal''. Je vais assurément voter le jour J. Oui c'est sûr que je voterai inchallah. En revanche, je ne sais PLUS pour qui voter, à part que je ne voterais pas pour un candidat inconstitutionnel âgé d’au moins 90 ans. C’est une question de bon sens. Il paraît que le bon sens est la chose la mieux partagée au monde… Si c’est vrai, alors dans quelle planète vivons-nous, nous, sénégalais qui trouvions matière à débattre sur un troisième mandat inconstitutionnel d’un vieillard de 90 ans… Le Sénégal, naguère de Cheikh Anta Diop, doit avoir subrepticement déménagé sur la planète Mars ou Jupiter… !!!
Je me suis engagé sans compter et pendant des années pour le camp des progressistes. Moustapha Niass garde toujours mon respect mais je suis assurément déçu des appareils aussi bien socialistes que progressistes, donc de la famille socialiste. Je suis surtout déçu de l’opposition de mon pays incapable de s'entendre sur comment gagner ensemble, au nom de considérations non pas crypto personnelles comme on le vocifère à à souhait mais plutôt du fait de pressions de militants anachroniques dont le model clientéliste est la seule référence en politique !!!
Alors est-ce qu’il existe encore dans ce pays et pour cette élection historique un prétendant à la magistrature suprême aux mains propres en mesure de nous parler PROGRAMME pour les 5 années à venir afin de nous permettre de nous déterminer, Wade exclu, pour qui voter ?
Waxwxeet
En Novembre, 2011 (23:04 PM)Le Poste
En Décembre, 2011 (08:55 AM)Participer à la Discussion